David Cairat

LES ESSENTIELS DE DAVID CAIRAT

“J’ai choisi d’introduire chacun de mes essentiels par un extrait de chansons qui me tiennent à cœur et qui expriment à leur façon le sens ou l’importance que ces essentiels revêtent à mes yeux, un peu comme des haïkus musicaux.”

Ma pile de livres rock
“Our aspirations… are wrapped up in books”.
Extrait de: “Wrapped up in books” par Belle and Sebastian, sur l’album: “Dear Catastrophe Waitress”.

“Écrire sur la musique, c’est comme danser (sur) de l’architecture. C’est quelque chose de très stupide.”  Cette phrase attribuée à Frank Zappa m’a toujours interpellé. Comment (d)écrire l’indicible : la ligne de basse de Joy Division, le motif d’une fugue de Bach, ce moment dans le concert qui te prend aux tripes ?  Qu’elles soient écrites avec passion, bonne ou mauvaise foi, maladresse, en quelques lignes sur un blog ou dans une exégèse de centaines de pages, je ne me lasse pas de lire les émouvantes tentatives de ces auteurs, modernes Sisyphe au service de la cause musicale.

Mon horloge vinyle
« Le temps me laisse passer, je lui dis : après toi”.
Extrait de : « Après toi », par JP Nataf sur l’album : “Clair”.

Cet objet chiné à Londres est au croisement de deux de mes obsessions, le temps (ou plutôt la ponctualité) et la musique.  Je cours tout le temps pour être à l’heure. J’arrive non pas à l’heure pour le concert. Non pas à l’heure pour la première partie du concert. Non pas à l’heure pour l’ouverture des portes de la salle. J’arrive avant l’ouverture de la salle. Et j’attends. Patiemment. Remplacer “salles de concert” par (au choix) : gare, aéroport, cinéma … Ca fait des années que ça dure.

Mon chat
“Chat, Petit fauve, Dieu des alcôves”
Extrait de : « Chat », par Brigitte Fontaine sur l’album : « Les Palaces ».

C’est le plus récent de mes essentiels. Il s’est imposé à la vitesse de l’éclair. Une belle bête avec boîte à miaou intégrée et moteur à ronron en parfait état de marche.

Mon DVD de Phantom of the Paradise
“Dream a bit of style. We’d dream a bunch of friends. Dream each others’ smile. And dream it never ends”
Extrait de : « Faust », par Paul Williams sur la Bande Originale du Film.

Un essentiel qui intersecte plusieurs de mes passions : cinéma américain des années 70, rock, comédies musicales et modernes mythologies (Faust, Dorian Gray, Fantôme de l’Opéra). Baroque et inépuisable.

Ma machine à café
“Hope the morning coffee does the trick. Hope it clears my mind, makes the day more worth it”.
Extrait de: “Hymn for the coffee”, par Hefner, sur l’album: “Breaking God’s heart / Hefner Soul EP”.

Hefner … What else ? Cette chanson d’un de mes groupes cultes m’évoque mon addiction irrémédiable à la caféine. Depuis des années je ne peux me passer ni de l’un ni de l’autre.

Mon alliance
“This is a man’s world … but it would be nothing without a woman”.

Extrait de: “It’s a Man’s Man’s Man’s World”, by the Godfather of soul évidemment.
Le reste du texte de cette chanson m’a toujours semblé très macho mais la rédemption vient par cette phrase magique. Alors comment mieux conclure ces essentiels qu’en évoquant ma famille, et en particulier celle qui m’est essenti’elle ?

David Cairat
Avril 2018

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Jean-Charles Dufeu

LES ESSENTIELS DE JEAN-CHARLES DUFEU

Au départ, il y a eu malentendu. J’ai par erreur cru me souvenir que la série s’appelait les Indispensables… avant de réaliser que ça n’avait rien à voir. Les Essentiels. Fichtre. Qu’est-ce qui est essentiel ? Est-ce que l’indispensable est essentiel ? Pas sûr. En relisant les consignes et en y réfléchissant un peu, puis beaucoup, j’ai fini par mettre de côté la discographie de Dylan, le beurre salé et autres choses indispensables de la vie, pour essayer de revenir à ce qui, au fin fond du fond, devait faire partie intégrante de moi, me définir de façon indiscutable. Tout simplement.
Pas facile comme boulot. Merci Pascal.
Mais j’ai finalement trouvé ça…

La page blanche

Aussi loin que remontent mes souvenirs, il y a eu une page blanche dans ma vie. Enfant, elle occupait un petit coin fuyant de mon imagination. Adolescent, elle s’est matérialisée devant moi, je l’ai même en partie recouverte. Depuis, elle ne m’a jamais quitté, comme une présence quotidienne, elle habite l’antichambre de ma conscience, et je serais tenté de dire qu’elle est ce qui m’est le plus essentiel.

La page blanche ce n’est pas le vide, ni le manque, ni l’absence. C’est le jaillissement à venir, le désir de quelque chose, le préliminaire de l’inspiration. C’est la projection de ce que la création pourrait faire de meilleur. C’est une émanation aléatoire, une goutte d’essence, de soi. C’est finalement ce que chacun veut y voir. C’est un substrat de vous-même ; un reflet fidèle de ce qui vous est essentiel.

La page blanche, c’est l’intention pure, c’est le fantasme de l’oeuvre parfaite, c’est la fulgurance d’un art qui n’a pas été corrompu par sa réalisation. C’est la cohabitation d’un passé et d’un futur, la passerelle entre soi et autrui. C’est la confrontation avec l’intime, le révélateur d’une âme, l’émanation d’un idéal enfoui. C’est “un discours aux asticots” aussi futile à la postérité qu’absolument essentiel.

C’est un dessin à concevoir.
Des mots à écrire.
Le début d’un roman.
La fin d’un poème.
Un bout de partition.
Du travail en devenir.
Essentiel donc.

Jean-Charles Dufeu
Juillet 2017

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The Apartments dans SLATE

Un article panoramique, récit d’une aventure de quatre décennies à travers les témoignages de ses principaux acteurs.