Jean-Charles Dufeu

LES ESSENTIELS DE JEAN-CHARLES DUFEU

Au départ, il y a eu malentendu. J’ai par erreur cru me souvenir que la série s’appelait les Indispensables… avant de réaliser que ça n’avait rien à voir. Les Essentiels. Fichtre. Qu’est-ce qui est essentiel ? Est-ce que l’indispensable est essentiel ? Pas sûr. En relisant les consignes et en y réfléchissant un peu, puis beaucoup, j’ai fini par mettre de côté la discographie de Dylan, le beurre salé et autres choses indispensables de la vie, pour essayer de revenir à ce qui, au fin fond du fond, devait faire partie intégrante de moi, me définir de façon indiscutable. Tout simplement.
Pas facile comme boulot. Merci Pascal.
Mais j’ai finalement trouvé ça…

La page blanche

Aussi loin que remontent mes souvenirs, il y a eu une page blanche dans ma vie. Enfant, elle occupait un petit coin fuyant de mon imagination. Adolescent, elle s’est matérialisée devant moi, je l’ai même en partie recouverte. Depuis, elle ne m’a jamais quitté, comme une présence quotidienne, elle habite l’antichambre de ma conscience, et je serais tenté de dire qu’elle est ce qui m’est le plus essentiel.

La page blanche ce n’est pas le vide, ni le manque, ni l’absence. C’est le jaillissement à venir, le désir de quelque chose, le préliminaire de l’inspiration. C’est la projection de ce que la création pourrait faire de meilleur. C’est une émanation aléatoire, une goutte d’essence, de soi. C’est finalement ce que chacun veut y voir. C’est un substrat de vous-même ; un reflet fidèle de ce qui vous est essentiel.

La page blanche, c’est l’intention pure, c’est le fantasme de l’oeuvre parfaite, c’est la fulgurance d’un art qui n’a pas été corrompu par sa réalisation. C’est la cohabitation d’un passé et d’un futur, la passerelle entre soi et autrui. C’est la confrontation avec l’intime, le révélateur d’une âme, l’émanation d’un idéal enfoui. C’est “un discours aux asticots” aussi futile à la postérité qu’absolument essentiel.

C’est un dessin à concevoir.
Des mots à écrire.
Le début d’un roman.
La fin d’un poème.
Un bout de partition.
Du travail en devenir.
Essentiel donc.

Jean-Charles Dufeu
Juillet 2017

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Emmanuel Delaplanche

LES ESSENTIELS D’EMMANUEL DELAPLANCHE

Comme ces ingrédients d’une vie bonne que l’on se souhaite à chaque nouvel an ?
Des essentiels tout aussi “invisibles pour les yeux” que ceux du renard de Saint-Exupéry ? Dès lors, comment des objets seraient-ils capables de les représenter ? D’en fixer les infinies variations : celles du bonheur, de l’amour, de la réussite ; celles du corps sain, vivant, mourant ; celles de l’allégresse, de la jouissance, de l’accomplissement.

***

L’essentiel est la vie, donc ce sont les gens.
Les artistes le disent, mes proches le prouvent, mes contemporains capitaux me le montrent : l’essentiel, c’est la vie. La vie, ce sont les gens.

***

Sur un de ses disques, un de ceux du retour après des années de silence, d’anonymat, d’oubli, d’invisibilité, Bill Fay offre une somptueuse chanson qui porte le titre Cosmic Concerto (Life is people) :

Like my old dad said,
Life is people, life is people
In the space of a human face,
There’s infinite variation
It’s a cosmic concerto, and it stirs my soul

***

Les gens sont mon essentiel. Les variations de leurs visages, le produit de leurs esprits. Ceux avec qui je partage mon quotidien : ma famille. Ceux à l’autre bout de la rue, de l’objectif, de l’ordinateur, de la radio. Les gens derrière les livres, les disques, les spectacles. Sur et derrière les scènes, dans et devant les représentations. Les gens en face, à mes côtés, les gens autour du monde, amis, passants, voyageurs. Ou ceux qui ne bougent plus, privés de liberté et de mouvement.

***

Sur la photo, une clef wifi car, comme tout le reste ici, elle me porte vers les gens, leurs musiques, leurs écrits, leurs images, leurs visages, leurs pensées : leurs vies. Les autres biais techniques importent peu. Les supports aussi. Un livre parmi d’autres cependant, essentiel parmi les essentiels, Le Bavard de Louis-René des Forêts.

Un appareil photo pour le regard que je porte aux gens. Et des photos : proches (ici ma mère, mon filleul) ou musiciens (ici Kimya Dawson).

Une radio, que j’écoute abondamment. Mais j’aurais pu aussi faire apparaître le micro dans lequel je parle chaque semaine sous le pseudonyme de Tremolo aux gens d’Evreux et d’ailleurs.

Un ukulélé pour faire figurer la musique que je joue, parfois compose, et qu’il a pu m’arriver d’offrir en concert.

Une craie pour tableau noir. Celle que quotidiennement j’utilise pour faire comprendre le primordial plus que l’essentiel, pour expliquer, pour apprendre.

Toutes choses que je possède parce qu’elles sont intermédiaires entre la vie et moi.

Emmanuel Delaplanche
Juillet 2017

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Peter von Poehl

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LES ESSENTIELS DE PETER VON POEHL

Mon album s’intitule Sympathetic Magic, comme “magie noire”. Voici la définition de magie noire donnée par Wikipedia. “Dans la magie noire, un fétiche (par exemple une poupée vaudou) peut être utilisé pour créer une connexion entre une personne et un objet, mais peut aussi acquérir des pouvoirs spéciaux si on le relie à un saint, un dieu ou toute autre personne vénérée. Les mediums ou les voyants utilisent régulièrement un objet ayant appartenu à une personne disparue dans l’intention d’entrer un contact avec elle pendant la séance.”  Cette définition me semble en lien avec le principe des Essentiels. Voici donc mes objets.

Orgue Bergman
J’ai commencé à écrire les onze chansons de Sympathetic Magic après avoir sauvé ma collection de vieux claviers qui allait finir à la décharge. Des synthétiseurs bon marché et des orgues électroniques qui prenaient la poussière dans le grenier de mes parents depuis mon adolescence se sont alors retrouvés dans un tout petit studio d’enregistrement dans le centre de Paris. J’ai longtemps pensé qu’il était difficile d’écrire des chansons sur des synthétiseurs avec tous ces boutons et ces possibilités infinies. Mais comme une madeleine de Proust, ces vieux instruments m’ont parlé comme une voix du passé, et malgré leur son qui n’a rien d’élégant, ils ont résonné comme une langue que je comprenais soudain.

Le lièvre aux yeux d’ambre
J’ai récemment lu ce superbe roman écrit par l’auteur et poète Edmund de Waal. Le livre retrace l’histoire de la famille de l’auteur, entre Odessa, Paris et Vienne à travers les aventures d’une collection de sculptures miniatures japonaises, les seuls objets appartenant à sa famille que les Nazis ne parvinrent pas à aryaniser après leur prise de pouvoir en 1938. Je n’ai pour ma part pas un esprit collectionneur et j’ai, jusqu’à présent, mené une vie beaucoup trop nomade pour conserver autre chose que le strict minimum. Mais quand je regarde l’histoire de ma propre famille, je constate que la valeur des objets les plus simples dépasse largement leur usage quotidien, et je vois comment ils peuvent ressusciter le passé.

Vélo pliant Brompton
À mes yeux, le vélo est le moyen de transport idéal. Je dirais même que le vélo, en tant que construction, est le seul objet — plus qu’un instrument de musique ou du matériel d’enregistrement — sur lequel je peux fantasmer. Cette œuvre particulièrement réussie de l’ingénierie britannique est mon fidèle ami depuis plus de dix ans. Ce vélo m’a emmené à tant d’endroits que j’en ai forcément oublié certains. J’avais même fait construire un flight case à un moment pour pouvoir l’emmener en tournée.

Harlequin, de Charlotte von Poehl
Ma sœur m’a gentiment prêté une de ses œuvres pour trois de mes quatre pochettes d’albums. Je suis, comme vous pouvez l’imaginer, fan de son travail. On dit qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture, mais je crois pouvoir affirmer que sur chacun de mes disques, l’œuvre en couverture a d’une manière ou d’une autre inspiré le contenu musical.

Cordon d’un pass backstage japonais
Je m’en sers toujours en porte-clefs. Plutôt par habitude que pour son aspect pratique ou ses vertus esthétiques. Il n’y a pas très longtemps, j’ai croisé un des membres de Phoenix, qui avait joué à ce même festival cette année-là. Curieusement, il avait gardé le même pass backstage pour s’en servir de la même façon.

Râpe à parmesan
Une des questions qu’on me pose souvent c’est comment et quand j’écris une chanson. Pour moi la composition est rarement un processus avec un début et une fin bien définis. Ce sont des bouts et des morceaux qui s’assemblent de façon plutôt mystérieuse comme dans un puzzle. La composition de The Story of the Impossible était quelque peu particulière : j’habitais à l’époque dans un grand appartement à Berlin, dans le quartier de Kreuzberg, où j’avais aussi mon studio d’enregistrement. Une nuit, après une bonne assiette de penne all’arrabbiata faits maison (une recette de pâtes pour laquelle je suis plutôt doué), j’ai trouvé la partie de guitare autour de laquelle s’articule la chanson et les paroles ont suivi dans la foulée. J’ai enregistré jusqu’au petit matin ce qui était censé être une démo de la chanson mais qui a finalement terminé sur l’album. Mon ingénieur du son a joué la partie de flute et l’organiste français Charlie O. a ajouté un peu de célesta, mais c’est tout.

Peter Von Poehl
Mai 2017

En collaboration avec

Article paru initialement dans le #204 de Magic RPM (mai/ juin 2017)
Photographies par Julien Bourgeois / Mille mercis à Vincent Théval et à Magic RPM.


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Nesles

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LES ESSENTIELS DE NESLES

Il y a sans doute autant d’essentiels que d’heures dans une vie.
Cette photo aurait pu être une autre.

J’aime le bordel. Ce qui bouge. Le mouvement.
C’est une sorte d’équilibre.
Trop d’organisation me rend cinglé.
Mais trop de foutoir m’étouffe. Plus d’air.Une photographie c’est d’abord un cadre, et j’ai horreur des cadres.

Ici bien sûr, il y a ce qui est montré, mais surtout ce qui est « hors-cadre », à côté, en-dessous, enfoui dans les couches, les sous-couches – pour peu qu’on ait envie d’y passer du temps.

Prendre de la hauteur c’est se libérer d’une finitude – en l’occurrence, de celle d’une photographie.
De l’air encore.

Livres, bibelots, disques, instruments, carnets, crayons, pinceaux, radio, gommes sont autant d’organismes vivants, incessamment découverts, touchés, caressés, parcourus, lus, relus, scrutés, trimballés, écoutés, aimés, choyés, utilisés, oubliés, repris. Des milliers de fois. Sans aucune lassitude. Ou parfois si. Et sans hiérarchie aucune.
C’est une succession de cycles, de priorités ou d’abandons qui cohabitent, se chevauchent, s’annulent ou se complètent.

Bonne balade.

Nesles
Février 2017

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www.facebook.com/NESLES
nesles.bandcamp.com
waldenmusique.bandcamp.com

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Stefan Kassel

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LES ESSENTIELS DE STEFAN KASSEL (Marina Records)

If you look real close you can spot a tiny TINTIN figure (left to the MONKEES guitar).
Ahoy from Hamburg!

Stefan Kassel
Janvier 2017


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www.stefankassel.com
www.marinarecords.com

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Florent Marchet

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LES ESSENTIELS DE  FLORENT MARCHET

Tabouret piano
J’ai toujours trouvé que la plupart des tabourets de piano étaient moches et inconfortables. Un jour, je suis tombé sur cet ottoman et je l’ai convaincu de devenir tabouret de piano. Sauf qu’il ne m’avait pas dit qu’il portait des roulettes. C’est assez étrange, on a l’impression que le piano est posé sur une patinoire.

Orgue Eminent Grand Théâtre
C’est en Allemagne que j’ai trouvé cet orgue mythique que l’on entend notamment sur de nombreuses musiques de François de Roubaix (à l’époque, en 2007, il était introuvable en France à l’époque, merci “Ebay monde”). Partis à 4 heures du matin de Paris avec un ami et un Marine américain (dont les bras faisaient le double de mes jambes), nous sommes arrivés à 13h10 dans ce petit village de Bavière, accueillis froidement par une petite vieille acariâtre qui nous a reproché d’avoir dix minutes de retard ! Autre mauvaise surprise, l’orgue se trouvait au deuxième étage. L’une des plus grandes souffrances physiques de toute ma vie. Je l’ai aimé si fort que mes bras s’en souviennent…

Lapin Rose
J’entre dans le Sexodrome à Pigalle avec l’intention d’y trouver un vibromasseur.
Le vendeur me demande d’être plus précis : “vaginal, anal, clitoridien ?”. J’explique mon projet : je veux créer des matières sonores en frottant l’objet vibrant sur les cordes de mon piano. Le type alors s’implique à fond, la demande étant peu banale. Après plusieurs démonstrations nous nous mettons d’accord sur un petit lapin rose parce qu’il a plusieurs vitesses et une fonction percussive. Au moment de payer.
Lui : “Vous ne serez pas déçu, en plus il est waterproof.”
Moi : “Vous savez, je mets rarement mon piano dans l’eau (au mieux sur une patinoire).”
Lui : “Je suis désolé, d’habitude c’est un argument de vente.”

Dessin Pierre La Police
Je suis fou de ce dessinateur timbré. Je vénère Les Mousquetaires de la Résurrection. Et pourtant, avec ma femme, c’est le seul terrain sur lequel on ne se retrouve pas. Les dessins de La Police l’angoissent. Par amour elle a accepté de voir trôner dans le salon ce dessin original (signé de la main du maitre) qui a servi pour la couverture du troisième tome de Véridique !

Monocorde de Poussot
J’ai toujours rêvé de savoir jouer du violon ou du violoncelle. Mais avant de pouvoir sortir un son potable il faut du temps et beaucoup de pratique. J’ai rêvé d’un instrument à cordes où les doigts ne seraient pas obligés de fabriquer les notes, comme c’est le cas pour le piano. J’en ai rêvé et en faisant des recherches, je me suis aperçu que cet instrument avait été inventé fin XIXe par Joseph Poussot. La main droite tient l’archet et la main gauche joue les notes sur le clavier. Le pied droit reproduit le vibrato. Il n’existe que très peu d’exemplaires (environ mille deux cents) pour la simple et bonne raison que Poussot s’est noyé dans la Meuse alors qu’il n’avait pas trente ans. Après des heures passées sur des forums consacrés aux instruments anciens, j’ai eu la chance d’en trouver un. En studio, je me prends parfois pour le Jordi Savall de la pop.

Harvest de Neil Young
J’aime bien réécouter ce vinyle original de Neil Young trouvé dans une boutique à Québec. En 2006, pendant l’enregistrement de mon deuxième album (Rio Baril), nous faisons souvent référence à Harvest. Avec mon camarade Erik Arnaud nous partons à Los Angeles pour le mixage de l’album. Le studio étant assez cher, on fait un effort sur l’hébergement : l’hôtel est donc sordide mais j’aime bien cette ambiance (disons les mots, c’est quasi un hôtel de passe). Allongés sur un lit étroit et carcéral, il est difficile de trouver le sommeil, tout jet-lagués que nous sommes. Alors à quatre heures du matin nous allumons machinalement la télé et tombons sur un concert de Neil Young. Le lendemain, j’arrive dans la cour du studio et je tombe sur un type un peu crasseux avec un chien qui l’est tout autant. Je le salue, le type prend son café. Sa tête me dit vraiment quelque chose. Je rassemble ma mémoire afin de savoir dans quel bar du Berry j’ai bien pu le croiser (même si c’est peu probable). J’arrive dans la cabine de mixage, l’ingé son me dit que notre voisin de studio aujourd’hui n’est autre que Neil Young. Je retourne dans la cour, Neil envolé, disparu ! Nous ne le reverrons pas de la journée. Nous nous consolerons en caressant son chien dans la cour et lui lançant la balle, c’est déjà ça.

Florent Marchet
Janvier 2017

En collaboration avec

Article paru initialement dans le #202 de Magic RPM (janvier/ février 2017)
Photographies par Julien Bourgeois / Mille mercis à Vincent Théval et à Magic RPM.


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Le dernier album de Frère Animal, Second Tour est disponible chez PIAS LE LABEL

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Christophe Lavergne

Christophe Lavergne / Photographie DR

AU DÉBUT

Quels sont tes premiers souvenirs musicaux et/ou (photo)graphiques ?  Quelle(s) image(s) en gardes-tu ?
Christophe J’ai grandi en parcourant, grâce à mon père qui était publiciste, la revue internationale Graphis (notamment les versions annuelles). Mais c’est l’esthétique punk, puis post punk, qui m’a beaucoup séduite par sa radicalité et son urgence. C’est le premier mouvement, pour ma génération, qui imbriquait la démarche graphique et musicale. (Bazooka, Manchester, Jamie Reid…). La profusion de singles qui sortaient à ce moment-là, provoquait une émulation, une envie de participer, bien que trop jeune pour cela.

“C’est l’esthétique punk, puis post punk, qui m’a beaucoup séduite par sa radicalité et son urgence”

Ya t’il des liens entre ton parcours graphique et ta passion pour la musique ? Est-ce une démarche volontaire ou le fruit du hasard des rencontres ?
ChristopheTrès rapidement, j’ai voulu m’exprimer en liant les deux disciplines. N’étant pas doué pour le solfège, il était préférable que j’aborde le graphisme en m’inspirant de la musique !
Mon frère musicien, ayant lui, créé le groupe « Les Freluquets », naturellement, j’ai commencé à élaborer les visuels associés, tout en apprenant les techniques aux Beaux-Arts.

GRAPHISME ET MUSIQUE

Certains mouvements musicaux ont accordés une place essentielle à l’image et au graphisme. Que penses-tu de cet aspect “visuel” de la musique ?
Christophe J’ai toujours adoré quand un label ou un mouvement développait une vision artistique globale. Factory, Postcards, plus tard Mowax m’ont beaucoup inspiré. ECM est un très bel exemple de direction artistique.

“Mon approche a toujours été de lier mes aspirations artistiques et l’univers des musiciens ou chanteur que l’on doit accompagner”

Collection d’affiches-hommages à des concerts légendaires (Exposition “Losing My Stage”, Bon Marché, Paris) © Restez Vivants !
Collection d’affiches-hommages à des concerts légendaires (Exposition “Losing My Stage”, Bon Marché, Paris) © Restez Vivants !

Que penses-tu du « retour » en force du vinyle face à la dématérialisation de la musique et de sa distribution ?
Christophe L’attrait du vinyl, pour le travail de gens comme moi, permet de sortir du format CD ou numérique, de soigner les détails, jouer sur plusieurs niveaux de lecture. La vente de vinyl reste quand même un marché de niche, mais poser un disque sur une platine est un geste qui amène une solennité, du recueillement que l’on ne trouve pas avec un iPhone par exemple.

 

ARTWORK

En tant que graphiste, quelle importance accordes-tu à une pochette de disque ? Permet-elle d’ajouter une “autre” dimension à la musique ?
Christophe J’accorde une grande importance à l’élaboration d’une pochette de disque. Mon approche a toujours été de lier mes aspirations artistiques et l’univers des musiciens ou chanteur que l’on doit accompagner, il s’agit de susciter la curiosité, d’informer sur ce que l’on va trouver derrière la pochette, le visuel étant comme une carte de visite pour pénétrer un univers !

Quelles sont tes attentes vis à vis du musicien ou du groupe avec lequel tu collabores sur une pochette ?
Christophe La concertation est importante, fixer un cadre pour s’exprimer, elle permet de savoir dans quelle direction aller, si l’on doit recourir à une prise de vue ou bien une illustration. Tous les cas sont particuliers, ainsi que les budgets. Le style musical détermine la tendance du projet. Quelquefois des artistes suggèrent des collaborateurs avec qui ils sont à l’aise, mais si nous pouvons maîtriser toutes les étapes de la création, c’est préférable, par souci d’homogénéité, ceci dit, quelquefois les accidents de parcours, comme des «photos ratées», peuvent amener de bonne surprises.

Artworks © Christophe Lavergne/Restez Vivants !
Artworks © Christophe Lavergne/Restez Vivants !

“Même une pochette qui a tout pour être hideuse peut avoir de l’impact. Car c’est la vision instantanée, émotionnelle qui prédomine le jugement”

Un musicien, un groupe ou un label doivent-il avoir un univers visuel et graphique qui leur est propre ?
Christophe Chaque artiste a un univers personnel, qui évolue selon ses centres d’intérêts, ses impulsions.
En ce qui concerne les labels, je préfère les maisons de disques avec une forte identité. C’est un gage de qualité pour les mélomanes, mais cela peut être réducteur car les pochettes peuvent devenir standardisées, et donc devenir associées à un seul style musical… La complexité est de rendre la nouvelle référence homogène par rapport aux précédentes signatures tout en gardant sa singularité.

Quels sont le ou les éléments (images, typographies, message…) qui font une bonne pochette ?
Christophe —
Il n’y a pas de règles esthétiques, chaque cas est particulier, cela peut être un effet graphique, ou bien un choix typographique, la combinaison de plusieurs choses, c’est une impression générale qui amène le spectateur a éprouver une sensation devant un visuel. Même une pochette qui a tout pour être hideuse peut avoir de l’impact. Car c’est la vision instantanée, émotionnelle qui prédomine le jugement.

HALL OF FAME

Ton Top 5 des plus belles pochettes ?
Television « Marquee Moon » 1977 / Stinky Toys « 2ème album » 1979 / Joy Division « Unknow Pleasures » 1979 / T Rex « Electric Warrior » 1971 / Kraftwerk « Autobahn » (1974)… sans ordre de préférence.

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Pascal Blua
Janvier 2017

Plus d’informations sur Christophe Lavergne / Restez Vivants ! :
www.restezvivants.com

www.facebook.com/restezvivants

Le clip video “Punk! Punk! Punk !” de Country Club est réalisé par Restez Vivants ! Il a été publié à l’occasion des 40 ans du mouvement Punk, et contient près de 200 pochettes de disques créées avant 1980, qui ont été revisitées en animation.

Top 10 albums 2016 / Magic rpm

10 bonnes raisons d’aimer (quand même) 2016…
L’intimité d’un single devenu un refuge, comme une autre cabane à Liverpool — Les vertigineux méandres avant gardiste du tryptique de David Thomas Broughton — La sublime pop-folk baroque 70’s de Whitney — Les sommets du folk majestueux de Kevin Morby — La découverte fascinante du compositeur russe Mikael Tariverdiev — La magnifique extravagance de l’homme-orchestre-objet-disque (Chevalrex) — L’incandescence musicale d’Ellery Roberts avec son nouveau projet LUH (Lost Under Heaven) — Le classicisme instantané du premier album de Michael Collins (Drugdealer) — La (re)naissance du phoenix Will Sheff — La confirmation de l’immensité du talent orchestrale de Jóhann Jóhannsson.
Et puis l’éternel “Michael Head and The Strands” qui, comme chaque année, est mon meilleur album du monde.

1 – Cabane “Wooden Home / Here, In The Wind” 7″ (self edited)
2 – David Thomas Broughton “Crippling Lack” (Song, By Toad/Paper Garden Records/Le Noize Maker Records)
3 – Whitney “Light Upon The Lake” (Secretly Canadian)
4 – Kevin Morby “Singing Saw” (Dead Oceans)
5 – Mikael Tariverdiev “Film Music” (Earth Records)
6 – Chevalrex “Futurisme” (Vietnam / Because Music)
7 – LUH “Spiritual Songs for Lovers to Sing” (Mute)
8 – Drugdealer “The End of Comedy” (Weird World)
9 – Okkervil River “Away” (ATO REcords)
10 – Jóhann Jóhannsson “Orphée” (Deutsche Grammophon)

Ecouter la playlist sur Spotify

 

Ce classement a été initialement publié dans le calendrier de l’avent 2016 de Magic, Revue Pop Moderne.
(merci Vincent !)

David Champion

LES ESSENTIELS DE DAVID CHAMPION

Here you can see a collection of objects which are important to me both sentimentally and practically.

The guitar is a 1960s Gibson which I found at a flea market in Paris for a fraction of the price it should have been. It’s been a loyal and important companion ever since.

The device in the upper middle of the picture is an audio interface which we use for demoing all of our new music and as such, is a pretty crucial member of the CHAMPS team, along with the microphone on the right hand side of the picture.

Mike and I both have an interest in photography which is reflected by the two photography books here, and the two film cameras you can see which have accompanied us on many excursions and have both captured many memorable moments.

Papillon is one of my favourite books and I find this tale of human endurance and spirit against all odds to be truly inspirational.

Bodysurfers and The Cruel Sea are also personal favourites.

The red book on the right and the typewriter in the middle are both very important tools for writing. I find using a type writer to be particularly satisfying and cathartic.

Paul Simon’s Graceland has been my go-to album for the past few years and I have such huge respect for the way Simon constantly reinvents himself musically.

Finally the watch in the lower middle of picture is an heirloom which I wear every day.

David Champion (from Champs)
Décembre 2016

 

More information about David Champion and Champs
www.facebook.com/david.champion
www.facebook.com/champs
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thomas jean henri (jour 5)

LES ESSENTIELS DE THOMAS JEAN HENRI

pascal, rencontré à paris un vingt deux septembre 2016, est un homme qui écrit.

A l’encontre

les gens sont bizarres.
suis-je ma normalité ?
sont-ils si différents ?

j’aime les gens.
je ne m’aime pas assez,
ou peut-être trop ?
défier les habitudes,
jouer avec son danger,
regarder ailleurs.

j’aime la différence.
courir sur l’horizon,
bousculer le confort.
le jeu des 7 erreurs n’en est pas un,
c’est une chance.

j’aime la rencontre.
la première.
briser le miroir.
se confier mais pas trop,
on ne sait jamais.

j’ai rencontré thomas dans sa cabane,
j’ai craqué une allumette
et nourri le feu.

pascal
novembre 2016


Plus d’informations sur pascal : www.bluartwork.com
Plus d’informations sur thomas jean henri
cabanemusic.bandcamp.com

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A la une

“[…] J’ouvre l’oeil, mon esprit a croisé un démon. J’inspire, j’y vois plus clair, je réponds que oui, merci, j’écrirai, j’ai déjà une idée …

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