Les Essentiels de Jean-Charles Dufeu
LES ESSENTIELS DE JEAN-CHARLES DUFEU
—
Au départ, il y a eu malentendu. J’ai par erreur cru me souvenir que la série s’appelait les Indispensables… avant de réaliser que ça n’avait rien à voir. Les Essentiels. Fichtre. Qu’est-ce qui est essentiel ? Est-ce que l’indispensable est essentiel ? Pas sûr. En relisant les consignes et en y réfléchissant un peu, puis beaucoup, j’ai fini par mettre de côté la discographie de Dylan, le beurre salé et autres choses indispensables de la vie, pour essayer de revenir à ce qui, au fin fond du fond, devait faire partie intégrante de moi, me définir de façon indiscutable. Tout simplement.
Pas facile comme boulot. Merci Pascal.
Mais j’ai finalement trouvé ça…
—
La page blanche
Aussi loin que remontent mes souvenirs, il y a eu une page blanche dans ma vie. Enfant, elle occupait un petit coin fuyant de mon imagination. Adolescent, elle s’est matérialisée devant moi, je l’ai même en partie recouverte. Depuis, elle ne m’a jamais quitté, comme une présence quotidienne, elle habite l’antichambre de ma conscience, et je serais tenté de dire qu’elle est ce qui m’est le plus essentiel.
La page blanche ce n’est pas le vide, ni le manque, ni l’absence. C’est le jaillissement à venir, le désir de quelque chose, le préliminaire de l’inspiration. C’est la projection de ce que la création pourrait faire de meilleur. C’est une émanation aléatoire, une goutte d’essence, de soi. C’est finalement ce que chacun veut y voir. C’est un substrat de vous-même ; un reflet fidèle de ce qui vous est essentiel.
La page blanche, c’est l’intention pure, c’est le fantasme de l’oeuvre parfaite, c’est la fulgurance d’un art qui n’a pas été corrompu par sa réalisation. C’est la cohabitation d’un passé et d’un futur, la passerelle entre soi et autrui. C’est la confrontation avec l’intime, le révélateur d’une âme, l’émanation d’un idéal enfoui. C’est “un discours aux asticots” aussi futile à la postérité qu’absolument essentiel.
C’est un dessin à concevoir.
Des mots à écrire.
Le début d’un roman.
La fin d’un poème.
Un bout de partition.
Du travail en devenir.
Essentiel donc.
Jean-Charles Dufeu
Juillet 2017
—
Plus d’informations sur Jean-Charles Dufeu
www.microcultures.fr
www.facebook.com/jeancharles.dufeu
My essentials for Stereographics by Jean-Charles Dufeu
© Jean-Charles Dufeu / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author
[…] « La première fois que j’ai rencontré David, c’était dans son salon. Il s’en dégageait une atmosphère de sérénité rationnelle, de confort efficace, un espace rassurant dans lequel on aurait volontiers posé son ordinateur le temps d’un après-midi, avec la certitude d’accomplir de grandes choses. Le premier album de Flotation Toy Warning coulait dans l’air et le café dans nos tasses. On a discuté et la confiance s’est très vite invitée à la table. C’est aussi là que nous nous sommes revus ensuite, au milieu d’une petite foule de gens venus assister à la prestation intimiste de John Cunningham. Transformé pour cette occasion, et pour toutes celles que David a su provoquer depuis, en salle de concert intimiste à la programmation sans faille, ce même salon est devenu un lieu de musique, lieu de rencontres, lieu un peu magique de grâce suspendue en plein cœur du tumulte urbain. Il n’y a pas de hasard par hasard, comme dirait Pascal Blua, c’est aussi dans ce salon que vivent ses essentiels présentés ici. Et si vous les voyez en vrai un jour, c’est que vous êtes en train de passer une soirée que vous n’êtes pas prêts d’oublier. » — Jean-Charles Dufeu […]