“Je ne comprends toujours pas d’où est sorti Joy Division.” (Tony Wilson) Je ne sais pas comment j’ai eu Still vers l’âge de 12 ou 13 ans, je ne l’ai pas acheté, c’est une certitude. Qu’est-ce que c’est que ces disques ? Cet album m’a longtemps impressionné, adolescent je l’écoutais uniquement quand j’étais sûr d’être absolument seul. Presque 40 ans plus tard, Ceremony doit être la chanson que j’ai le plus écouté, que ce soit par Joy Division ou New Order.
J’ai un souvenir très vif de Changes à l’âge de 4 ou 5 ans. J’ai cette photo de Bowie depuis des années, trouvée dans un livre, elle sert de pochette au 45t Golden Years.
Je ne suis pas Beatles, plutôt Stones, surtout Kinks. Je connaissais le groupe, leurs chansons, mais je les avais un peu oublié, c’est ma fille qui les a remis sur mon chemin.
Quand j’ai découvert les Smiths, c’était presque terminé, et je dois bien avouer que leur séparation m’est passée un peu au-dessus de la tête, je n’avais que 14 ans au moment des faits. Hatful of hollow c’est la Bible.
J’ai gardé cette vieille compilation d’Otis Redding alors que j’ai à peu près tout de lui. C’est le seul qui me fait regretter de ne pas être né bien avant pour le voir sur scène.
Quelques mois après sa sortie Bone Machine m’a vrillé les oreilles dès la première écoute, aux premières secondes, ce premier coup de caisse claire est un séisme. J’aime tout ou presque ce que fait Frank Black avec les Catholics, les Pixies ou en solo. Dans un registre un peu différent du gueulard à guitares, écouter son Honeycomb est un véritable remède personnel.
J’écoute de plus en plus de musique classique, je me laisse guider par l’instinct, la chance, selon ce que je trouve dans les bacs d’occasions. Je suis incapable d’en parler. Je sais juste que quelques uns me font un bien fou à l’âme. Ces concertos de Mozart par Radu Lupu et la voix d’Alfred Deller sur les Leçons de ténèbres de Couperin en sont les meilleurs exemples. Ces musiques qui traversent le temps en continuant à émouvoir ont quelque chose de rassurant.
Je sortais du service militaire, à côté de Brest. Je ne voulais plus entendre parler de cette ville, et parmi les premières chansons que j’entends il y a Non Non Non sur Boire. Depuis j’achète les albums de Miossec, aveuglément, affectueusement. Ses chansons m’accompagnent, certaines illustrent ce que j’étais, ce que je suis.
Les Inmates n’ont rien de romantique, c’est pourtant durant le concert gravé sur ce disque qu’avec ma douce nous nous sommes embrassés la première fois.
Ce portrait de la petite sainte appartenait à ma grand-mère maternelle. Il était accroché dans le lavoir où elle travaillait. Je l’ai récupéré à sa mort, je ne l’aurais laissé à personne d’autre.
Mes béquilles : la sangle qui porte mon bras pour qu’il ne balance pas, la plaquette de cachets pour atténuer les douleurs permanentes. Et un sac, indispensable dans mon cas, celui m’a été offert par ma fille au retour d’un de ses voyages.
Je suis très amateur de nouvelles, de gens comme Marc Villard ou Léo Henry, d’auteurs de polars ou de SF, mais Raymond Carver est vraiment au-dessus. Je me sens parfois tellement proche de certains livres, certains albums, de certaines œuvres, qu’ils deviennent des personnes à mes côtés. Ce petit Bartleby, si discret, est bien plus qu’une nouvelle ou un personnage, cette sensation d’être toujours à côté, illégitime, m’est coutumière.
Je me suis souvent demandé comment je réagirai si à l’instar de Françoise Frenkel je me retrouvais ballotté par les tourments de l’Histoire. Elle a tout le monde contre elle, les allemands parce que francophile, les français parce qu’allemande. Elle sait ce qu’est se démener pour avoir une petite place.
La vie mode d’emploi, toute une œuvre et tant de vie(s) possible(s) dans ce seul livre de Georges Perec ; j’aurai tout aussi bien pu choisir Albert Cohen et sa Belle du seigneur ou 4,3,2,1 de Paul Auster, je retourne régulièrement vers ces trois romans, pour quelques pages ou quelques chapitres. C’est comme retrouver de vieux amis.
Les livres sur la musique sont l’occasion de creuser autour d’un sujet, d’un genre ou d’un groupe, d’un album ou d’une chanson, de resserrer l’écoute et d’approfondir. J’aime le recul procuré par l’écrit. Je ne suis plus autant avide de nouveautés musicales, je suis toujours un peu l’actualité grâce à une poignée de sites internet et surtout grâce à des amis virtuels qui sont de véritables vigies.
Il en manque, Tony Joe White, Marianne Faithfull, Sammi Smith, Lambchop, Chris Eckman, Wedding Present, Another life de Nadine Khouri et Veedon Fleece de Van Morrison. Jean-Patrick Manchette pour toute son oeuvre, les récits de Mario Rigoni Stern, Franquin et ses Idées Noires, le Cycle de Hain d’Ursula K. Le Guin. Et d’autres tas de disques et piles de livres encore. J’y ajouterai volontiers un bermuda, une paire de tongs, une chemise hawaïenne et une casquette, ma tenue préférée, mais la photo n’est pas assez grande.
Et puis il manque ce qui ne tient pas sur une photo, la mer que j’ai la chance infinie de contempler chaque jour, la vie virtuelle, Dalva ma chienne.
“Je me charge, j’étage, j’entasse méthodiquement, je jette un peu quand le classement vertical de mon tout, de mon rien vient à piquer du nez. Les objets sont ma mémoire, mes mains ou d’autres mains s’en saisissent et me les offrent, je les découvre, j’en use, je picore, j’y reviens, je les recommande, je les prête, oublie que je les ai prêtés. Alors, je les donne. Malestroit de Marcel Cohen, Armen de Jean-Pierre Abraham, Deux ans de vacances, Max Jacob, ce sont les terres bretonnes de l’enfance, la fascination pour la mer, pour les voyages que d’autres font à ma place, loin ou dans leur tête, et cette maison basse de l’ami de mon père dont la porte et la table se touchaient à chaque fois qu’on entrait ou sortait par le ressac des livres qui jonchaient le sol. Les mots m’accrochent parce qu’ils sont d’abord des musiques enfermées qui ne demandent qu’à éclater depuis la bouche du lecteur jusqu’à son oreille toujours occupée, sans repos, mais à qui nous pouvons tout demander. Il faut arrêter de lire avec les yeux sans la voix. Tout doit être dit. Dans Armen, Abraham alors gardien de phare écrit : “il faut courir. Sans cesse monter et redescendre les échelles. Descendre. Pousser les feux. Mais l’aube surgit.”
C’est armé de ces âmes que je me suis dit qu’il fallait que je mette de la clarté dans tout cela pour moi et pour ceux qui m’entourent, pour le fil sur lequel j’entraîne d’autres personnes qui n’ont souvent rien demandé. Alors, je me suis décalé.
La musique m’accompagne depuis lors et il n’y a pas un jour où je ne chante pas. J’ai découvert Les Smiths au fond d’une église et je ne les ai plus quittés : pour la guitare, les mélodies, les paroles et les pochettes. Logiquement, je me suis procuré l’album vinyle puis plus tard le CD de Bradford sur les conseils toujours avisés et noctambules d’un Bernard Lenoir immanquable. Attention, il s’agit du pressage français de Midnight Music, un enregistrement tout particulier avec la voix captivante de Ian Hodgson. Je me rappelle du sticker rouge sur la pochette “Les Smiths et les Housemartins sont morts, vive Bradford !”. Ce presque “viva” qu’on avait retrouvé à l’époque sur le bleuté Viva Hate et le fameux Viva Dead Ponies des Fatima Mansions. Au début des années 90, tout se heurtait dans mon cerveau, je déchiffrais le Melody Maker, le Sound, je dévorais les Inrocks bimestriel et me délectais à chaque fois de cette formidable phrase d’attaque du magazine d’alors : “Trop de couleurs distrait le spectateur” signée Tati. Une époque merveilleuse de distance, de noir et blanc et de silence. Le CD du groupe angevin A Singer Must Die et celui de Tantely et Liva me ramènent à des soleils qui me sont tombés dessus alors que je n’étais que loin derrière ma lunette de guetteur. Ils m’ont proposé chacun à leur manière de contribuer à ces deux pépites avec quelques mots écrits et ma voix parlée pendant le concert de l’un, la pochette et le livret pour l’autre. Les bords de Loire sont propices aux trésors cachés avec en passerelle de ces deux productions, l’un des recueils du regretté et ami commun Jean-Louis Bergère : Jusqu’où serions-nous allés si la terre n’avait pas été ronde. La bonne question…
À tout cela se catapultent et s’entrechoquent les œuvres de mes amis d’enfance, les frères de mes amis : Marc Lizano et ses bandes dessinées qui m’emmènent toujours aussi loin, les textes d’Eric Tessier, l’œuvre tout entière d’Olivier Mellano qui me relie aussi aux batteurs Régis Boulard et Gaël Desbois.
J’y ai déposé des objets intimes comme ce carnet toujours à portée de mains et ce coquillage d’une âme sœur et un de mes petits livres La saison des puits. Ils constituent ma chambre d’échos.
L’œuvre complète de John Fante me fascine comme elle touche des milliers d’autres personnes. Rien d’étonnant donc, sauf à dire que nous avons tous des raisons différentes de nous immerger dans ce bouillon.
Un dimanche matin, certains connaissent l’histoire, j’ai longé le Canal Saint Martin. Et j’ai commencé là mes photos et à me dire que mes mots pouvaient prendre un peu le large, j’avais désormais l’eau comme fil conducteur. Je ne pars jamais sans appareil photographique et ceux qui m’accompagnent savent qu’ils vont devoir faire des haltes incongrues et gagner en patience. Le chasseur de reflets Etienne Orsini commet des livres aux nombreux visages, de cette eau et de cette lumière dont d’autres comme Anne Carter font œuvre encrée en quelques courbes et traits pour croquer ceux qui passent sans le savoir ou ne veulent pas le savoir.”
Quidam doux ou en colère, il faut garder l’œil offert… Ce n’est pas un conseil, c’est un secret qu’il nous faudra toujours partager.
Le X : première lettre de mon prénom, je l’utilise également pour mon sobriquet lorsque j’officie derrière les platines vinyles (forcément) pour ambiancer les soirées. Etant un piètre danseur, je préfère faire danser les gens à l’instar du cuisinier qui prend du plaisir à concocter des plats pour les autres. Et si le cuisinier à son tablier, en tant que dj je prends soin de bien choisir mon tee-shirt (ici celui des Petsh’ sic) ou ma chemise, à fleurs de préférence. Je prends autant plaisir à être derrière les platines que derrière les fourneaux, et la gastronomie italienne (affiche des bons produits italiens) me fait le même effet que l’intro d’un morceau qui vient vous retourner le dance-floor : une délectation ! Cette lettre est également celle du groupe de super-héros le plus célèbre de l’univers Marvel, les X-Men dont Serval est mon personnage préféré. Et je dis bien Serval et non Wolverine, car gamin c’est bien sous cette appellation qu’il apparaissait dans les comics que j’achetais le dimanche à la sortie de la messe (éducation catholique de campagne oblige). Si on poursuit dans le 9ème art, on retrouve une dédicace réalisée par Julien Loïs, graphiste attitré du label Chinese Man Records.
Un ballon de basket, tout simplement pour représenter le sport que je pratique.
Le poste de radio : sans aucun doute c’est par ce média que tout a commencé. Il m’a permis de me forger une culture. Encore maintenant, j’aime à découvrir les radios locales pendant les vacances. Tout à commencer avec RTL et ces animateurs (Francis Zégut, Max Meynier,…) puis France Inter et Bernard Lenoir. Qui dit Lenoir, dit Les Inrockuptibles et sa période bénie de mensuel dans lesquels beaucoup ce sont forgés leurs références cinématographiques, musicales et littéraires citées autant par les artistes interviewés que par ces journalistes.
Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais certains artistes représentés ici (plus ou moins cachés) sont vraiment les fondements de mes goûts musicaux et pour certains d’entre eux correspondent aussi à une histoire d’amitié qui ne s’est jamais arrêtée. Pêle-mêle on retrouve outre les Pet Shop Boys, New Order, Dominique A (dont le disque est posé sur la platine de droite), PJ Harvey, The Smiths, la BO de Twin Peaks (et donc David Lynch) ou dj Shadow.
En parlant d’amitié, il y a celle plus récente avec la bande du Mange Disque (allez jeter un oeil dans la rubrique “rencontres” de ce site) dont l’un d’entre eux, professeur en art graphique, réalise avec ces élèves des gigs posters (ici celui de Jean-Louis Murat). Les relations humaines n’est-ce pas là l’essentiel d’une vie ?
Pour finir on aperçoit Rachid Taha qui nous observe, et qui manque au paysage musical. Et comme le dit mon ultime essentiel, ma chérie qui partage mon quotidien et responsable de la mise en scène de la photo : “Rachid Taha ça s’écoute fort ou ça ne s’écoute pas !”
Mon père m’a offert cette guitare acoustique d’étude lorsque j’avais 16 ans. L’un de ses anciens élèves, guitariste classique au conservatoire, s’était chargé de m’enseigner quelques rudiments avant de me demander quelles chansons j’aimerais apprendre à jouer. Je lui avais alors enregistré certaines de mes favorites sur une cassette, parmi lesquelles ‘Each And Everyone’ d’EVERYTHING BUT THE GIRL et le ‘Headmaster Ritual’ des SMITHS.
Prudent, mon professeur m’avait gentiment suggéré, au vu de ma technique balbutiante, d’opter plutôt pour ‘In Between Days’, le single de THE CURE sorti peu de temps auparavant et qui, il me fallait bien le reconnaître, était plus dans mes cordes – de nylon. La plupart des chansons que j’ai écrite l’ont été sur cette glorieuse antiquité.
Profitons de l’occasion pour rendre hommage à ce formidable ouvrage qu’est Le Dictionnaire Du Rock, ce travail de titan supervisé par Michka Assayas. Forcément incomplet puisque déjà obsolète au moment précis où il partait à l’imprimerie, c’est une œuvre imparfaite et c’est également ce qui en fait sa grande beauté – au-delà de son indéniable intérêt encyclopédique.
J’aime Le Dictionnaire Du Rock parce qu’il fallait être complètement dément pour tenter une aventure pareille. Conçu et rédigé au milieu des années 1990 à une époque où l’Internet était encore balbutiant – ce qui ajoute encore au caractère pharaonique de l’entreprise car vérifier chaque minuscule détail bibliographique ou discographique était une autre paire de manche qu’aujourd’hui – c’est un ouvrage qui peut parfaitement se lire comme un roman : Michka me racontait avoir un jour observé quelqu’un dans un train qui, après en avoir terminé une partie de la lecture, avait soigneusement marqué la page en cours comme il l’aurait fait avec n’importe quel livre lambda. Pour ma part, il m’arrive fréquemment d’ouvrir Le Dictionnaire Du Rock et d’en lire quelques pages au hasard ou de vérifier, lorsque j’écoute un disque, s’il existe une entrée à propos du groupe ou de l’artiste en question. Signalons que Michka s’était entouré de nombreux collaborateurs, dont le très érudit Bruno Blum et l’immense Philippe Auclair à qui l’on doit entre autres les pages splendides consacrées à PREFAB SPROUT, THE JAM ou XTC – je ne me lasse jamais de les relire.
Avouons-le : ce bonnet est une sorte de doudou. Acquis lors de mon premier séjour à Madrid au mitan des années 1990, il a évidemment une grande valeur sentimentale et m’accompagne fidèlement depuis par grand temps – averses diluviennes, pluies acides, tempêtes de neige ou giboulées diverses – et lorsque je vais courir le Dimanche matin au saut du lit – 10 heures. Être élégant en toutes circonstances : c’est important.
Saluons également la merveilleuse invention qu’est ce casque sans fil grâce auquel je peux préparer dans ma cuisine une sauce au curry – le secret : un gros trait de coulis de tomate – galvanisé par les fulgurances de JOHN COLTRANE, siroter un verre de Chablis sur mon balcon en compagnie de SUPERBRAVO, m’immerger dans l’ambiance des tribunes du Santiago-Bernabeu sans quitter mon salon ou étendre mon linge en écoutant ma collection de singles de KIM WILDE – 1979-1983 exclusivement. Wireless : l’une des clés du bonheur.
Conçu à l’origine pour l’Hôtel Royal du Danemark, le fauteuil EGG, dessiné par Arne Jacobsen en 1958 – et régulièrement surnommé ‘Le Fauteuil Du Patron’ dans la sphère familiale – est une sorte de cocon dans lequel j’ai effectué nombre de kilomètres sans bouger un orteil et écouté des milliers de disques. Doux et enveloppant – mais également pivotant et basculant – cette beauté toute en courbes est le véhicule idéal lorsqu’il s’agit de voyager loin le casque sur les oreilles.
Avoir des yeux de chat et être capable de retrouver n’importe quel disque des BEATLES dans une totale obscurité – un don que la plupart des gens jugerait parfaitement inutile mais qui me rend néanmoins de fiers services – me condamne logiquement à cligner de l’œil au moindre rayon de soleil. Mes paires de Ray-Bans sont mes amies.
Voilà pour la plupart de mes essentiels – même si j’aurais pu ajouter ma chaine hi-fi et un limonadier pour faire bonne figure. Le reste est accessoire – sauf l’amour bien évidemment car comme le chantaient magnifiquement THE PASSIONS, l’un de mes groupes fétiches : love is essential.
M comme Malice. Il y en a (un peu) dans le fait de se lancer dans l’écriture d’un texte consacré au nouvel album de Michael Head en voulant à tout prix éviter la forme classique de la chronique. Mais c’est Pascal Blua qui a demandé, et à Pascal Blua, on ne dit pas non. On dit oui… Mais on ruse un peu.
I comme ibérique. Oui je sais, Michael Head vient de Liverpool (pardon, rectification : Michael Head est Liverpool). N’empêche. Il en a toujours pincé pour l’Espagne et l’espagnol. Titres de chansons souvent, titre d’album ici. Pincement du cœur, pincements des cordes. Et peu importe la guitare pourvu qu’on ait l’ivresse… La première chose que j’aime d’amour chez ce drôle de bonhomme (trombine de gavroche cinquantenaire amusé d’être encore tellement en vie sur la radieuse pochette du sus-mentionné Blua), c’est ça, c’est ce côté bohémien, terriblement romanesque : mettez-lui un bout de bois flamenco acheté 40 livres dans une brocante pluvieuse de Sheffield, avec le manche tordu et des auto-collants Sisters of Mercy pour cacher les trous, et l’ex-Pale Fountains se débrouillera toujours pour vous chanter quand même un truc beau comme le soleil, un truc à vous tirer des larmes. Je ne sais pas d’où ça vient, cette “hispanité” des bohémiens de la Mersey. Lee Mavers a la même, John Power a la même, les gringos de The Coral ont la même. Origine mystérieuse mais effet garanti : Michael Head l’ibérique joue des chansons comme Maradona du ballon. Jeu naturel, pas plus réfléchi que ça. Facilité déconcertante, particulièrement dans cette façon de chanter, l’air de rien, la tête dans les nuages. I comme Icare, i comme easy.
C comme (faire plus) court, parce que si j’écris 20 lignes par lettre de son nom, vous n’irez jamais au bout de cette page.
H comme héroïque. C’est quoi, un héros, en musique ? Rayez les mentions inutiles. Un gros vendeur de disques ? (personnellement, je raye). L’auteur forcément maudit d’un ou deux tubes et puis s’en va ? (je raye). Un(e) précoce qui fait tout impeccablement jusqu’à ses 26 ans mais finalement décide de mourir d’une overdose à 27 ans ? (je raye). Ou bien… ou bien (vous me voyez venir) un coureur de fond, un passager clandestin dans l’histoire officielle du rock, rarement sur le pont en plein soleil, mais pas pour autant à fond de cale – quelque part entre les deux, dans son monde à lui, sa « classe à part » ? Paddy McAloon. Edwyn Collins. Peter Milton Walsh. Cette trempe d’hommes. Des vivants, qui n’ont pas oublié qu’il y a avait une vie (parfois cruelle, parfois usante) à côté de la musique… Donc oui, Michael Head est un héros. Qui a toujours fait les choses comme il pouvait. A son rythme. Avec ses moyens du moment, sa modestie parfois, ses gueules de bois. Mais aussi avec sa capacité à se relever, à refaire la paix avec la musique, avec l’idée d’être entendu, écouté, apprécié. Un honnête homme. Imparfait, mais entier. Et qui se permet ajourd’hui de mettre à peu près toutes les meilleures chansons de sa livraison 2017 à la fin de l’album en question. Et pourquoi pas après tout ? C’est qui le patron ?
A comme acoustique. Encore et toujours la base de tout. Un homme, sa guitare acoustique, le canapé, la télévision en fond sonore, le chat qui passe, accross the kitchen table. Un jour, chanson. Un jour, pas chanson. Pas grave, ça ira mieux demain… Savoir y revenir. En rêver la nuit. Oublier. Se rappeler. Oublier à nouveau. Commencer à trier. 5 chansons, 6 chansons… Et puis un jour, peut-être, ça fait un disque. Est-ce qu’on demandait à Maradona d’aller s’entrainer ? Non, il allait jouer au foot. Est-ce qu’on demande à Michael Head d’enregistrer un album ? Non, il joue de la guitare devant sa télé. Jusqu’au jour où.
E comme éternel. Pas certain qu’il le sache lui-même, mais la presse anglaise, généreuse ces jours-ci, semble enfin décider à lui dire (fucking pas trop tôt, les gars !!!) : oui, Michael Head a conçu, depuis le début des années 1980, une œuvre discographique qui a un incontestable parfum d’éternel. Depuis les Palies, depuis Shack, Head est dans cette cour-là, au milieu des très grands. Par la finesse extrême de ses entrelacs mélodiques, par le naturel désarmant de sa voix (cadeau divin), par son hispanité mêlée de crachin anglais, la souplesse toute latine des rythmiques qui lui viennent dès qu’il prend sa guitare. Head habite parmi les éternels. Le Jimmy Webb de Wichita Lineman (immortalisée par Glen Campbell). Le Scott Walker de The Seventh Seal. Le George Harrison de Something. Le Mac Davis de In The Ghetto (sublimée par Presley). Exagération ? Emportement coupable du fan qui ne se contrôle plus ? Je ne crois pas… Faut-il redire ici qu’il est crucial (en 2017 probablement plus que jamais) de distinguer les chansons (leur structuration, leur mode opératoire, leur charme intrinsèque) des interprétations plus ou moins éloquentes, flatteuses, tapageuses ou au contraire modestes qu’en feront plus tard leurs interprètes ? Ne jamais confondre le bois de la table et le vernis qu’on met dessus. Un exemple au hasard : Reflektor, d’Arcade Fire. Est-ce une grande chanson ? Je ne crois pas. Au mieux c’est un gimmick, un bout d’idée. Est-ce un bon titre une fois accouché, produit, gonflé aux hormones pro-tools et claps-claps electro ? Oui. Un exemple en sens inverse ? Velocity girl de Primal Scream. Un joyau brut, mais saboté en 85 maigres secondes d’un non-mix potache sous intra-veineuse Byrdsienne. Dommage (un peu) pour nos oreilles… mais ça n’en reste pas moins une géniale chanson… Vous pensez que je m’égare ? Quel rapport avec Michael Head ? Eh bien cet homme-là a su allier les deux (la puissance de la chanson, la pertinence de l’interprétation) pendant l’essentiel de sa carrière – et notamment quand il travaillait avec son frère John, qu’on regrette d’ailleurs de ne plus entendre apporter ses contre-champs lumineux à la 12-cordes électrique. Les Pale Fountains avaient cette qualité rare : ils écrivaient mieux que personne au monde des chansons des Pale Fountains, et en plus, ils les enregistraient avec une éloquence, une vista, une autorité naturelle que personne d’autre n’aurait pu approcher. Comme les Smiths. Comme les Woodentops. Comme Echo and the Bunnymen. Or, me semble-t-il, Michael Head a plutôt su garder cette double compétence peu fréquente : être à la fois le géniteur et l’accoucheur. Le bois de la table et le vernis.
Ici, ce miracle d’équilibre s’entend en particulier sur des titres comme Picasso et 4&4 still makes 8, qui ont comme point commun d’avancer tout droit, par la grâce d’une grosse caisse de batterie simplissime, un truc à faire marcher les enfants face au vent un jour de kermesse. C’est très basique, mais ça marche merveilleusement bien, car alors Michael Head peut laisser couler sa voix au naturel, et nous prendre in the palm of his hand avec les modulations de voix et subtiles développements de mélodies dont il a le secret. Aux premières écoutes, cela semble fonctionner un peu moins sur des titres comme Overjoyed ou Queen of all Saints, construites sur des rythmiques ternaires. Ça peut être un piège, une valse. Ça peut enfermer la voix dans des espaces réduits, faute de place disponible, faute d’oxygène. Au premier couplet de Josephine, on a peur pour la suite : que va bien pouvoir faire Michael Head de ce balancement pas original pour deux pence, de cette mélodie de chant plate comme une piste d’aéroport ? Et puis arrive le refrain, et là, c’est baroque around the clock, poussez les tables et faites entrer les joueurs de fifres. Preuve que ça peut être formidable, aussi, une valse ; et que Michael Head maitrise aussi bien l’écriture que la mise en scène. Comme on dit à Liverpool : BOSS.
L comme légèreté. Au sens de retenue, de délicatesse. De frisson dans la voix. Winter turns to spring est tout cela, et c’est une percée de bleu clair bienvenue dans un ciel ailleurs un peu trop chargé à mon goût. Head et un piano, that’s all. Head qui chante (un peu) comme Edwyn Collins, la voix au bord des larmes, au bord de cette soul mélancolique et noctambule qu’on joue dans les juke-box de Memphis quand les derniers clients sont partis se coucher. Et l’auditeur innocent que nous sommes se retrouve pris au piège, obligé de détourner pudiquement le regard quand l’autre personne dans la pièce dit : « ça va ? t’as l’air ému…?» (tu m’étonnes).
Fantasme pour aujourd’hui et demain : entendre Michael Head (et Peter Walsh, et Neil Hannon, et quelques autres encore) s’offrir le merveilleux plongeon dans l’ascèse et la nudité instrumentale que s’est offert Paddy McAloon lorsqu’il a rejoué l’essentiel de Steve McQueen à la guitare acoustique il y a quelques années (chef d’œuvre diabolique). Appelons-ça le « traitement-Johnny-Cash-American-Recordings ». Passé 50 ans, ça devrait être obligatoire et remboursé par la Sécurité Sociale. « Tiens, Michael, voilà ton billet d’avion : tu pars quinze jours chez Rick Rubin, tu t’inquiètes pas, il t’expliquera…»
H comme HMS Fable. Ou Here’s tom with the weather… A toi, jeune internaute qui passe ici un peu par hasard (ou erreur), les vieux gars comme Pascal Blua et moi te disent que tu dois aussi t’intéresser à la discographie antérieure de Michael Head. Non mais.
E comme évidemment. Evidemment Workin’ family. Evidemment Rumer. Evidemment Wild Mountain Thyme. Evidemment les Byrds, évidemment Love, évidemment Shack période Zilch (tellement sous-estimé, ce disque). Ces titres-là sont la chair, l’âme, le sang et les larmes d’Adios Senor Pussycat. Michael Head dans un miroir face à lui-même, les yeux grands ouverts. « Oui, j’ai vécu tout ça… Oui, je suis toujours là…» Michael Head ? An absolute NON beginner, qui a pourtant gardé tout le charme innocent de sa brillante jeunesse. Ça se fête, non ?Alors sur le sublime Rumer, il a invité des copines pour faire des choeurs très coeur (avec les doigts), façon Leonard-Cohen-part-faire-du-surf-à-Malibu. Et du coup elles sont restées chanter sur la très californienne et non moins réjouissante Wild Mountain Thyme. Merveilleuse fin d’album.
A comme Adios Amigo. Quoi, c’est déjà fini ? Alors vivement le prochain album. (Nota bene : m’est avis que Michael va les enchaîner dans les années qui viennent, et qu’ils vont se vendre de mieux en mieux, juste retour des choses). En attendant, soyons clairs : celui-là est somptueux. Je déteste les notes, mais puisque vous insistez : 9,37 sur 10.
D comme Disquaire, Demain, Direct, D’accord ?
Emmanuel Tellier 20 octobre 2017
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MICHAEL HEAD BY EMMANUEL TELLIER (1)
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M is for mischief. There’s (a bit) of that in the mere fact that I’m sitting down to write something about the new Michael Head album but a conventional review is the very last thing I feel like doing. Still, Pascal Blua asked me to do it and you don’t say “no” to Pascal Blua – you say “yes”, you just need to be a bit crafty about it.
I is for Iberian. Yes I know, Michael Head comes from Liverpool (sorry, my mistake – Michael Head is Liverpool). Even so, he’s always had a thing about Spain and Spanish – often it’s in the titles of songs, but this time it’s the album itself. When you’re plucking the (heart) strings, it doesn’t really matter what guitar you use as long as you can feel that exhilaration… That’s the first thing I love about this rather odd bloke (looking like a fifty-something street urchin, looking amused at still being alive on the radiant sleeve designed by the aforementioned Mr Blua), his bohemian and incredibly romantic side – just give him a cheap flamenco guitar picked up from a rainy Sheffield flea market for 40 quid, with a twisted neck and Sisters of Mercy stickers hiding the holes, and the former Pale Fountain will still manage to sing you something as gorgeous as the sun that’ll reduce you to tears. I don’t know where this Hispanic thing all the Mersey bohemians seem to have comes from – Lee Mavers has got the same thing, so has John Power, so have the gringos from The Coral, but wherever they get it from, it never fails – Michael Head the Iberian plays songs the way Maradona played with the ball – naturally, without even thinking about it. There’s a disconcerting ease, especially in the way he sings, as though it didn’t matter, with his head in clouds. I is for Icarus and it’s as easy as A-B-C.
C is for cutting it short, because if I write 20 lines for each letter of his name you’ll never get to the end of the page and Pascal Blua won’t like that.
H is for heroic. Just what is a musical hero? Delete all that do not apply. Is it someone who sells loads of records? (I’d delete that one myself). Is it a tortured soul who writes a couple of hits and then does one? (I’d delete that as well). Is it a precocious type who doesn’t put a foot wrong up to the age of 26 but ends up deciding to die of an overdose at 27? (That’s another one I’d cross out). Or else… Or else (you’re way ahead of me) is it a long-distance runner, a stowaway in the official history of rock, rarely found sunbathing up on deck but not actually hidden away at the bottom of the ship’s hold – someone who’s somewhere between the two, in his own world, in a “class of his own”? Paddy McAloon. Edwyn Collins. Peter Milton Walsh. People like that. These are survivors, who haven’t forgotten that there’s a life (though it may sometimes be cruel and sometimes exhausting) outside music… So, at the end of the day yes, Michael Head is a hero. He’s someone who’s always done the best he could – but at his own pace, and with whatever he happened to have at the time, sometimes drawing on his modesty or his hangovers, but sometimes using his ability to pick himself up again, to make peace again both with music and with the idea of being heard, listened to and appreciated. An honest man – imperfect but with his integrity intact. He’s now allowed himself to put nearly all the best songs on his 2017 album right at the end – and, after all, why shouldn’t he – who’s the boss here?
A is for acoustic. This is still the basis of everything, just as it always has been. A man, his acoustic guitar, the sofa, the television in the background, a passing cat, Across The Kitchen Table. One day a song might come along, the next day it might not. Still, never mind, things’ll be better tomorrow… You need to know how to come back to it. You need to dream about it at night. Forget. Remember. Forget again. Start picking out the good ones. Five songs, then six… Then one day maybe you’ve got enough for a record. You don’t think they used to ask Maradona to go and train, do you? Of course not. He went off and played football. So nobody’s going to ask Michael Head to record an album, are they? Of course not. He’ll sit and play the guitar while he’s watching the telly. Until, one fine day…
E is for eternal, as in timeless. I’m not sure he knows it himself, but the British press are feeling generous nowadays, and they seem finally (and not a fucking minute too soon, lads!!!) to have decided to inform Mr Head that, since the early 1980s, he’s been assembling a back catalogue with an unmistakeable whiff of the timeless about it. Since the Paleys, since Shack, Head has been right up there with the very best. It’s in the incredibly delicate way he weaves his melodies, his disarmingly unaffected voice (a gift from the gods), his combination of Spanish sun and English drizzle, the very Latin suppleness of the rhythms that come along the minute he picks up his guitar. Head is up there with the timeless artists. The Jimmy Webb of Wichita Lineman (immortalised by Glen Campbell). The Scott Walker of The Seventh Seal. The George Harrison of Something. The Mac Davis of In The Ghetto (performed sublimely by Presley). Do you think I’m exaggerating? Am I just a fan getting guiltily carried away? I don’t think so… Do I need to repeat here that – in 2017 probably more than ever – it’s crucial to make a distinction between the songs (the way they’re structured, the way they work, their intrinsic charm) and how performers may approach them later on, which can vary in terms of how articulate, flattering, ostentatious or, on the contrary, modest they are? Never confuse the wood from which a table is made with the varnish on top of it. Here’s a random example: is Arcade Fire’s Reflektor a great song? I don’t think so. At best it’s a gimmick, a fragment of an idea. Is it a good track once it’s been laid down, produced, beefed up with Pro Tools steroids and electro handclaps? Sure. OK, then what about an example of the same thing the other way around? Take Primal Scream’s Velocity Girl, that’s an unpolished gem, but messed up by an 85-second schoolboy non-mix on a Byrdsian IV drip. It’s (rather) a shame when you listen to it… but it’s still a fantastic song… OK, OK, so you think I’m rambling, do you? What’s all this got to do with Michael Head? Well, this bloke has managed to combine the two (the power of the song and the right performance) throughout most of his career – and especially when he was working with his brother John, it’s a shame we no longer hear his chiming electric 12-string counterpoints. The Pale Fountains had that rare quality – they wrote songs Pale Fountains better than anyone else in the world, and they also recorded them with an eloquence, an outlook and a natural authority that nobody else could’ve got near. Like The Smiths. Like The Woodentops. Like Echo and the Bunnymen. Even so, it seems to me that Michael Head has more or less managed to retain the unusual twofold skill of being both the parent and the midwife. The wood from which the table is made and the varnish.
Here, you can hear this miracle of balance particularly on tracks like Picasso and 4&4 Still Makes 8 – what they have in common is that they move straight ahead, driven by an incredibly simple great big bass drum, the kind of thing you need to get reluctant children marching into the wind on a church outing. It’s very basic, but it works wonderfully because it means Michael Head can let his voice flow naturally, picking us up in the palm of his hand with those vocal modulations and subtle melodic developments that only he knows how to pull off. On the first few listens, it doesn’t seem to work quite as well on tracks built upon compound rhythms such as Overjoyed and Queen Of All Saints. A waltz can be a trap – it can hem the voice into small spaces, where there’s not enough room or oxygen. When you hear the first couplet of Josephine, you’re afraid of what’s coming next – what can Michael Head possibly do with this hackneyed tuppenny ha’penny swaying rhythm and a vocal melody that’s as flat as an airport runway? Then comes the chorus, and it’s baroque around the clock, push back the tables and bring in the fife players, proving that a waltz can be amazing too; and that Michael Head is as good at writing as he is at directing. “Boss”, as they say in Liverpool.
L is for lightness of touch. In the sense of restraint and delicacy. A shiver in the voice. Winter Turns To Spring is all of this, and it’s some welcome light blue breaking through a sky which is rather too overcast for my taste. It’s just Head and a piano. Head sings (a bit) like Edwyn Collins, his voice welling up, bordering on the kind of melancholic, late-night soul that’s played on jukeboxes in Memphis when the last customers have headed off to bed, and the innocent listener is caught in the trap, forced to look discreetly away while the other person in the room says “are you OK? You look a bit upset…” (who’d’ve thought it).
A ghost for today and tomorrow – hearing Michael Head (and Peter Walsh, and Neil Hannon, and a few others) indulging themselves with a wonderful dive into asceticism and instrumental nudity, of the kind Paddy McAloon allowed himself when he reinterpreted most of Steve McQueen on acoustic guitar a few years back (an uncanny masterpiece). Let’s call it the “Johnny-Cash-American-Recordings treatment”. Once you get past 50 it ought to be compulsory and you ought to be able to claim the cost back from the Social Security. “Hey, Michael, here’s your ‘plane ticket – you’re off to spend a fortnight at Rick Rubin’s place, don’t worry, he’ll tell you what it’s all about when you get there…”
H is for HMS Fable. Or Here’s Tom With The Weather… It’s up to young Web users like you who’ve come across this page more or less by chance (or by mistake) but take it from old blokes like Pascal Blua and myself, you really should check out Michael Head’s back catalogue. No really, go on…
E is for evidently or, to put it another way, obviously. Workin’ Family obviously. Rumer, obviously. Wild Mountain Thyme, obviously. The Byrds obviously, Love obviously, Zilch-period Shack obviously (such an underestimated record). These tracks are the flesh, the soul, the blood and the tears of Adios Senor Pussycat. Michael Head looking at himself in a mirror, his eyes open wide. “Yes, all that happened to me… Yes, I’m still here…” Michael Head? He really ISN’T an absolute beginner, even though he’s managed to hang onto all the innocent charm of his brilliant salad days – that, surely, is something to be celebrated, isn’t it? Then, on the sublime Rumer, he’s got some lady friends in to do some gorgeous (and very catchy) Leonard-Cohen-goes-surfing-in-Malibu-style backing vocals and, as they were there, they hung around to sing on the very Californian and no less delightful Wild Mountain Thyme, which is a wonderful way to finish an album.
A is for Adios Amigo. Eh? That’s it? Already? Well, roll on the next album. (N.B. I reckon Michael’s going to be releasing one record after another over the next few years, and they’ll get better and better, which’ll be only right and proper). In the meantime, let’s get this straight, this one is fabulous. I hate scores but, if you insist, 9.377 out of 10.
D is for do it – get yourself straight down to your local record shop tomorrow, OK?
A force de répéter que je ne suis pas matérialiste, je me rends compte – en répondant à ce petit exercice – qu’il y a finalement des objets auxquels je tiens et qui forment mon quotidien.
Ce fut relativement aisé de les rassembler et, contrairement à mes craintes, je n’ai pas eu besoin de retourner la maison, ils sont bien là, à portée de main tous les jours.
Et même si je ne les touche pas régulièrement – pour certains – ils me sont tous indispensables.
Ma Guitare préférée
C’est un modèle plutôt rare de Fender Telecaster. Je l’ai découverte un jour de l’an 2000 dans un magasin de Pigalle à Paris. A l’époque, elle était neuve et je n’avais pas les moyens de l’acheter. 2 ans plus tard, ayant économisé et cette fois-ci décidé à m’acheter une bonne guitare, je suis retourné dans le même quartier (mais dans un autre magasin) et je suis tombé nez à nez avec elle… Exactement la même ! C’était une chance incroyable (le destin ?) et depuis c’est la guitare qui me suit partout, à la maison, en studio, sur scène. Certains la surnomment “doudoune” et je l’aime d’amour.
Un casque
Vivre en ville et faire de la musique bruyante, c’est rarement compatible. Et quand en plus on travaille la nuit, il faut un bon casque, précis et qui ne fatigue pas les oreilles. Celui-ci est irréprochable et m’évite pas mal de querelles inutiles avec mon voisinage.
Une Magic 8 Ball
Je ne suis pas du tout superstitieux, je ne lis jamais l’horoscope mais j’avoue que je lui demande souvent conseil à cette boule, comme ça juste pour voir. Elle trône dans le salon, je l’ai ramenée d’un voyage à Los Angeles, elle parle donc anglais, mais on trouve désormais une version française depuis quelques années par chez nous !
Des livres
Je lisais beaucoup, je lis moins. C’est un constat qui me rend souvent triste et j’essaie de m’aménager du temps disponible pour lire. Avec mon grand âge, je m’endors au bout de quelques lignes le soir dans mon lit, alors il faut trouver d’autres moments dans la journée. J’aime particulièrement la littérature américaine et John Fante est sans doute l’écrivain qui m’a le plus touché ces 30 dernières années.
Un Ipad
Je m’arrange avec le temps mais je reste un geek. Ca fait râler pas mal de proches, ça me fait râler aussi parfois, mais je suis accro aux machines depuis des années. J’ai eu mon premier ordinateur au collège (un TO7) et au fil du temps j’ai adoré bidouiller des boites à rythmes, des ordinateurs, des samplers, des pédales d’effet, des synthétiseurs etc… L’arrivée de l’Ipad a été une vraie bénédiction pour moi car c’est l’outil parfait, nomade, qui me permet de rassembler toutes ces passions dans un seul outil ultraportable. Ca n’a vraiment rien d’un gadget, comme je l’entends dire souvent. Grâce à lui, j’écris, je compose, je programme des rythmes, des mélodies, je fais des démos, je programme des séquences pour mes concerts. Je lis aussi, je vais sur internet, je regarde des films ou des séries, où que je sois. Il me serait bien difficile de m’en passer…
Des films
Mes parents ont eu très tôt un magnétoscope et j’enregistrais beaucoup de films. J’ai été un spectateur assidu entre 15 et 30 ans. J’allais beaucoup au cinéma, j’achetais des dvd etc… Comme pour la lecture, j’ai moins de temps à y consacrer alors je suis plus sélectif. Mes goûts n’ont pas grand chose d’original et je suis un adorateur (pas très objectif) de Brian de Palma, ce doit être un des rares réalisateurs dont j’ai vu tous les films. J’aime aussi beaucoup les dvd et documentaires musicaux.
Des disques
La musique, c’est toute ma vie. Depuis tout petit d’abord comme auditeur, j’ai ensuite appris le piano dès 6 ans avec un professeur qui m’a donné l’amour de la musique et des mélodies. Du plus loin que je me souvienne, j’ai également toujours chanté, pour moi d’abord, pour des repas de famille, pour un petit magnétophone que mes parents m’avaient acheté… La musique a toujours rempli mon quotidien.
Il y avait pas mal de disques chez mes parents et j’ai acheté mon premier à 10 ans : c’était “Beat It” de Michael Jackson, au centre commercial du coin. Depuis, j’achète toujours beaucoup de disques, il y en a partout dans la maison et j’espère que ça va durer encore longtemps !
J’ai tendance à accumuler beaucoup d’objets chez moi, achetés dans des vides-greniers, sur ebay… Je possède une centaine d’appareils argentiques, parfois très anciens, une dizaine de basses… Je sais, c’est n’importe quoi ! Pour mes Essentiels, j’ai décidé de me restreindre : un seul objet par thème. Et pas trop de thèmes.
Ma maison : j’aime beaucoup la maison que j’occupe depuis une dizaine d’années, elle a un charme et une identité assez rares. Vous n’en verrez que le parquet, mais on peut apercevoir d’autres pièces sur 2 vidéos que j’ai réalisées il y a quelques années (1 & 2), et aussi sur des portraits que j’y ai faits.
J’ai réussi à inviter mon vieux chat Booly sur la photo. Il s’est montré peu coopératif mais j’ai pu arracher cette photo avec lui. La photo n’est pas très équilibrée (la partie inférieure droite est vide) mais il y trône, indifférent et hautain, & c’est déjà pas mal.
Comme je l’ai dit plus haut, je possède plein de basses et d’appareils photos. Cette basse, au doux nom de Krunk 75, n’est pas celle à laquelle je tiens le plus, mais elle est la plus étrange : un modèle fabriqué à Eyrevan, en Arménie soviétique, entre 1973 & 1974. Elle est marron foncé à paillettes, en légère forme de violon. Je me prends à rêver qu’elle a peut-être accompagné le Claude François local sur scène. Le manche n’est pas des plus faciles à jouer mais elle a un son très appréciable. Je l’ai pas mal utilisée sur l’album de Photon, pour obtenir un son assez proche de ce qu’on retrouve chez Cure ou Siouxsie and the Banshees.
On continue dans le bloc communiste avec cet appareil Ami 66. C’est un objet fabriqué vers 1966 (logique) en Pologne, avec deux caractéristiques que j’aime bien : le orange avec cet animal étrange en logo, et le contour de l’objectif à pois, très Pop Art. J’ai lu que le nom Ami a été choisi pour sonner français, notre pays étant assez en vogue à l’époque chez les polonais. Je l’ai utilisé sur une seule pellicule.
Je suis un grand fan de François Truffaut, son cinéma me touche et m’émeut de manière singulière. La saga Doinel est au dessus de tout. Ici figure le livret de la très belle expo qui lui était consacrée à la cinémathèque. J’ai inclus sur le morceau un dialogue extrait de Domicile conjugal (dont on peut voir le poster sur deux des vidéos dont j’ai donné le lien plus haut).
Basse arménienne de 1974, carte téléphonique Sesame’s Street, appareil photo Pop Art polonais Ami 66, chocolat aux épices, micro Philips des 50s, expo François Truffault, fanzine sur Felt, le parquet de mon salon & mon chat Booly.
J’adore le chocolat, j’adore les épices… On devine sur la basse une mini-tablette de chocolat noir au poivre rose, un régal. Sa provenance me tient à cœur.
Je suis fan sincère & enthousiaste des Muppets, de l’Ile aux Enfants, de Sesame’s Street… Notamment de Ernest et Bart. Avec mon groupe Mumbly, à la fin des années 90, j’ai même fait un album en clin d’œil à Ernest. Suite au décès accidentel de mon cousin Jacques Gabay, en été 2015, je suis parti chez lui ranger son appartement. J’ai récupéré des disques de groupes pour lesquels on s’était enthousiasmés ensemble, Stereolab, les Wedding Present, Saint Etienne, les Smiths.. Le billet de son dernier concert, Blur, à Londres… Et aussi cette carte néerlandaise de téléphone, qui me faisait envie depuis 17 ans, et sur laquelle on retrouve mes héros de Sesame’s Street.
J’ai acheté ce micro Philips des années 50 sur un vide-grenier, pour 5 Euros. Je possède, comme vous l’avez compris si vous avez eu le courage de tout lire, pas mal de vieilleries chez moi, & notamment des objets Philips, une marque dont le design a souvent été très élégant : un magnéto à bandes & une lampe à UV des 50s, des micros… C’est incroyable, mais j’ai testé ce micro et je l’ai comparé avec d’autres modernes, bien plus chers. Je n’utilise plus que celui-là pour les prises de voix (et j’en ai d’ailleurs racheté 3 sur ebay depuis, au cas où).
Pour finir, je ne voulais qu’une seule référence dans cette photo à un groupe ou à un chanteur… Alors, Serge Gainsbourg ou Felt ? C’est le groupe de Birmimgham qui a gagné. Cela fait 30 ans que la musique de Lawrence, loser magnifique, m’accompagne & m’inspire… Plutôt qu’un disque, j’ai inclus un fanzine à la très jolie couverture (j’aurais pu mettre à la place le livre de JC Brouchard qui a présenté ses Essentiels il y a peu).
Et donc, pas de vinyle ou de CD sur cette image, je n’écoute plus que des 0 & des 1.
Un sauf-conduit est un document accordé par l’autorité d’un gouvernement à une personne de nationalité étrangère et qui garantit à cette dernière la sécurité et la liberté de mouvement à l’intérieur et à travers les frontières de la juridiction de ce gouvernement.
Sauf-conduit #1
Des bâtiments neufs s’effondrant.
/ J’aimerais, de nouveau, me concentrer sur un moment particulier d’un disque et le réécouter jusqu’à ne plus y déceler aucunes nouveautés. Je me faisais cette réflexion en regardant La Bataille de San Romano de Paolo Uccello, ce fantasme d’affrontement où les chevaux de craie, entourés d’armures piquées de rouilles et de sang, présentent une chorégraphie unique. Les armes brisées, pourpres ou ivoires, semblent sorties d’un décor de théâtre. Mais dans ce tableau, ce que je peux voir dans le moindre détail, les yeux pourtant clos, c’est ce lévrier argenté courir après un lièvre, à travers des champs de labour. Les arrières plans, voilà ce qui m’a toujours fasciné dans la peinture de la Renaissance italienne. Ce goût de l’observation demande du temps, les vertueux appellent cela de la contemplation. S’adonner à une écoute frénétique d’un disque et de surcroît à un moment précis de ce disque, nous amène à une forme particulière de satiété, vidant l’œuvre de toute vitalité. Je me souviens avoir ressenti cette émotion ambivalente lorsque vint le crépuscule de mes écoutes d’un album comme Vauxhall & I de Morrissey. Jeune homme et absolument mûr pour les amours imaginaires, j’étais écœuré d’avoir appris par cœur cet ensemble de compositions – une véritable petite mort. C’était pourtant un grand enseignement, cette petite mort. //
/ Une grande bataille, très contemporaine, oppose ceux qui ont conscience que les éléments, les villes, les humains et leurs œuvres puissent mourrir un jour aux si touchants enfants du déni. Kafka disait : « Le meilleur de ce que j’ai écrit se fonde sur cette aptitude à pouvoir mourir content ». Cette tension produite par l’acceptation d’une fin et d’un trait définitif est le charme perdu de la musique. Ressentir cette tristesse qui nous prend lorsque l’on réalise que l’on n’écoutera jamais plus un disque d’une telle façon – dévorante et comme mendiant la moindre note – comprendre, aussi, que le groupe aimé – les Pixies, Slowdive ou encore Grandaddy – va mourir ou plus exactement est bien mort. //
/ On reproche beaucoup de choses aux retrouvailles musicales. Elles tiennent souvent de l’insupportable remake hollywoodien. Des musiques refaites plan par plan, à l’identique. Les albums de Slowdive et de Grandaddy sont moins la reprise d’une œuvre qu’une simple répétition. Pour ce qui est de la reprise d’une œuvre, il faut aller consulter le cas Don Bryant. J’ai donc essayé d’écouter, jusqu’à l’écœurement, le dernier Grandaddy. Aucun arrière plan, jamais de basculement me plongeant de l’état passion à une satiété proche du dégoût, dégoût qui me forçait jadis à ne plus écouter un album durant un temps donné pour mieux m’y replonger après une période de jeûne nécessaire. Non, désormais, il s’agit d’une simple fréquence – l’ennui, l’ennui des groupes qui ne changent pas pour satisfaire des enfants qui ont vieilli. Voilà un bouleversant paradoxe, celui de la pop moderne. Cette impression qu’autrefois les disques nous façonnaient et qu’aujourd’hui, nous leur demandons de nous ressembler.
J’aurais aimé que Grandaddy ne sorte jamais cet album, étant entendu que le groupe était allé au bout de sa proposition musicale avec The Sophtware Slump. Il faut savoir disparaître. Parfois, j’ai l’impression que nous sommes responsables de ces retours pathétiques, nous, pareils à de grands capricieux ne voulant pas croire aux choses qui finissent. Quels mélomanes sommes-nous devenus ? Plus que la qualité de ces retours musicaux, voilà la véritable question. //
/ Ce que j’aime en écoutant les albums des Smiths, c’est qu’à chaque étape de ma vie, leur approche se métamorphose. Voilà le bien précieux de la musique: elle a beau, parfois, appartenir au passé, elle se fait pourtant actuelle et nécessaire, pour chacun d’entre-nous, à un moment donné. Ineffable liberté qui rend la voix d’un mort plus incarnée que notre voisin de table lors d’un déjeuner.
Je crois que mon pire cauchemar serait d’apprendre un matin, sur un quelconque réseau social, la reformation des Smiths. Chacun irait de son commentaire puis viendrait le moment du teaser de l’album que l’on regarderait sur Youtube et pour finir, on écouterait en streaming cette production référencée et bien mise comme un musée. La bataille sera, ce jour là, définitivement perdue et on y sera pour beaucoup. //
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Lyonel Sasso Juillet 2017
Illustration : Paolo Uccello, La Bataille de San Romano (extrait) – Vers 1440
Rickenbacker 330 Jetglo : ma première “vraie” guitare. Un rêve depuis que je passais des heures à dévorer du regard les pochettes des Jam et des Chords.
A mes côtés depuis 1985 mais je la redécouvre en quelque sorte aujourd’hui, comme une ancienne fiancée perdue de vue un long moment et que l’on rencontre à nouveau. Et, agréable surprise, elle est toujours aussi belle.
MacBookPro : sans ordinateur, pas de connexion avec la France, les amis, la famille, l’actualité. Ma fenêtre vers l’extérieur, ma vie américaine étant plutôt confinée. C’est aussi ma TV, mes archives, etc. Un outil devenu indispensable.
Fouet : outil de travail. Aucun rapport avec le métier que j’exerçais en France mais ma famille a toujours eu le goût pour les bonnes choses donc quand il fallu me lancer sur le marché du travail américain, cette solution s’est imposée d’elle-même. Bilan provisoire : la restauration est une profession de névrosés.
CDs : j’ai toujours besoin d’un support physique pour la musique que j’aime. Mais je ne fais pas partie des fêtichistes du vinyle, même si c’est un bel objet, surtout le 25 cm. L’instant où l’on insère l’objet dans le lecteur a toujours quelque chose de magique ou de sacré. J’ai laissé mes vinyles chez mon ami Jérôme Mestre et j’espère qu’il pourra leur donner une deuxième vie. Ici, une très petite sélection de mes groupes chéris : Orange Juice (indispensable intégrale) et The Jam (mes deux LPs favoris). Cette semaine, mes groupes préférés sont Light Fantastic et Ablebody, des Californiens.
Tableau : mon regretté père était peintre à ses heures (et graphiste de profession). Ma région natale, le Roussillon, était sa principale source d’inspiration. J’y pense souvent. Quand je m’y rendais en train, j’avais des frissons au moment de passer les Corbières, cette quasi frontière naturelle entre l’Aude et le Roussillon.
Echarpe du PSG : Paris la ville a toujours exercé une fascination pour le Perpignanais que j’étais. Mes parents s’y sont rencontrés et mariés, mais je n’y suis allé que quatre fois (dont une fois pour voir le premier concert français du Style Council au Palace) avant de m’y installer pour de bon, en 1989. J’ai mis du temps à aimer le foot, qui ne me l’a jamais rendu, et c’est le PSG que j’ai choisi après que feue ma mère nous ait acheté le maillot Le Coq Sportif/RTL chez Just Fontaine à Toulouse. Me rendre au Parc est l’une des choses qui me manquent de ma vie française (l’excitation en sortant du métro, les frissons en se rapprochant du stade). Mais aussi les barquettes au marron, les quenelles, le boudin blanc, le confit de canard, les pommes dauphine et les merguez.
Album photo : mes frères et moi le lendemain de Noël. Je dois avoir 7 ans sur celle-ci. Un signe que j’allais finir aux USA : je porte une panoplie de cow-boy. Ils ont été essentiels à l’acquisition de ma culture musicale. Sans eux, pas de disques importés d’Angleterre, pas de NME, pas de Bernard Lenoir. Je leur dois beaucoup. La famille a toujours été quelque chose d’important pour moi. Être loin d’eux et des amis est difficile à vivre. Nous ne sommes pas vraiment bavards mais la musique et le foot ont toujours été comme un langage entre nous.
Livres : depuis quelque temps je lis essentiellement des biographies de groupes, mais aussi des auteurs tels que Colin MacInnes, Alan Sillitoe, Arto Paasilinna, Tim O’Brien ou Nick Flynn. Je suis plutôt obsédé par les Smiths en ce moment. Cela devrait se ressentir dans mon projet d’album avec le fameux Jarvis Platini.
Carton : j’ai déménagé 22 fois dans mon existence, donc les cartons ont une importance majeure. Ma maison en est encore remplie, au cas où je doive encore bouger. J’aimerais me fixer quelque part mais il est important d’être réactif.
Amateur de musique sans jamais en avoir pratiqué, ma vie tourne et a beaucoup tourné autour d’elle. Entre albums incontournables et concerts mythiques, impossible de mettre mes essentiels musicaux tant ils sont nombreux.
First of All : au centre, la Famille.
Des Vinyles et des CD : une fois encore pas vraiment d’essentiels tant ma consommation est gargantuesque, une folle envie de découverte mais aussi une fidélité à certains sons : la basse des Cure, les guitares de l’indie pop made in UK des Smiths à Blur, les synthés de Depeche Mode ou de New Order, les voix féminines de Bjork à PJ Harvey en passant par The Sundays, les amis de 49 Swimming Pools ou Autour de Lucie, les mix de DJ Shadow, la brutalité d’un Trent Reznor, les univers de Joy Division ou des Cocteau Twins.
Des places de concerts et des Pass festival : Ma culture musicale c’est beaucoup construite dans les concerts, des découvertes, des confirmations mais aussi quelques déceptions, avec une tendresse particulière aux Black Session de Bernard Lenoir ou au Festival des Inrocks qui m’ont beaucoup « ouvert les oreilles ».
Un éco cup ASSE, car c’est l’ustensile le plus important en festival et que je suis stéphanois et donc lié pour toujours à mon club de foot de cœur l’ASSE.
Quelques Vedett, ma « pills » préféré, car je suis arrivé il y a plus de 10 ans dans le Nord et que je m’y sens bien, j’en ai adopté les us et coutumes. Une belle région à la situation géographique idéale me concernant car à un jet de pierre de Bruxelles, Londres et Paris mais surtout qui m’a accueilli à bras ouverts.
UnIpod car mon écoute de la musique a aussi changé… et même si j’ai toujours besoin d’un support le Vinyle ou le CD, encore une fois pour sa pochette mais aussi ses crédits, j’aime avoir du son avec moi.
Mon smartphone, car connecté en permanence, pour la famille, les amis, les infos, pour le boulot, … pour avoir l’impression de ne rien manquer.
Quelques magazines, anciens fanzines, les Inrocks (idéalement version mensuelle), Magic ! , New Comer, car je fais partie de la génération qui lisait, qui écoutait la radio et qui scrutait les notes des pochettes d’albums pour découvrir les filiations, les ramifications… La génération « single club », Rough Trade rue de Charonne, celle de l’avant internet. (J’aurais dû ajouter un NME et un Melody Maker). Magic Mushroom et les Inrockuptibles plus spécifiquement pour les rencontres, l’international indie pop, les passionnés, les moments vécus… Manu, JD, Christophe, Philippe,…
Et des livres : Photos, Street Art, Paysage car j’ai toujours pensé la culture comme un tout. Sensible à l’esthétisme qui véhicule autant d’émotion que la musique, avec un attrait particulier pour la photo noir et blanc et un intérêt pour le graphisme et les logos.
Quelques marottes : les labels 4AD, Sarah Records et Mute pour l’ensemble de leur œuvre, aussi bien sonore que graphique, j’aurai pu y ajouter Factory, Mo Wax, Heavenly records ou Warp, car je suis aussi sensible au visuel, à l’esthétisme d’une pochette qu’à la musique. Oliver Vaughan, Peter Saville ou Futura m’ont autant fait acheter d’album que les grands passeurs comme Bernard Lenoir. Que serait Endtroducing de DJ Shadow, This Mortal Coil, Doolittle des Pixies ou Mouvement de New Order, sans leurs pochettes. C’est quand même, Oliver Vaughan (V23) qui m’a le plus marqué par son univers global autour de 4AD faisant de ce label, un objet de quasi culte me concernant.
Pour terminer : Mes polos Fred Perry et des Skate Shoes, parce que chacun a son uniforme, et c’est celui dans lequel je me sens bien. Une brosse à barbe, parce que je suis barbu.