Lonny

LES ESSENTIELS DE LONNY

“Tout le secret du bonheur du Contemplateur est dans son refus de considérer comme un mal l’envahissement de sa personnalité par les choses”
Francis Ponge, Le parti pris des choses

Ma bague au Quartz Rose
J’ai un rapport assez mystique aux bijoux, surtout ceux avec des pierres. Je les choisis scrupuleusement selon les propriétés que je leur invente.

Une photo de mon enfance
J’ai trois ans dessus. J’ai le regard très perdu et très au courant à la fois. Je me salue régulièrement, comme pour préserver quelque chose de cette époque.

Alto
Il est Québécois. C’était l’alto de mon prof, François.
Je crois que cet instrument et son propriétaire m’ont tous les deux ouvert une porte vers la musique…Quelque chose qui a à voir avec la simplicité et la respiration. Je crois que c’est crucial, pour que la musique fasse son chemin jusqu’au bout.

« Legolas », mon Lierre du Jura
Mon amie Romane, avec qui je partage un certain goût pour les plantes et du Seigneur des Anneaux, m’a offert ce petit Lierre qu’elle a récupéré dans la forêt à coté de chez elle. Elle l’a appelé Legolas, évidemment.

Mon Guita-lélé
Parce que c’est un cadeau et qu’il n’y a rien de plus beau que d’offrir son instrument à quelqu’un. C’était à Reims, et il neigeait. J’ai promis à son propriétaire de lui jouer « Two Silver Tree » de Calexico.

Un 33 tours « Songs for Young Lovers » de Franck Sinatra.
(Attention, c’est triste)
Ce disque m’a été offert par mon ex amoureux.
Il devait être 20h00 et il me l’a offert en sortant des ballades sonores, où il l’avait trouvé. C’était touchant, car le titre ressemblait un peu à nous deux qui étions un jeune couple de 22 et 19 ans.
Puis, un coup de fil nous a brutalement sorti de notre bulle toute rose. Un coup de fil de ma copine Léa qui me demandait si ça allait, car j’habite rue de Charonne, et que nous étions le 13 novembre 2015.
La douche froide.
Ce disque est mon symbole de cette période, de l’innocence et la naïveté dans laquelle nous vivions, et que j’essaie de toujours garder avec moi, malgré les épreuves. Je crois que c’est très précieux.

Carnets
Je passe mon temps à me balader avec des carnets. J’écris ma vie, celle des autres, des listes et des paroles de chansons. J’en ai pleins, je passe mon temps à en re-commencer. 
Leur désordre ne me dérangent pas. Ils suivent un peu mes humeurs, mes fuites et mes aventures.

Vahinée qui danse.
Elle est mon indicatrice de beau temps, puisqu’elle danse au soleil.
Je l’adore. Je l’ai trouvée à Barcelone, dans un aéroport.
Et elle danse bien mieux que moi.

Les Rideaux en coton
Ma caverne. Du tissu qui m’a couté un bras au marché Saint-Pierre, et qui forme un baldaquin autour de mon lit. C’est une protection imaginaire monumentale.

Just Kids, dédicacé par Patti Smith
Pour mon adolescence, pour mes premières émotions à écouter quelqu’un chanter sur une scène. 
J’avais 15 ou 16 ans quand « Just Kids », le livre de mon idole est sorti. A l’époque, j’étais la baby sitter de Adam, qui ne devait pas avoir plus de 1 an. On peut dire qu’une certaine amitié s’était formée entre lui et moi, alors je l’emmenais partout. Ce jour là, je l’ai emmené à l’« Arbre à Lettre » ou Patti Smith faisait des dédicaces. Elle m’a regardée avec la même douceur que celle qui l’habite depuis toujours, et m’a dit qu’Adam était vraiment très mignon « he’s really cute » avec une voix très grave. Puis elle nous a dédicacé mon exemplaire, à lui et moi. Depuis, ce petit objet est la preuve que nos dieux font bel et bien partie de la réalité.

Ma Collection de porte-clé forcée par Florian.
Parce que c’est petit jeux un peu machiavélique et plein d’amour entre mon ami Florian et moi.
En retour, je le force à faire une collection de verres à shots.

Lonny
Mars 2018

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My essentials for Stereographics by Lonny
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Henri Rouillier

My essentials for Stereographics © Henri Rouillier

LES ESSENTIELS D’HENRI ROUILLER

“Ainsi les objets parlent pour les hommes. Ainsi l’être et le coeur rallient sous cape des berges immobiles. Il est vingt heures dix-sept et ma vie, c’est du temps passé à raconter des histoires qui ne sont pas les miennes. Aussi, cette photo convoque une forme de vulnérabilité à laquelle je ne m’attendais pas.

Cadenas et mitaines. Après novembre 2015, Audrey m’a dit qu’elle avait peur de prendre les transports en commun. J’ai mis cette idée loin de moi, j’ai dit que j’étais au-dessus de ça. L’année dernière, je me suis offert un vélo. Depuis le mois de décembre, si j’en crois mon compteur, j’ai roulé 996,8 kilomètres. J’ai pris seize fois le métro. Je le sais parce que je fais des bâtons sur un post-it. On est peu de choses.

« Y Revenir », de Dominique Ané. Tout est là : « La peur est mon pays. Peut-on l’écrire au titre du lieu de naissance sur la carte d’identité ? Ça me dédouanerait de mon incapacité à être courageux. J’envie ceux qui le sont. Mais la plupart le sont naturellement : leur courage n’est pas le fruit d’une lutte intérieure, il ne leur coûte rien. Je ne peux qu’avoir le cran d’accepter ma faiblesse, et d’en payer le prix, la peur, en espérant qu’elle suscite l’indulgence, et que les autres me laissent passer. »

Passeport. Il existe, il y a une issue.

Ordinateur. Ce matin, Louise m’a demandé ce que je ferais si je devais changer de métier. J’ai répondu que j’ouvrirais une salle de concert, que j’y mettrais des livres, de la bière et des gens sympathiques. Mais la vérité, c’est qu’en dehors d’écrire, je ne sais pas faire grand chose. Je ne veux pas faire autre chose.

Converse framboise. « Ce sont de bien belles chaussures, jeune homme », a dit l’homme à son ami, avec tout le dédain du monde. Il portait un costume ainsi que deux gros classeurs sur lesquels j’ai lu : « Gestion des comptes publics ». Nous étions dans l’ascenseur d’un bâtiment d’université et notre homme n’a pas pensé une seule seconde que je puisse enseigner ici. Ces Converse framboise, c’est ainsi que je débusque la bêtise sans faire aucun effort.

« Villa Triste », de Patrick Modiano. Il faut lire ce livre pour tout ce qu’il dit de l’admiration, des désillusions et du temps que l’on perd à ne pas s’aimer suffisamment.

Liseuse. Mon appartement regorge de bouquins qui s’entassent jusque sur la cheminée de ma chambre. Maintenant, je peux les mettre dans ma poche. C’est un secours de chaque instant.

Nintendo Switch. La toute première console que j’ai eue entre les mains, c’est une GameBoy rouge que mon frère et moi avons achetée à la Fnac d’Angers. Nous avons économisé pendant plusieurs mois pour parvenir à rassembler les 347 francs nous séparant d’elle. Dans le rayon, un rayon glacé m’a parcouru le dos quand je me suis rendu compte que nous n’avions pas prévu de budget pour acheter notre première cartouche. Depuis, je n’ai jamais cessé de jouer aux jeux vidéo. C’est un lien que j’ai avec mon frère Jean, certains de mes amis, mais aussi le moyen que j’ai trouvé pour interrompre le bruit du monde.

Clés. Je comprends depuis peu de temps le privilège que j’ai et l’importance qu’il y a à avoir des lieux à soi. Les murs m’incombent moins que les règles qui s’appliquent là où ils se font face. J’ai lu « Chez soi », de Mona Chollet. Depuis, j’ai laissé dans ma vie de l’espace pour la solitude.

Photos Polaroïd Mini. Islande, octobre 2014. Je vous souhaite d’être aimés par des gens comme Anne et Olivier.

J’ai laissé des espaces vides, pour les imprévus et ce qui reste à venir. Par ailleurs, sache que la musique est partout, qu’elle est tout ce que je suis. Mais je n’en ai pas parlé parce que sur une photo, on ne peut pas l’entendre.”

Henri Rouillier
Janvier 2018

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