Theo Lawrence & The Hearts (Live Report)

Photographie © Pascal Blua

Theo Lawrence & The Hearts
Fête de la musique, Hôtel de Matignon, Paris — 21 Juin 2017

Il y a des personnes qui rêvent de monter les marches de Matignon… Pour ma part, je m’y rend ce soir pour assister à un concert. Et le souvenir ému que j’en garde, dépasse celui d’une chouette soirée musicale.

Le concert commence. Un jeune garçon passe à côté de moi, s’avance vers la scène, poussé par sa mère, qui lui a visiblement donner l’autorisation de s’en approcher. Il s’agrippe à la barrière et lui fait signe qu’elle peut repartir. Il doit bien avoir une petite dizaine d’années. La casquette qu’il porte, rivée sur la tête, ne lui enlève pas son air sage et timide.

Il n’est pas très grand et la scène est un peu haute. Il a les yeux rivés sur le groupe et plus particulièrement sur Theo, qui occupe le devant de la scène. Droit comme un i, sans bouger d’un quart de millimètres, il ne le quitte pas des yeux. Il est figé, comme « émerveillé ».

Il m’entend murmurer les paroles d’une chanson, se retourne et nos regards se croisent. Je perçois un mélange de concentration et de bonheur dans ses yeux. Il me sourit et d’un coup d’oeil, nous sommes devenus complices.
Je m’interroge… est-ce son premier concert ? …une sortie longuement négociée ou le hasard d’une déambulation dans les rues un soir de Fête de la musique ?

Sa mère viendra le voir plusieurs fois. Ses allers-retours nous agace. Je me pousse pour la laisser passer, il se retourne pour lui dire que tout va bien. A chaque fois, j’entends son regard me supplier : « S’il vous plait monsieur, dites lui qu’elle me laisse tranquille ».

Nous n’aurons finalement pas trouver l’occasion de nous parler. Mais ce que nous nous sommes dit ce soir là, à travers nos regards passionnés, dépasse les mots.


Pascal Blua

Epilogue.
En partant,  je ne peux m’empêcher de penser à cette soirée de 1978 où j’ai assisté médusé à mon premier concert. Après, plus rien n’a été pareil. J’espère de tout coeur que ce sera la même chose pour lui.

Ce  texte est dédié à Theo Lawrence & The Hearts.

theolawrencemusic.bandcamp.com

 

Bertrand Lapicorey

My essentials for Stereographics © Bertrand Lapicorey

LES ESSENTIELS DE BERTRAND LAPICOREY

“ Demandez-moi mon film, mon disque préféré, les livres que j’emporterais sur une île déserte, ou les choses dont je ne pourrais pas me passer (le fameux “jamais sans mon/ma/mes…”) et instantanément je me tétanise comme le hérisson, le lièvre, le renard, le sanglier, la biche, la chèvre, le cerf, le chamois, ou le bouquetin (je suis bien évidemment complètement indécis question totem animal) la nuit pris dans les phares d’une voiture. Mon cerveau se fige avant de repartir au ralenti, c’est en général le moment où après un long silence gêné je sors des noms qui me passent par la tête en poussant un soupir de soulagement, équivalent à une sortie d’apnée, une fois la tâche accomplie.
C’est dire ma réaction quand j’ai reçu un email de Pascal Blua me proposant de participer à son projet des “Essentiels”. Incapable de choisir comme dans une pièce de Corneille, de trier ou de réduire à l’essentiel, j’ai fini par faire une liste touffue, baroque, de bric et de broc, de lieux, de films, de livres, de disques et d’artistes qui cartographient mon univers et jalonnent mon parcours toujours en mouvement, poussé par la découverte, la curiosité, l’échange et le partage. Elle me dévoile autant qu’elle me dissimule, c’est peut-être pour ça qu’elle est très longue.

Bertrand Lapicorey
Juin 2017

Plus d’informations sur Bertrand Lapicorey
www.facebook.com/bertrand.lapicorey
culturismeblog.com

My essentials for Stereographics by Bertrand Lapicorey
© Bertrand Lapicorey / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Visuel créé à partir d’une peinture de Carmen Herrera (b. 1915), Green and Orange, 1958.
Acrylic on canvas  (152,4× 182,9 cm). Collection of Paul and Trudy Cejas © Carmen Herrera

JC Brouchard

My essentials for Stereographics © JC Brouchard

LES ESSENTIELS DE JC BROUCHARD

Mon premier réflexe pour ces Essentiels a été de commencer mentalement une sélection de disques et de livres qui comptent pour moi. Un pari impossible. Ne serait-ce que pour les disques. J’en chronique régulièrement dans mon blog depuis onze ans et demi maintenant, soit plus de 1.350 disques. Ils ne sont pas tous essentiels, mais ils ont tous une histoire et m’ont tous intéressé à un moment ou un autre. Alors, trier dedans, à quoi bon ? Sans parler de tous les autres qui n’ont pas eu droit à leur chronique.
Très vite, j’ai changé d’avis et je me suis dit que, à la rigueur, je pourrais me passer si je le devais de ma discothèque et de ma bibliothèque, mais il y a une chose qui est devenue essentielle pour moi, c’est mon ordinateur, avec ses données sur le disque dur et sa connexion à Internet. Avec ça, si le chat me laisse y accéder, je peux écouter de la musique, rédiger des textes et les publier en ligne, communiquer avec les amis et des inconnus, m’informer, faire des achats… Ça me va bien !

JC Brouchard
Mai 2017

Plus d’informations sur JC Brouchard
vivonzeureux.blogspot.fr

My essentials for Stereographics by JC Brouchard
© JC Brouchard / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Cathy Claret

My essentials for Stereographics © Cathy Claret

LES ESSENTIELS DE CATHY CLARET

J’ai pris 3 ou 4 objets à la volée sans trop réfléchir, je suis très instinctive. Ensuite, j’ai fait une photo avec mon téléphone et j’ai vu que tout mon monde était là… c’est étonnant !

Dans ce petit monde (le mien) on peut voir :

Au sol, le drapeau gitan : le bleu et le vert représentent le ciel et la terre et la roue rouge, le nomadisme.
C’est le seul drapeau que j ‘aime car il ne représente pas un pays mais au contraire, la liberté totale !

Un disque de Camarón de la Isla, mon idole, un vrai rockeur gitan.

Un funambule car j’adore me jeter dans le vide sans savoir ou je vais. J’aime le cirque.

Le métronome représente la musique. qui est ma vie et ma passion.

Le cendrier Perrier représente les sources d´eau du département du Gard d’où je suis originaire.

Une petite TV, comme le symbole de mon amour pour les réseaux sociaux.

Et la petite danseuse qui pourrait être ma fille….

C’est fou, j’ai choisi ces objets quasiment au hasard et après analyse, c’est tout a fait moi !

Cathy Claret
Juillet 2017

Plus d’informations sur Cathy Claret
www.facebook.com/cathyclaretoficial
www.instagram/cathyclaret
www.twitter.com/cathyclaret
www.facebook.com/cathyclaret

My essentials for Stereographics by Cathy Claret
© Cathy Claret / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Peter von Poehl

My essentials for Stereographics © Peter von Poehl

LES ESSENTIELS DE PETER VON POEHL

Mon album s’intitule Sympathetic Magic, comme “magie noire”. Voici la définition de magie noire donnée par Wikipedia. “Dans la magie noire, un fétiche (par exemple une poupée vaudou) peut être utilisé pour créer une connexion entre une personne et un objet, mais peut aussi acquérir des pouvoirs spéciaux si on le relie à un saint, un dieu ou toute autre personne vénérée. Les mediums ou les voyants utilisent régulièrement un objet ayant appartenu à une personne disparue dans l’intention d’entrer un contact avec elle pendant la séance.”  Cette définition me semble en lien avec le principe des Essentiels. Voici donc mes objets.

Orgue Bergman
J’ai commencé à écrire les onze chansons de Sympathetic Magic après avoir sauvé ma collection de vieux claviers qui allait finir à la décharge. Des synthétiseurs bon marché et des orgues électroniques qui prenaient la poussière dans le grenier de mes parents depuis mon adolescence se sont alors retrouvés dans un tout petit studio d’enregistrement dans le centre de Paris. J’ai longtemps pensé qu’il était difficile d’écrire des chansons sur des synthétiseurs avec tous ces boutons et ces possibilités infinies. Mais comme une madeleine de Proust, ces vieux instruments m’ont parlé comme une voix du passé, et malgré leur son qui n’a rien d’élégant, ils ont résonné comme une langue que je comprenais soudain.

Le lièvre aux yeux d’ambre
J’ai récemment lu ce superbe roman écrit par l’auteur et poète Edmund de Waal. Le livre retrace l’histoire de la famille de l’auteur, entre Odessa, Paris et Vienne à travers les aventures d’une collection de sculptures miniatures japonaises, les seuls objets appartenant à sa famille que les Nazis ne parvinrent pas à aryaniser après leur prise de pouvoir en 1938. Je n’ai pour ma part pas un esprit collectionneur et j’ai, jusqu’à présent, mené une vie beaucoup trop nomade pour conserver autre chose que le strict minimum. Mais quand je regarde l’histoire de ma propre famille, je constate que la valeur des objets les plus simples dépasse largement leur usage quotidien, et je vois comment ils peuvent ressusciter le passé.

Vélo pliant Brompton
À mes yeux, le vélo est le moyen de transport idéal. Je dirais même que le vélo, en tant que construction, est le seul objet — plus qu’un instrument de musique ou du matériel d’enregistrement — sur lequel je peux fantasmer. Cette œuvre particulièrement réussie de l’ingénierie britannique est mon fidèle ami depuis plus de dix ans. Ce vélo m’a emmené à tant d’endroits que j’en ai forcément oublié certains. J’avais même fait construire un flight case à un moment pour pouvoir l’emmener en tournée.

Harlequin, de Charlotte von Poehl
Ma sœur m’a gentiment prêté une de ses œuvres pour trois de mes quatre pochettes d’albums. Je suis, comme vous pouvez l’imaginer, fan de son travail. On dit qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture, mais je crois pouvoir affirmer que sur chacun de mes disques, l’œuvre en couverture a d’une manière ou d’une autre inspiré le contenu musical.

Cordon d’un pass backstage japonais
Je m’en sers toujours en porte-clefs. Plutôt par habitude que pour son aspect pratique ou ses vertus esthétiques. Il n’y a pas très longtemps, j’ai croisé un des membres de Phoenix, qui avait joué à ce même festival cette année-là. Curieusement, il avait gardé le même pass backstage pour s’en servir de la même façon.

Râpe à parmesan
Une des questions qu’on me pose souvent c’est comment et quand j’écris une chanson. Pour moi la composition est rarement un processus avec un début et une fin bien définis. Ce sont des bouts et des morceaux qui s’assemblent de façon plutôt mystérieuse comme dans un puzzle. La composition de The Story of the Impossible était quelque peu particulière : j’habitais à l’époque dans un grand appartement à Berlin, dans le quartier de Kreuzberg, où j’avais aussi mon studio d’enregistrement. Une nuit, après une bonne assiette de penne all’arrabbiata faits maison (une recette de pâtes pour laquelle je suis plutôt doué), j’ai trouvé la partie de guitare autour de laquelle s’articule la chanson et les paroles ont suivi dans la foulée. J’ai enregistré jusqu’au petit matin ce qui était censé être une démo de la chanson mais qui a finalement terminé sur l’album. Mon ingénieur du son a joué la partie de flute et l’organiste français Charlie O. a ajouté un peu de célesta, mais c’est tout.

Peter Von Poehl
Mai 2017

En collaboration avec

Article paru initialement dans le #204 de Magic RPM (mai/ juin 2017)
Photographies par Julien Bourgeois / Mille mercis à Vincent Théval et à Magic RPM.


Plus d’informations sur Peter von Poehl
www.facebook.com/petervonpoehl
www.petervonpoehl.com

My essentials for Magic RPM by Peter von Poehl
© Peter von Poehl / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Marianne Vergé

My essentials for Stereographics © Marianne Vergé

LES ESSENTIELS DE MARIANNE VERGÉ

Du thé, mais pas n’importe lequel : boire plusieurs tasses de thé m’est absolument indispensable le matin. Mes préférés sont le Earl Grey que l’on trouve chez Mariage Frères, au Palais des Thés, chez Bacquié à Toulouse ou encore à la Maison Arostéguy à Biarritz. Sur la photo, c’est le “Wedding Imperial” de Mariage Frères, un thé noir avec un parfum subtil de chocolat et de caramel. Enveloppant et réconfortant..

J’ai découvert la bière “IPA” lors d’un récent séjour à NY et j’en suis devenue accro. Je ne bois pas de vin, alors mes amis (ceux qui me connaissent bien !) ont la gentillesse de me réserver une petite bouteille de bière lorsqu’ils m’invitent à dîner.

Ce poste de radio lecteur CD me suit depuis mes années étudiantes, l’époque des premiers CD. Je ne me résous pas à m’en séparer. Le son est très bon et il a un lecteur K7 au cas où je voudrais un jour ré écouter celles que je n’ai pas jetées. J’écoute beaucoup la radio. J’adore qu’on me raconte des anecdotes sur des groupes et des chanteurs, comme le fait Michka Assayas sur France Inter. J’ai écouté bien sûr Bernard Lenoir pendant des années, et plus récemment, feu l’émission de Vincent Théval “Label Pop”.

Je ne suis pas fétichiste mais cette boîte vidée de ses biscuits corses contient les billets de tous les concerts que j’ai vus. Le plus ancien, c’est Elton John en 1984, le dernier en date c’est Grandaddy, un de mes groupes préférés.
Entre les deux, j’ai gardé comme tout le monde des souvenirs impérissables, entre autres The Cure à Toulouse en 1985, House of Love à Lille en 1993, Dominique A + Divine Comedy à Strasbourg en 1994, Radiohead à Rock en Seine en 2006…

Deux disques m’ont particulièrement marquée : “Aladdin Sane” de Bowie découvert vers 11 / 12 ans, un peu avant la déferlante “Let’s dance”. Bowie, c’est une histoire familiale. Je me suis rendue compte des années plus tard que c’était également le cas chez plusieurs amis. Il a été à une époque une sorte de fil conducteur dans mes amitiés. Bref, une star qui pour beaucoup d’entre nous est mêlée à l’histoire intime.
“Psychocandy” de Jesus & Mary Chain a été un autre de ces disques importants, ceux qui marquent le passage à une autre période de la vie (j’aurais pu citer aussi un disque des Smiths). L’écouter me procure aujourd’hui autant de frissons que lorsque j’avais à 16 ans.

Une assiette pour illustrer le pays basque où j’aime de plus en plus me rendre, où la “douceur de vivre” n’est pas un cliché. Tout y est beau, doux et agréable : les villages, les paysages de mer et de montagne, la cuisine, la météo, ses habitants… Il y a aussi un très bon cinéma à Biarritz, le Royal.

Cette boîte de bonbons est décorée avec une affiche ancienne de Soulac-Sur-mer (33780), une jolie station balnéaire du Médoc – c’est aussi une commune qui a connu un petit essor économique fin XIX° / début XX° – qui m’évoque des souvenirs d’enfance et d’adolescence lumineux. Une partie de ma famille y est née, y a vécu ou y vit encore. Hélas, je n’ai plus trop d’occasions d’y aller..

Mon tapis de Yoga. Cette discipline est pour moi essentielle, je la pratique depuis une vingtaine d’années. Le Yoga compte parmi ses innombrables bénéfices celui d’éveiller les sens… voir ci-dessus.

Marianne Vergé
Avril 2017

Plus d’informations sur Marianne Vergé
www.facebook.com/mariaaaaaanne

My essentials for Stereographics by Marianne Vergé
© Marianne Vergé / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Jens Lekman (Live Report)

Jens Lekman / Photographie © Philippe Bertrand

Jens Lekman
Festival Clap Your Hands, Café de la Danse, Paris — 21 Avril 2017

Jamais je n’aurai cru voir un jour Jens Lekman sauter sur scène comme un lapin, dès l’introduction de l’une de ses chansons !

Depuis ses premiers EP et une fabuleuse soirée à Mains d’Oeuvres en 2006 (aux cotés de Richard Swift et de Bill Wells, soirée à jamais gravée dans mes beaux souvenirs), Jens Lekman occupe une place particulière dans mon coeur et, pour rien au monde, je ne le raterai sur scène, comme sur disque.

Ce soir, le concert est un cocktail de calyspo-pop, de nova-disco et de samba-bossa qui séduit, chavire et emporte le public.

Mais pas moi.

Heureusement, après une petite heure en groupe, Jens revient seul sur scène.
Seul avec sa guitare, avec ses fabuleuses chansons-cartes postales et son art de la narration sans pareil.

Je retrouve alors, entre trois accords et deux silences, un sourire plus grand que tous ces habillages sonores.

En fait, Jens Lekman n’a pas besoin d’artifices.
Il se suffit à lui même.

I come running with a heart on fire.


Pascal Blua


soundcloud.com/jens-lekman
jenslekman.com/postcards

Photographie © Philippe Bertrand

 

Nick Ellis

My essentials for Stereographics © Nick Ellis

LES ESSENTIELS DE NICK ELLIS

1. Guitar ‘The Swede’  – The is the essential item in my life. It gets played everyday and has been used at every gig i’ve played over the last 6 years. It has travelled thousands of miles with me. It’s strong, loud and never goes out of tune. I once hit someone over the head with it when they tried to steal it while I was busking, and afterwards, still, it stayed in tune. I picked this guitar up in Stockholm, Sweden one Summer when I was busking around Europe. The Swede is not just a guitar, it is a voice. Or, maybe it’s a weapon?
2. A blank page and a pen – With a simple pen and a blank page, the smallest seed of an idea can become an important work of art. Essential for any thinker.
3. Photograph of my Uncle, Gerrard Parker – This man was the catalyst and inspiration for the greatest journey I ever took: life.
4. Book ‘Journey to the end of the night’ by Celine – Louis- Ferdinand Celine was the pen name for Louis-Ferdinand Auguste Destouches, a French novelist. Not only is this novel one of the greatest stories put to paper, but it’s magic is in it’s style. It broke the mould in the 20th Century. The style of writing in this book paved the way for many other great writers. No Celine – no Kerouac, no Dylan, no 60’s.
5. Love ‘Forever Changes’ – I found this record in a bin when I was 16. I knew nothing about them, went home and put it on. Forever changed. It was the first ‘hippy’ record I ever saw that had both black and white people on. I liked that. They looked like serious fucking dudes. For me, it is the greatest album ever written. Beautiful arrangements, fantastic writing, timeless sounds. A cross between classical and folk. Poetry of youth. The soundtrack of lives lived. There is nothing else quite like it. These guys were so young when they made this, 19 or 20 and the subject matter that they write about asks such big questions for such young minds. There is magic in this record that no other album seems to possess. i’ve never heard anything as good, since.
6. The Rolling Stones ‘Sticky Fingers’ – I like to fuck to this record and so does every woman I’ve ever met. If you don’t believe me, try it.
7. An English Dictionary – A Dictionary is the only book you’ll ever need. It’s works in a very simple way. If you don’t know what something means, look up the word and there’s your answer. Any other research can develop from there. Essential for any writer, thinker or word-lover. To know words is to understand language, to understand language is to know how to communicate. And communication is the essential thread of life.

Nick Ellis
March 2017


Plus d’informations sur Nick Ellis
www.facebook.com/Nick-Ellis-Music
soundcloud.com/nick-ellis
mellowtonerecords.com

My essentials for Stereographics by Nick Ellis / Photography by Robin Clewley Photography.
© Nick Ellis / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Jens Lekman

My essentials for Stereographics © Jens Lekman

Read English version

LES ESSENTIELS DE JENS LEKMAN

Je ne suis pas très attaché aux objets, mais il y a certaines choses que je chéris, et dont voici les clefs.
(de gauche à droite et de haut en bas)

 1
C’est la clef de l’appartement où je vis avec ma petite amie. C’est un petit logement sympathique, dans le quartier ouest de Göteborg. Lorsqu’on a emménagé, il y avait un gros trou dans le mur. Le gars qui avait habité là plus tôt nous a dit qu’il avait construit un bar dans l’appartement à l’occasion d’une fête un jour, ce qui expliquait pourquoi il avait fait un trou dans le mur - il voulait pouvoir servir les verres à travers. On a fait réparer ce trou, on a considéré qu’on n’aurait pas besoin d’un bar chez nous. Avant je détestais ce quartier.
J’ai grandi dans une banlieue pauvre, un endroit où il était important de s’habiller comme si on valait plus que ce qu’on était. Adolescent, je me souviens avoir rencontré des gens issus du quartier où j’habite aujourd’hui, qui s’habillaient mal alors que leurs parents gagnaient bien leur vie. Je ne comprenais pas. Ils appartenaient à une classe moyenne ou à la bourgeoisie culturelle et intellectuelle, leurs parents étaient journalistes, écrivains, designers. Ils n’étaient pas richissimes mais ils connaissaient le langage et les codes de ce monde culturel auquel je voulais appartenir. Ils étaient nés dedans. Je les jalousais. Et je leur en voulais d’avoir ces privilèges.
Aujourd’hui je vis là, finalement, au milieu des cafés chers et des magasins de mobilier vintage. Tous mes amis vivent ici, qu’est-ce-que vous voulez… On a trouvé un endroit pas cher, un des derniers dans le coin. Ma petite amie et moi venons de banlieues défavorisées. Aujourd’hui elle est psychologue et elle étudie l’art. Et je suis musicien et artiste. Si nous avons des enfants, ils seront ces enfants que je haïssais quand j’étais petit. C’est-à-dire à peu près tous les jours, on peut l’entendre souffler à travers elles, comme si quelqu’un jouait du violon.

3
C’est la clef du bunker où je travaille. Je m’y suis installé il y a très peu de temps. Avant, j’avais un studio très agréable en ville, qui surplombait le gros stade d’où on pouvait entendre les hurlements, les soirs d’été, lorsque Zlatan marquait un but ou qu’Iron Maiden montait sur scène. Mais c’était devenu trop cher de rester là. Maintenant je travaille dans ce bunker avec juste une minuscule fenêtre dans un coin, et le vrombissement des camions qui secouent les murs quand ils passent à côté pour rejoindre la zone industrielle voisine.
J’ai un esprit apocalyptique, une âme survivaliste, et parfois je fantasme à l’idée que je vais voir le monde s’effondrer et se désintégrer. Une guerre nucléaire ou une épidémie.
Peut-être que c’est parce que j’ai grandi dans les années 80.  En tous cas, dans mon fantasme, je reste vivant parce que je suis dans mon bunker. Et je parviens à survivre grâce aux conserves de soupe de lentilles que j’ai stockées dans mon frigo ici, et grâce aux crackers Wasa et au beurre de cacahuète dont j’ai fait des provisions à l’épicerie du coin. Je ferme les volets pour éviter la radiation et les pillages, j’ouvre une nouvelle conserve de soupe de lentilles et je continue à travailler sur ce beat sur lequel je travaille depuis des semaines.
Le monde n’est plus et je peux continuer à faire ma musique. Personne ne va me déranger pour une histoire de promotion ridicule ou pour des dîners familiaux. Ce ne sera plus que moi, ma musique, et trois cents conserves de soupe de lentilles. Le rêve.

4
C’est la clef en or que j’ai fait faire pour mes tournées en 2009. J’ai commencé à en porter une sur scène et le gens me demandaient quelle était son utilité. Je ne savais pas quoi répondre. Mais ils ont commencé à vouloir en acheter aussi alors j’ai dit “bien sûr” et j’ai trouvé ce gars qui pouvait les fabriquer et inscrire mon nom dessus. Elles se sont très bien vendues et j’ai compris ce qu’elles représentaient déjà avant même que je commence à les éditer : ce sont des symboles de confiance en soi, de confiance en l’avenir. Vous portez cette clef quand vous savez que vous allez avoir besoin de courage, qu’il va falloir prendre une décision importante ou orienter votre vie dans une direction particulière. Elle vous rappelle qu’il ne faut pas vous dégonfler, pas cette fois mec ! Je continue de la garder avec moi où que j’aille, parfois j’en ai moi-même besoin.

5
C’est la clef du frigo où je garde mes conserves de soupe de lentilles.

Jens Lekman
Mars 2017

En collaboration avec

Article paru initialement dans le #203 de Magic RPM (mars/avril 2017)
Traduction Johanna Seban.
Mille mercis à Vincent Théval et à Magic RPM.


Plus d’informations sur Jens Lekman
www.facebook.com/JensLekman
jenslekman.com

My essentials for Magic RPM by Jens Lekman
© Jens Lekman/ All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

I’m not much for things and objects, but I do treasure a few things and these are the keys to them.
(Left to right and top to bottom)

1
This is the key to my apartment where I live with my girlfriend. It’s a nice little place in west Gothenburg. When we moved in there was a big hole in the wall. The guy who lived here before us said he had had a bar set up once for a party, that explained why he had made a hole in the wall – so he could serve drinks through it. We had it fixed, we didn’t see a need for an indoor bar.
The area was once a place I hated. I grew up in a poor suburb, a place where it was important to dress like you were better off than you were. And as a teenager I remember meeting people from this neighborhood where I now live, who dressed down even though their parents were doing well. I didn’t get it. They belonged to a cultural and intellectual upper/middleclass, their parents were journalists, designers, writers. They weren’t necessarily filthy rich but they knew the language and codes in this world of culture that I wanted to be a part of. They were born into it. I was jealous of them. And mad at them for their privileges.
Now I live here at last, among expensive cafés and vintage furniture stores. All my friends live here so what can you do. We found a cheap place, one of the last few. Both me and my girlfriend come from poor neighborhoods. Now she’s a psychologist who studies art. And I’m a musician/ artist. If we have kids they would be those kids I hated when I grew up.

2
This is the key to my bike. It’s not a great bike. It’s the bike I got from my dad when he got a new one. A black citybike, very heavy with too much gear on it. It doesn’t receive many compliments from bike enthusiasts or people in general really. But it’s a bike that works and that’s all I want. I ride it to work everyday, it’s a 40 minute ride through the city to the other side. If I’m lucky, I catch the wind blowing in from the sea in the morning, that gives me speed and means I’ll get to work with no sweat. If I’m unlucky I’ll have that same wind blowing against me on my way home. Halfway through I ride by the cranes in the harbour, the same cranes I sing about on the track Dandelion Seed on the new album. On a windy day, which is almost everyday, you can hear the wind blowing through them, sounding like violins.

3
This is the key to my bunker where I work. I just moved in, I used to have a really nice studiospace in the city that overlooked the big stadium where on summernights you could hear the roar when Zlatan scored a goal or Iron Maiden went on stage. But it just got too expensive to stay there. Now I’m in this bunker with one tiny window in the top corner and the rumbling of trucks shaking the walls as they drive by on their way to the nearby industrial area. I have an apocalyptic mind, a prepper soul, and sometimes I fantasize about how I see the world outside crumble and disintegrate. Nuclear war or virus outbreak. Maybe a product of having grown up in the early 80’s. But in my fantasy I stay alive because I’m in my bunker. And I manage to survive on the cans of lentilsoup I’ve got stocked in my fridge here, and the Wasa crackers and the peanutbutter that I’ve been hoarding at the local market around the corner. I cover the windows for radiation and looters and while I open another can of lentilsoup I keep working on that beat I’ve been working on for weeks. The world has ended and I can just keep making music. No one to bother me with silly press requests or family dinners. Just me, my music and 300 cans of lentilsoup. What a dream.

4
This is the golden key I had made for my tours in 2009. I started wearing one just like that on stage and people asked me what it was for and I didn’t know. But they wanted to buy them so I said sure and I found this guy who could produce them and had my name inscribed on them. They sold pretty well and I managed to figure out what they stood for before I released them – they are a token of confidence and certainty. You put it on when you know you need to be brave and make a big decision or steer your life in a very specific direction. It reminds you to not chicken out, not this time buddy! I still keep this with me wherever I go, sometimes I need it myself.

5
This is the key to the fridge where I keep all my lentilsoup.

Jens Lekman
March 2017

In collaboration with

Article originally published in Magic RPM  #203 (march/april 2017)

Infos about Jens Lekman
www.facebook.com/JensLekman
jenslekman.com

My essentials for Magic RPM by Jens Lekman
© Jens Lekman/ All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Sean O’Hagan (Live Report)

Sean O'Hagan / Photographie © Louis Teyssedou

Sean O’Hagan
,
Le Kalif, Rouen — 25 Mars 2017

Il y a fort longtemps, j’ai eu l’immense plaisir d’assister à un concert acoustique de Grant Mc Lennan.
À l’époque, il n’était pour moi qu’un demi Go-Betweens. Pourtant, les chansons qu’il a interprété seul à la guitare ce soir là, restent l’une de mes plus belles émotions musicales.

Grâce à lui, j’ai pris conscience de la force du “songwriting”.

De la force de se mettre à nu, seul.

De livrer les mélodies et les mots dénudés d’apparat à la candeur du moment, au jugement d’un public qui n’a que votre voix et votre instrument comme guide.

Du risque de confronter ses chansons dans leur plus simple appareil à ce qui reste l’essentiel : l’émotion partagée.

Debout avec sa guitare ou assis derrière un piano, j’ai retrouvé ce soir en écoutant Sean O’Hagan, la beauté discrète de l’âme de Grant Mc Lennan.


Pascal Blua

Ce  texte est dédié à Amanda Brown.
Merci à Cédric et à Louis.


Photographie © Louis Teyssedou
www.highllamas.com