Dominique Dalcan

LES ESSENTIELS DE DOMINIQUE DALCAN

J’ai beau creuser, rien n’est plus juste pour représenter mon objet compagnon que ce laptop fatigué.
Si on parle de modernité, cet ordi est déjà dépassé. Il contient pourtant l’équivalent d’armoires entières d’archives ainsi que de nombreuses idées à aboutir.
L’équivalent de mes carnets d’avant est désormais sous forme digitale, comme pour beaucoup d’entre nous.

Parfois, je me dis que c’est triste pourtant je refuse d’être matérialiste.
La manipulation de cet outil d’aujourd’hui m’empêche de penser à hier.

J’essaie de m’éloigner des tentations nostalgiques qui caractérisent pour moi le passé. C’est particulier, car je pourrais ressortir des cartons, des photos, des livres précieux, des objets distrayants ou inspirants…en somme, des éléments déclencheurs qui m’ont fait avancer.
Mais ce serait me replonger dans le passé et probablement rouvrir des brèches.

C’est pas simple…

Quand j’étais plus jeune, j’adorais faire de la moto. La mienne n’avait pas de rétroviseur. Ici, c’est un peu la même chose. Pas de regard en arrière, pas de rétro même si je ne renie pas d’où je viens. Au contraire, j’essaie d’avancer, vers une direction qui demeure incertaine, enfin, il me semble…

Dominique Dalcan
Février 2022

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J. Aubertin

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“On les reconnaît de loin. C’est parfois le chapeau, la démarche, le sourire en coin, la bolo tie, le Denim, les carreaux, parfois tout à la fois, parfois rien. Un petit quelque chose qui fait dire : celui-là, il vient peut-être de Vesoul, de Belleville ou de Clermont, mais il a l’Ouest dans la peau.” — Baptiste Walker Hamon

Jean-Michel Dufour

LES ESSENTIELS DE JEAN-MICHEL DUFOUR

Mes essentiels concernent principalement la musique, la lecture et la peinture mais certaines expériences, endroits ou paysages sont également sources d’inspiration ou de plaisirs simples.

Mais entrons directement dans le vif du sujet !

Côté musique, deux groupes, pourtant assez différents, ont bercé ma jeunesse et continuent toujours de m’accompagner. Les points qui pourraient toutefois les relier sont un leader charismatique et l’absence (malheureusement) de succès auprès du grand public. Mais disons le direct, j’ai toujours eu tendance à tomber fan de groupes ou d’artistes assez confidentiels…

Coté pop hexagonale, Lili Drop reste le groupe qui m’a le plus marqué tant par le talent d’Olive que par l’originalité de ses textes et de sa musique. J’ai eu la chance de les voir plusieurs fois en concert (Casino de Paris, Olympia, Point FMR, …) mais mes plus beaux souvenirs resteront l’interview que j’ai faite du groupe backstage lors d’un concert à Clichy  et le fait d’avoir pu jouer sur mon propre piano le morceau « Paulo », extrait de l’album N, après avoir fait la demande de la partition à l’éditeur Clouseau Musiques. Pour illustrer Lili Drop, j’ai choisi comme objet essentiel la merveilleuse biographie du Groupe intitulée «Le soleil noir du rock français » rédigée par Jean François Jacq, livre truffé d’anecdotes et de souvenirs et toujours à portée de mains et d’yeux pour des relectures enthousiasmantes et émues !

De l’autre côté de la Manche, j’avais jeté mon dévolu sur un groupe pop emmené par un chanteur excentrique mais oh combien doué, j’ai nommé le Jazz Butcher aka Pat Fish ! Tout m’attirait dans ce groupe, la musique et ses mélodies pop à souhait, les paroles des chansons parfois loufoques et les pochettes de disques tellement originales ! Et quand Pat pouvait entonner quelques tubes en français (la mer, notamment), j’étais aux anges ! J’ai vu ce groupe une dizaine de fois en concert, et mon souvenir le plus marquant restera ces improbables concerts solos dans la cave du Troupeau, bar aujourd’hui disparu du 14ème arrondissement de Paris. Je me rappelle l’affiche bricolée à la main et cet escalier étroit menant à la cave du bar ou Pat y avait notamment interprété « Lost in France », micro tube parmi tant d’autres ! Maintenant, je me déplace à Londres pour voir jouer Pat et son groupe, à mon plus grand plaisir, dans l’attente d’une date parisienne que je n’ose plus espérer… mon essentiel reste le CD/LP « Fishcotheque » dédicacé par Pat himself !

Pour conclure sur la musique, j’évoquerai également Chet Baker, sa voix et sa trompette. Je ne compte plus les CD et LP de Chet que j’ai achetés et il ne se passe pas une année sans que je ne me procure telle ou telle réédition. Restera gravé ces deux soirées au New Morning peu de temps avant la catastrophe d’Amsterdam ; je me revois dans la rue des Petites Ecuries m’approcher d’un Chet tenant sur un fil et pouvoir échanger quelques mots avec lui. J’ai toujours préféré les disques live en jazz, et c’est pour cela que j’ai choisi « Memories, Chet Baker in Tokyo », calme et plénitude assurés.

S’agissant de peinture, je fonctionne plutôt au feeling, n’y connais pas grand chose et apprécie tout particulièrement l’art moderne. Mon artiste préféré est Jean Michel Basquiat. J’avais déjà pu apprécier ses œuvres dans des expositions à Paris et une fois au Musée de Brooklyn, mais je me rappellerai très longtemps d’un court séjour à Rome. En effet, en se baladant nous avions découvert dans les rues une petite affiche de Basquiat annonçant à priori une expo de l’artiste. Après plus d’une heure et demie de marche, nous étions arrivés dans un vieux quartier et devant la Chiostro del Bramante, qui accueillait donc cette expo, pas anodine, puisque plus de 100 pièces étaient exposées dans ce lieu atypique, si beau et si calme. Cerise sur le gâteau, seuls quelques touristes avaient pris le temps de s’y arrêter pour apprécier en toute quiétude ces formidables ouvres d’art. J’ai choisi comme essentiel le catalogue de l’exposition « JM Basquiat – New York City » ainsi que le flyer de l’expo.

Côté paysages et grands espaces, mon essentiel se trouve dans le Finistère Sud, le tout dans un petit périmètre avec grande ouverture sur l’océan, je cite la Pointe de Sainte Marine et son Phare. Je suis tombé amoureux de ce site grâce à mon épouse, originaire de ce havre de paix. Je m’y rends souvent à pieds ou en vélo, en famille ou seul. J’aime m’assoir sur un banc et regarder la mer et les bateaux qui prennent la direction des Iles Glénan. J’ai du prendre le phare des milliers de fois en photo mais les objets que j’ai choisis sont une photo encadrée et une petite maquette que j’ai achetées et que je conserve soigneusement.

Last but not least, j’ai également un faible pour les lampes, les montres et les horloges. Pas grand-chose d’autre à en dire sauf qu’aucune de mes montres et horloges n’est à l’heure et qu’elles avancent toutes d’environ 10 minutes. Petite anecdote, l’abat jour de la lampe retenue sur la photo est en voile de bateau recyclée.

Jean-Michel Dufour
Septembre 2018

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Rita Zaraï

LES ESSENTIELS DE RITA ZARAÏ

Parler de ses propres essentiels est quelque chose de particulièrement effrayant en ce qui me concerne. Notamment à cause de la lourde tâche de préparation : il faut trier, sélectionner, organiser, chercher une cohérence, une cohésion. En théorie, je suis familère de ce genre d’exercice, lorsqu’il ne ME concerne pas. Ce qu’il faut savoir c’est que je suis quelqu’un de particulièrement dispersée. Ranger n’est pas forcément quelque chose de naturel pour moi.

Le soir même j’ai commencé à rassembler les objets. Je me suis donc retrouvée avec une montagne de livres. Une redécouverte plus qu’intéressante pour moi-même. Donc merci déjà pour cela.

En toute honnêteté je n’ai pas trop su par quoi commencer, alors j’ai fini par m’arrêter à la sélection la plus restreinte possible, et déjà je trouve qu’il y en a bien trop !! J’ai disposé ces objets à plusieurs endroits de l’appartement, afin d’essayer de prendre la photo la plus avantageuse, la moins brouillonne possible. Sacré challenge.

Commençons par le début. Enfin, décidons de façon arbitraire qu’il s’agit du début de l’histoire, car sur la photographie ce n’est pas forcément évident.

Le téléphone
J’ai pris des notes sur mon téléphone. Il ne figure pas sur la photo puisqu’il m’a servi à la prendre. Cela commence bien n’est ce pas… J’en suis esclave. Consciemment. Il me sert à peu près à tout. J’écris, je fais des photos, des recherches, des images, je regarde des vidéos, j’écoute de la musique. Bref sans cette chose j’imagine que je serai perdue, car il s’agit clairement d’un doudou destiné à combler l’angoisse. Il remplit le vide et mon esprit. Je suis une hyperactive molle. J’ai peur de m’ennuyer. Je fais cinquante choses à la fois. Je me passionne aussi vite que je me lasse. Je parlais de doudou, en fait je crois que cet appareil me fait plutôt office de baby-sitter ainsi que d’animateur de loisirs. Le casque je l’ai toujours avec moi. Pour écouter de la musique, notamment lorsque je marche.

La musique
Évidemment, si je devais choisir un groupe emblématique cela serait New Order. Ce groupe m’accompagne depuis 25 ans, avec plus ou moins de fidélité. J’en fait une source d’inspiration pour à peu près tout dans ma vie : je m’inspire de leur iconographie , je les ai tatoués sur mon bras, Substance est le titre de mon blog, je vénère Barney plus que n’importe qui dans ce bas monde, bref : l’abominable fanatisme au premier degré dans toute ce qu’il a de plus risible. Mais j’assume complètement. Je pourrais parler de Joy Division aussi, ou d’autres groupes qui ont participé à ma construction personnelle. Mais le but n’est pas d’écrire un roman je crois. Quoi qu’il en soit, la musique est importante, elle a constitué d’ailleurs pendant de longues années l’essentiel de mon activité professionnelle. Acquérir, conseiller, échanger : tel était mon quotidien pendant assez longtemps, au sein d’une médiathèque municipale.

La musique m’a permis aussi de rencontrer, virtuellement et «IRL» des personnes d’une énorme valeur. La plus importante rencontre sur le réseau social est sans conteste celle avec Matthieu Malon. De cette amitié est née Brûlure. Un projet poético musical déjanté (s’il fallait le définir) orchestré à des centaines de km de distance. J’écrivais les textes, les enregistrais, les envoyais, il faisait la musique. C’était drôle. Un vrai bon moment.

En musique les querelles de clochers me dépassent un peu… les discussions sérieuses, les gens qui s’écharpent comme si leur vie dépendait de la conversion du monde entier au fanatisme qui les concerne, je ne pige pas trop. Mais j’aime m’en amuser. Quelle perte de temps franchement, alors que tout le monde sait que le meilleur groupe du monde est New Order!

Les images
J’ai commencé par faire vaguement de la photo. Ensuite, temps libre disponible à l’infini aidant, je me suis prise de passion pour la gravure et la sérigraphie, suite logique finalement lorsqu’on aime les images. Mes photos sont essentiellement réalisées à partir de mon téléphone, mais depuis peu j’ai un « vrai » appareil. Je n’ai aucune idée de la manière dont fonctionne la bête. Je fais ça au hasard. C’est ce que je dis tout le temps, j’ai le hasard avec moi. Et je le remercie de m’accompagner en toutes circonstances. Cette photo de l’Atomium de Bruxelles est la première que j’ai faite développer et affichée dans mon intérieur. C’est un morceau de ma ville natale qui trône bien en évidence.

Les publier ces images a été une véritable épreuve pour moi. J’ai créé donc un blog, Instagram m’occupe pas mal en ce moment. Tout cela je le dois particulièrement à Matthieu qui a su m’encourager et me filer un coup de pied au cul. J’ai commencé avec les pochettes de Brûlure en fait. Et maintenant je continue….

Les livres
A la base, c’est mon métier. Je crois que ceux qui m’ont le plus marqué sont ceux que j’ai lu plus jeune. Mon principal problème, c’est que je ne me souviens pas toujours de ce que j’ai lu. En fait la plupart du temps j’oublie. Les deux ouvrages que j’ai choisis ont été lu bien plus récemment.

Je voue une admiration sans failles à Houellebecq dont les livres résonnent en moi comme une évidence. J’ai vraiment l’impression que le type écrit pour moi, il y a une connexion. En plus je le trouve terriblement drôle. L’humour c’est tellement important.

J’ai aussi choisi Blackhole de Charles Burns. C’est une bande dessinée d’une noirceur absolue, un vrai chef d’œuvre qui pour moi doit absolument figurer dans tout bonne bibliothèque.

Le reste….
La couture, la cuisine, les jeux vidéo, les lunettes que je ne mets jamais (j’aime le brouillard), le petit livre rouge (clin d’œil à mon soi-disant militantisme fantasmé d’extrême gauche) et Sainte Rita. Cette fameuse sainte est à l’origine du pseudo que je traîne depuis quelques années sur Internet. Elle est la patronne des causes désespérées. Attention, je ne m’attribue absolument pas la qualité du désespoir. En revanche, être la patronne, c’est une idée qui me plait bien.

Rita Zaraï
Mai 2018

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Nicolas Vidal

“Aujourd’hui, s’il devait se résumer à l’un de ses essentiels, s’il fallait choisir « l’essentiel des essentiels de Nicolas », je choisirais le sablier. Parce-­que le temps passe, sans aucun doute, pour nous tous, mais que lui ne le laisse pas filer en vain et qu’il nous entraine dans son sillage avec panache et bienveillance.” — Constance Petrelli

David Cairat

LES ESSENTIELS DE DAVID CAIRAT

“J’ai choisi d’introduire chacun de mes essentiels par un extrait de chansons qui me tiennent à cœur et qui expriment à leur façon le sens ou l’importance que ces essentiels revêtent à mes yeux, un peu comme des haïkus musicaux.”

Ma pile de livres rock
“Our aspirations… are wrapped up in books”.
Extrait de: “Wrapped up in books” par Belle and Sebastian, sur l’album: “Dear Catastrophe Waitress”.

“Écrire sur la musique, c’est comme danser (sur) de l’architecture. C’est quelque chose de très stupide.”  Cette phrase attribuée à Frank Zappa m’a toujours interpellé. Comment (d)écrire l’indicible : la ligne de basse de Joy Division, le motif d’une fugue de Bach, ce moment dans le concert qui te prend aux tripes ?  Qu’elles soient écrites avec passion, bonne ou mauvaise foi, maladresse, en quelques lignes sur un blog ou dans une exégèse de centaines de pages, je ne me lasse pas de lire les émouvantes tentatives de ces auteurs, modernes Sisyphe au service de la cause musicale.

Mon horloge vinyle
« Le temps me laisse passer, je lui dis : après toi”.
Extrait de : « Après toi », par JP Nataf sur l’album : “Clair”.

Cet objet chiné à Londres est au croisement de deux de mes obsessions, le temps (ou plutôt la ponctualité) et la musique.  Je cours tout le temps pour être à l’heure. J’arrive non pas à l’heure pour le concert. Non pas à l’heure pour la première partie du concert. Non pas à l’heure pour l’ouverture des portes de la salle. J’arrive avant l’ouverture de la salle. Et j’attends. Patiemment. Remplacer “salles de concert” par (au choix) : gare, aéroport, cinéma … Ca fait des années que ça dure.

Mon chat
“Chat, Petit fauve, Dieu des alcôves”
Extrait de : « Chat », par Brigitte Fontaine sur l’album : « Les Palaces ».

C’est le plus récent de mes essentiels. Il s’est imposé à la vitesse de l’éclair. Une belle bête avec boîte à miaou intégrée et moteur à ronron en parfait état de marche.

Mon DVD de Phantom of the Paradise
“Dream a bit of style. We’d dream a bunch of friends. Dream each others’ smile. And dream it never ends”
Extrait de : « Faust », par Paul Williams sur la Bande Originale du Film.

Un essentiel qui intersecte plusieurs de mes passions : cinéma américain des années 70, rock, comédies musicales et modernes mythologies (Faust, Dorian Gray, Fantôme de l’Opéra). Baroque et inépuisable.

Ma machine à café
“Hope the morning coffee does the trick. Hope it clears my mind, makes the day more worth it”.
Extrait de: “Hymn for the coffee”, par Hefner, sur l’album: “Breaking God’s heart / Hefner Soul EP”.

Hefner … What else ? Cette chanson d’un de mes groupes cultes m’évoque mon addiction irrémédiable à la caféine. Depuis des années je ne peux me passer ni de l’un ni de l’autre.

Mon alliance
“This is a man’s world … but it would be nothing without a woman”.

Extrait de: “It’s a Man’s Man’s Man’s World”, by the Godfather of soul évidemment.
Le reste du texte de cette chanson m’a toujours semblé très macho mais la rédemption vient par cette phrase magique. Alors comment mieux conclure ces essentiels qu’en évoquant ma famille, et en particulier celle qui m’est essenti’elle ?

David Cairat
Avril 2018

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Lonny

LES ESSENTIELS DE LONNY

“Tout le secret du bonheur du Contemplateur est dans son refus de considérer comme un mal l’envahissement de sa personnalité par les choses”
Francis Ponge, Le parti pris des choses

Ma bague au Quartz Rose
J’ai un rapport assez mystique aux bijoux, surtout ceux avec des pierres. Je les choisis scrupuleusement selon les propriétés que je leur invente.

Une photo de mon enfance
J’ai trois ans dessus. J’ai le regard très perdu et très au courant à la fois. Je me salue régulièrement, comme pour préserver quelque chose de cette époque.

Alto
Il est Québécois. C’était l’alto de mon prof, François.
Je crois que cet instrument et son propriétaire m’ont tous les deux ouvert une porte vers la musique…Quelque chose qui a à voir avec la simplicité et la respiration. Je crois que c’est crucial, pour que la musique fasse son chemin jusqu’au bout.

« Legolas », mon Lierre du Jura
Mon amie Romane, avec qui je partage un certain goût pour les plantes et du Seigneur des Anneaux, m’a offert ce petit Lierre qu’elle a récupéré dans la forêt à coté de chez elle. Elle l’a appelé Legolas, évidemment.

Mon Guita-lélé
Parce que c’est un cadeau et qu’il n’y a rien de plus beau que d’offrir son instrument à quelqu’un. C’était à Reims, et il neigeait. J’ai promis à son propriétaire de lui jouer « Two Silver Tree » de Calexico.

Un 33 tours « Songs for Young Lovers » de Franck Sinatra.
(Attention, c’est triste)
Ce disque m’a été offert par mon ex amoureux.
Il devait être 20h00 et il me l’a offert en sortant des ballades sonores, où il l’avait trouvé. C’était touchant, car le titre ressemblait un peu à nous deux qui étions un jeune couple de 22 et 19 ans.
Puis, un coup de fil nous a brutalement sorti de notre bulle toute rose. Un coup de fil de ma copine Léa qui me demandait si ça allait, car j’habite rue de Charonne, et que nous étions le 13 novembre 2015.
La douche froide.
Ce disque est mon symbole de cette période, de l’innocence et la naïveté dans laquelle nous vivions, et que j’essaie de toujours garder avec moi, malgré les épreuves. Je crois que c’est très précieux.

Carnets
Je passe mon temps à me balader avec des carnets. J’écris ma vie, celle des autres, des listes et des paroles de chansons. J’en ai pleins, je passe mon temps à en re-commencer. 
Leur désordre ne me dérangent pas. Ils suivent un peu mes humeurs, mes fuites et mes aventures.

Vahinée qui danse.
Elle est mon indicatrice de beau temps, puisqu’elle danse au soleil.
Je l’adore. Je l’ai trouvée à Barcelone, dans un aéroport.
Et elle danse bien mieux que moi.

Les Rideaux en coton
Ma caverne. Du tissu qui m’a couté un bras au marché Saint-Pierre, et qui forme un baldaquin autour de mon lit. C’est une protection imaginaire monumentale.

Just Kids, dédicacé par Patti Smith
Pour mon adolescence, pour mes premières émotions à écouter quelqu’un chanter sur une scène. 
J’avais 15 ou 16 ans quand « Just Kids », le livre de mon idole est sorti. A l’époque, j’étais la baby sitter de Adam, qui ne devait pas avoir plus de 1 an. On peut dire qu’une certaine amitié s’était formée entre lui et moi, alors je l’emmenais partout. Ce jour là, je l’ai emmené à l’« Arbre à Lettre » ou Patti Smith faisait des dédicaces. Elle m’a regardée avec la même douceur que celle qui l’habite depuis toujours, et m’a dit qu’Adam était vraiment très mignon « he’s really cute » avec une voix très grave. Puis elle nous a dédicacé mon exemplaire, à lui et moi. Depuis, ce petit objet est la preuve que nos dieux font bel et bien partie de la réalité.

Ma Collection de porte-clé forcée par Florian.
Parce que c’est petit jeux un peu machiavélique et plein d’amour entre mon ami Florian et moi.
En retour, je le force à faire une collection de verres à shots.

Lonny
Mars 2018

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Theo Hakola

LES ESSENTIELS DE THEO HAKOLA

Il s’agit d’une guitare – une Fender Jaguar – et trois affiches.

Je suis très attaché aux Fenders – Stratocaster, Telecaster, Mustang… all of them. C’est la chaleur tranchante et le corps dans le SON qui me touchent, qui me pénètrent. Cet attachement fenderien est sans doute pour quelque chose dans mon amour de Hendrix (vu à l’âge de 13 ans – mon premier concert de rock – à Spokane dans l’état de Washington) et du groupe new yorkais Television, deux amours aussi forts que jamais aujourd’hui. (Et sur cette guitare, il y a l’autocollant d’un bar du nord de l’Idaho – THE SNAKE PIT – qui a donné le titre V.O. de mon dernier roman, sorti en traduction française sous le titre “Idaho Babylone” chez Actes Sud en 2016).

Quant aux trois affiches… Je n’étais pas formé pour faire de la musique. J’étais plutôt éduqué pour faire de la politique, formé comme organisateur en 1972 par la campagne de George McGovern (contre Nixon), puis employé à plein temps par la U.S. Committee for a Democratic Spain à New York au milieu des années 70. Depuis le temps, et après tant de déplacements, j’ai perdu beaucoup de choses et même pas mal perdu l’attachement aux choses, mais je suis content d’avoir encore ces trois affiches.

Celle de gauche est une réédition des années 70, par les Industrial Workers of the World (IWW), d’une gravure sur bois de l’époque de la Première Guerre mondiale : “Appelés de tous les pays, unissez-vous ! Vous n’avez rien à perdre sauf vos généraux !” Mon grand-père, lorsqu’il était bucheron dans les années 20, était membre de ce syndicat.

La deuxième affiche – “Pyramid of Capitalist System”, également des IWW – est la reproduction d’une classique qui date de 1911. Et en haut, à gauche, on trouve une petite réclame pour le journal The Industrial Worker – “Foremost Exponenent of Revolutionary Industrial Unionism” – publié à Spokane, ma ville natale, et dont l’abonnement annuel était d’un dollar.

Et pour la troisième… Avant de me mettre à faire de la musique en 1980, ma vie tournait plutôt autour de l’Espagne. À Barcelone, pendant l’été de 1976, j’étais surpris de trouver une affiche citant “l’Internationale” – publiée, je crois, par le Partido del Trabajo – en vente au grand jour dans un kiosque sur las Ramblas. La transition démocratique post-franquiste avançait lentement, mais sûrement, et on n’avait bientôt plus besoin de moi. Par la suite, c’était grâce aux liens humains et politiques que j’avais avec ce pays, qu’on a invité mon premier groupe – Orchestre rouge – a jouer deux soirs au Rock-Ola à Madrid en pleine movida (1982).

Theo Hakola
Janvier 2018

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Henri Rouillier

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LES ESSENTIELS D’HENRI ROUILLER

“Ainsi les objets parlent pour les hommes. Ainsi l’être et le coeur rallient sous cape des berges immobiles. Il est vingt heures dix-sept et ma vie, c’est du temps passé à raconter des histoires qui ne sont pas les miennes. Aussi, cette photo convoque une forme de vulnérabilité à laquelle je ne m’attendais pas.

Cadenas et mitaines. Après novembre 2015, Audrey m’a dit qu’elle avait peur de prendre les transports en commun. J’ai mis cette idée loin de moi, j’ai dit que j’étais au-dessus de ça. L’année dernière, je me suis offert un vélo. Depuis le mois de décembre, si j’en crois mon compteur, j’ai roulé 996,8 kilomètres. J’ai pris seize fois le métro. Je le sais parce que je fais des bâtons sur un post-it. On est peu de choses.

« Y Revenir », de Dominique Ané. Tout est là : « La peur est mon pays. Peut-on l’écrire au titre du lieu de naissance sur la carte d’identité ? Ça me dédouanerait de mon incapacité à être courageux. J’envie ceux qui le sont. Mais la plupart le sont naturellement : leur courage n’est pas le fruit d’une lutte intérieure, il ne leur coûte rien. Je ne peux qu’avoir le cran d’accepter ma faiblesse, et d’en payer le prix, la peur, en espérant qu’elle suscite l’indulgence, et que les autres me laissent passer. »

Passeport. Il existe, il y a une issue.

Ordinateur. Ce matin, Louise m’a demandé ce que je ferais si je devais changer de métier. J’ai répondu que j’ouvrirais une salle de concert, que j’y mettrais des livres, de la bière et des gens sympathiques. Mais la vérité, c’est qu’en dehors d’écrire, je ne sais pas faire grand chose. Je ne veux pas faire autre chose.

Converse framboise. « Ce sont de bien belles chaussures, jeune homme », a dit l’homme à son ami, avec tout le dédain du monde. Il portait un costume ainsi que deux gros classeurs sur lesquels j’ai lu : « Gestion des comptes publics ». Nous étions dans l’ascenseur d’un bâtiment d’université et notre homme n’a pas pensé une seule seconde que je puisse enseigner ici. Ces Converse framboise, c’est ainsi que je débusque la bêtise sans faire aucun effort.

« Villa Triste », de Patrick Modiano. Il faut lire ce livre pour tout ce qu’il dit de l’admiration, des désillusions et du temps que l’on perd à ne pas s’aimer suffisamment.

Liseuse. Mon appartement regorge de bouquins qui s’entassent jusque sur la cheminée de ma chambre. Maintenant, je peux les mettre dans ma poche. C’est un secours de chaque instant.

Nintendo Switch. La toute première console que j’ai eue entre les mains, c’est une GameBoy rouge que mon frère et moi avons achetée à la Fnac d’Angers. Nous avons économisé pendant plusieurs mois pour parvenir à rassembler les 347 francs nous séparant d’elle. Dans le rayon, un rayon glacé m’a parcouru le dos quand je me suis rendu compte que nous n’avions pas prévu de budget pour acheter notre première cartouche. Depuis, je n’ai jamais cessé de jouer aux jeux vidéo. C’est un lien que j’ai avec mon frère Jean, certains de mes amis, mais aussi le moyen que j’ai trouvé pour interrompre le bruit du monde.

Clés. Je comprends depuis peu de temps le privilège que j’ai et l’importance qu’il y a à avoir des lieux à soi. Les murs m’incombent moins que les règles qui s’appliquent là où ils se font face. J’ai lu « Chez soi », de Mona Chollet. Depuis, j’ai laissé dans ma vie de l’espace pour la solitude.

Photos Polaroïd Mini. Islande, octobre 2014. Je vous souhaite d’être aimés par des gens comme Anne et Olivier.

J’ai laissé des espaces vides, pour les imprévus et ce qui reste à venir. Par ailleurs, sache que la musique est partout, qu’elle est tout ce que je suis. Mais je n’en ai pas parlé parce que sur une photo, on ne peut pas l’entendre.”

Henri Rouillier
Janvier 2018

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Matthew Edwards

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LES ESSENTIELS DE MATTHEW EDWARDS

1 — New York Tenderberry by Laura Nyro. In so much as one can consider a record essential so I consider this to be. I have never been without it wherever I have lived and I have bought copies for many of my most loved people. For me it is indispensable – It made me fall in love with the idea of New York as a passionate English schoolboy. This is the first copy I owned so excuse it’s tattiness.
2 — A key ring with my childhood address etched into a steel disc by my father. My Dad loved making things and had a very utilitarian aesthetic. I carry it with me always.
3 — A St Christopher that was given to me by my Grandmother on the day I was born. Nan had 30 grandchildren and for some reason I was the favoured one. It is always on my person.
4 —The Green Book – When I have a song 90% written it goes into this green wallet. It’s from the 1930’s and was a bookmakers racetrack diary/ note-book. I found it in a barn years ago.
5 — A 1963 Guild Parlour acoustic guitar. Bought in Santa Rosa a few years ago from a man who’d owned it from new. Sometime in 1967 he changed the headstock logo to a carved rose. As I walked away from his house with it I turned around and saw he was crying. It was precious to him and it is precious to me.
6 —The Unfortunates by BS Johnson. It gave me the name of my group. I love Johnson although this is not my favourite of his. That would be ‘Trawl’.
7 — A Season Ticket to watch Birmingham City FC. I am a Birmingham City supporter from birth. All my family are from within half a mile from the ground in Small Heath and we all supported the Blues. Being a Bluenose is an awful curse – we snatch defeat from the jaws of victory over and over again. BCFC are my only religious affiliation.

Matthew Edwards
Décembre 2017

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To buy the record – https://matthewedwardsandtheunfortunates.bandcamp.com/releases

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