Daniel Yeang

My essentials for Stereographics © Daniel Yeang

LES ESSENTIELS DE DANIEL YEANG

Cinq albums île déserte
Choix cornélien et injuste de partir avec seulement quelques disques si je décidais un jour de m’isoler sur une île déserte. Pour ma part, cela serait Forever Changes de LOVE, ce live datant de 1963 (mais sorti en 1985) et peut-être le meilleur à n’avoir jamais été publié de SAM COOKE, Closer de JOY DIVISION, Technique de mon groupe préféré de tout l’étang NEW ORDER et surtout Vilosophe de MANES auquel je suis viscéralement attaché au point que j’utilise le titre de cet album comme pseudo. En effet, lorsque j’ai découvert ce disque, j’ai passé tout un week-end cloitré dans ma chambre à le passer en boucle — soit à peu près une cinquantaine de fois ! — et cela reste l’expérience auditive la plus intense que j’ai vécu dans toute ma vie. Cela ne m’était jamais arrivé auparavant et cela ne se reproduira certainement pas.

Un blazer Ugo Baldini, un polo Gran Sasso, une pochette Simmonot-Godard, une cravate tricot Howard’s Paris, des souliers Barker England, une besace 48h Leon Flam
Ce que l’on nomme parfois le “sartorialisme” est mon autre grande passion avec la musique. Auparavant, je me ruinais en vêtements de marques beaucoup trop chers, vous savez celles qui dépensent en millions en espaces publicitaires, et ce n’est que depuis quatre ans que je me suis réellement penché sur le sujet. Il s’agit ici de certaines de mes pièces favorites qui ce ne sont pas forcément parmi les noms les plus connus. Je fais désormais attention à la matière, la coupe, la fabrication ou les couleurs (majoritairement dans les tons bleus ou gris), m’inspirant autant du style britannique que celui preppy des universités américaines. Bref, j’assimile la recherche du beau vêtement comme le “digging” de vinyle. Les gens sont souvent étonnés de me voir habiller ainsi, d’ailleurs au boulot on m’appelle toujours “Monsieur le Directeur” (rires) !

Quelques classiques hip-hop
Le hip-hop à été le premier véritable univers musical auquel je me suis confronté durant mon adolescence, c’est pour cela qu’il était obligatoire que quelques classiques du genre fassent partie de ces essentiels. Le rap a réellement pris son essor en France durant la moitié des années 90 grâce à l’influence du boom bap new-yorkais et à cette époque j’avais toute la panoplie : je me sapais en t-shirt Helly Hansen et en baggy Triangle, j’écoutais religieusement Génération 88.2 et je voulais être rappeur ! Je me faisais appeler MC Ekinox et j’avais même enregistré sur K7 quelques freestyles avec des potes ! Par la suite, je me suis intéressé au black metal et me suis ouvert à d’autres courants musicaux. Même si je me suis ostensiblement éloigné de cet univers, je n’ai jamais renié le rap et je me suis remis à en réécouter massivement depuis cinq ans. Aujourd’hui, je considère tout ce qui touche au hip-hop ou au r’n’b contemporain comme la nouvelle norme pop, les productions sont ce qu’il y a de plus audacieux dans la musique actuelle.

Ma carte UGC illimitée
Je suis à la base un grand cinéphile et j’ai accumulé au fil des années près d’un millier de dvds que je revends au fur et à mesure. Cependant à partir de 2009, par manque de temps et surtout parce que je commençais parallèlement ma collection de vinyles, j’ai dû seulement mater une dizaine de longs métrages dont la moitié chez moi. Il aura fallu que j’aille voir Interstellar au cinéma en 2014, qui m’aura bouleversé, pour reprendre goût à cette passion et à me faire une carte d’abonnement mensuelle. Depuis, je vais en moyenne 8 à10 fois par mois en salles (en plus des films que je regarde à la maison) et j’essaye d’être plus curieux et de découvrir des petits films indépendants, étrangers ou français, chose que je n’aurais jamais pensé faire auparavant.

Ma collection de Blut aus Nord
BLUT AUS NORD
est certainement mon groupe préféré actuellement et je considère Vindsval, initiateur du projet, comme l’un des rares génies dans la musique. Par le passé, j’ai déjà tenté de collectionner TOUS les disques de certains de mes artistes/groupes favoris, je pense notamment à New Order ou Prince, mais j’ai finalement décidé de me ruiner uniquement pour BaN et je dois en posséder plus d’une cinquantaine pour le moment.

Des livres sur la musique, des mangas et des comics
En réalité et c’est parfois tabou de l’avouer, mais je déteste lire et j’ai vraiment du mal à stimuler mon imagination devant un bouquin. Par contre, je suis friand des livres au sujet de la musique: le black metal, ÉTIENNE DAHO, BILL CALLAHAN, la MOTOWN, FACTORY RECORDS et bien entendu PRINCE et DAVID BOWIE qui nous ont quittés cette année. Il est difficile de voir disparaitre coup sur coup deux de ses idoles en un si peu laps de temps. Pour ce qui est des mangas, je n’en achète plus autant qu’auparavant et le seul que je suis encore régulièrement est Coq de combat. Gen d’Hiroshima fait partie de mes essentiels, car il est à ce jour le seul manga à m’avoir fait pleurer. Quant aux comics, j’en ai plus d’un millier, VF et VO, collectés en près de 25 ans. Je suis surtout très super héros, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier des choses plus “mondaines” telles que le mythique Maus.

Mon coffret COIL Colour Sound Oblivion
COIL
est un de mes groupes préférés et lorsque Peter “Sleazy” Christopherson prit la décision de sortir en 2010 un coffret en bois de 16 dvds retraçant quelques concerts, dont beaucoup filmé par des spectateurs, je n’ai pas hésité un instant malgré son tarif un brin exorbitant. Je reçois finalement le magnifique objet quelques mois plus tard en provenance de Thaïlande (Sleazy s’étant notamment établi là-bas dû à sa passion pour les jeunes hommes) et de devoir payer les frais de douanes s’élevant à un tiers du prix du coffret ! Bon je suis heureux de le posséder, c’est mon artefact à moi, et il vaut à priori quatre fois le tarif que j’ai dépensé à présent, mais cette taxe six ans après me reste toujours en travers la gorge (rires) !

Un maillot de l’équipe de France de football
Cela fait 25 ans que je suis fan de foot et ceux qui me connaissent à travers les réseaux sociaux ne se doutaient pas de cette passion puisque je n’en parlais quasiment jamais alors que je regarde des matchs toutes les semaines. Il aura fallu que j’évoque l’Euro cet été pour voir ressurgir tous les clichés éculés sur les footballeurs et leurs supporters, ça m’avait assez chagriné et j’ai tenu à faire une mise au point sur le sujet. C’est un mal uniquement français, si ce n’est pas le football, c’est un autre phénomène qui sera désigné coupable idéal des maux de notre société actuelle.

 

Daniel Yeang
Octobre 2016

 


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Philippe Lavergne

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LES ESSENTIELS DE PHILIPPE LAVERGNE

Rickenbacker 330 Jetglo : ma première “vraie” guitare. Un rêve depuis que je passais des heures à dévorer du regard les pochettes des Jam et des Chords.
A mes côtés depuis 1985 mais je la redécouvre en quelque sorte aujourd’hui, comme une ancienne fiancée perdue de vue un long moment et que l’on rencontre à nouveau. Et, agréable surprise, elle est toujours aussi belle.

MacBookPro : sans ordinateur, pas de connexion avec la France, les amis, la famille, l’actualité. Ma fenêtre vers l’extérieur, ma vie américaine étant plutôt confinée. C’est aussi ma TV, mes archives, etc. Un outil devenu indispensable.

Fouet : outil de travail. Aucun rapport avec le métier que j’exerçais en France mais ma famille a toujours eu le goût pour les bonnes choses donc quand il fallu me lancer sur le marché du travail américain, cette solution s’est imposée d’elle-même. Bilan provisoire : la restauration est une profession de névrosés.

CDs : j’ai toujours besoin d’un support physique pour la musique que j’aime. Mais je ne fais pas partie des fêtichistes du vinyle, même si c’est un bel objet, surtout le 25 cm. L’instant où l’on insère l’objet dans le lecteur a toujours quelque chose de magique ou de sacré. J’ai laissé mes vinyles chez mon ami Jérôme Mestre et j’espère qu’il pourra leur donner une deuxième vie. Ici, une très petite sélection de mes groupes chéris : Orange Juice (indispensable intégrale) et The Jam (mes deux LPs favoris). Cette semaine, mes groupes préférés sont Light Fantastic et Ablebody, des Californiens.

Tableau : mon regretté père était peintre à ses heures (et graphiste de profession). Ma région natale, le Roussillon, était sa principale source d’inspiration. J’y pense souvent. Quand je m’y rendais en train, j’avais des frissons au moment de passer les Corbières, cette quasi frontière naturelle entre l’Aude et le Roussillon.

Echarpe du PSG : Paris la ville a toujours exercé une fascination pour le Perpignanais que j’étais. Mes parents s’y sont rencontrés et mariés, mais je n’y suis allé que quatre fois (dont une fois pour voir le premier concert français du Style Council au Palace) avant de m’y installer pour de bon, en 1989. J’ai mis du temps à aimer le foot, qui ne me l’a jamais rendu, et c’est le PSG que j’ai choisi après que feue ma mère nous ait acheté le maillot Le Coq Sportif/RTL chez Just Fontaine à Toulouse. Me rendre au Parc est l’une des choses qui me manquent de ma vie française (l’excitation en sortant du métro, les frissons en se rapprochant du stade). Mais aussi les barquettes au marron, les quenelles, le boudin blanc, le confit de canard, les pommes dauphine et les merguez.

Album photo : mes frères et moi le lendemain de Noël. Je dois avoir 7 ans sur celle-ci. Un signe que j’allais finir aux USA : je porte une panoplie de cow-boy. Ils ont été essentiels à l’acquisition de ma culture musicale. Sans eux, pas de disques importés d’Angleterre, pas de NME, pas de Bernard Lenoir. Je leur dois beaucoup. La famille a toujours été quelque chose d’important pour moi. Être loin d’eux et des amis est difficile à vivre. Nous ne sommes pas vraiment bavards mais la musique et le foot ont toujours été comme un langage entre nous.

Livres : depuis quelque temps je lis essentiellement des biographies de groupes, mais aussi des auteurs tels que Colin MacInnes, Alan Sillitoe, Arto Paasilinna, Tim O’Brien ou Nick Flynn. Je suis plutôt obsédé par les Smiths en ce moment. Cela devrait se ressentir dans mon projet d’album avec le fameux Jarvis Platini.

Carton : j’ai déménagé 22 fois dans mon existence, donc les cartons ont une importance majeure. Ma maison en est encore remplie, au cas où je doive encore bouger. J’aimerais me fixer quelque part mais il est important d’être réactif.

Philippe Lavergne
Octobre 2016

 


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Jarvis Platini

My essentials for Stereographics © Jarvis Platini

LES ESSENTIELS DE JARVIS PLATIINI

“L’ essentiel, c’est le reste moins l’intime…
C’est une mémoire précaire, changeante, limitée, pleine de brouillons déjà morts et de projets en sursis…
Un contenu invisible aux autres, l’essentiel c’est l’opacité lumineuse d’une chanson non encore écrite, les mots dissimulés et  calamiteux d’un roman sur l’évidence…
Mon essentiel, c’est tout ce qui cherche à sortir de moi, tout ce qui en sort, tout ce que je parviens à en maîtriser, tout ce que j’abandonne après l’avoir chéri …
Mon essentiel n’est pas l’amour des miens – qui est mon essence intouchable – l’essentiel c’est juste ce qui me brûle, ce qui me mord, ce que je tue après l’avoir désiré, créé, poli, puis oublié, tout ce qui me pousse à profiter de la valeur fluctuante de l’existence, sans jamais aucune obligation de résultat”.


Jarvis Platini
Mai 2016

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soundcloud.com/jarvis-platini

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