Jean-Charles Dufeu

My essentials for Stereographics © Jean-Charles Dufeu
Pour tout vous dire, quand Pascal m’a proposé de me livrer à ce petit exercice introductif concernant ce garçon que je connais tout de même depuis près de quinze ans, je me suis senti infiniment inspiré, prêt à en découdre comme jamais. Puis j’ai lu la contribution de Jean-Charles qu’il s’agissait d’introduire, et là, rideau, blocage total. Incroyable. Il me fallut de longs mois pour me reprendre. Au tapis, l’inspiration.
C’est qu’il m’avait bien eu, l’animal, avec son sens du contre-pied. Et si c’était une piste ? Car depuis que j’ai croisé sa route, au début des années 2000, je l’ai vu marier les contraires avec un talent certain, et une détermination sans borne. La nuit, défenseur acharné de disques folk trop confidentiels dans les colonnes du webzine POPnews que j’animais alors et dont il devint vite un pilier, le jour, découvrant de l’intérieur les rouages de l’industrie culturelle au sein d’une multinationale dont je tairai le nom. Ou pourquoi pas stagiaire en veste en jean chez un label indé nommé comme un film des frères Coen, et étudiant en école de commerce. Créant lui-même un label pour sortir en France le quatrième album de son maitre de stage à Boston (un drôle de stage, celui-là… mais bon, si la Direction des Études valide…).
Et si à la fin il faut choisir entre tous ces modèles, alors pourquoi ne pas plutôt inventer le sien : ce sera Microcultures, esprit startup et passion au coeur, sans esbroufe, fidèle à soi-même, pas Barton Fink pour un sous (voir plus bas), toujours un peu dans les marges. Et puisque ce sont elles qui tiennent la page… — Guillaume Sautereau

LES ESSENTIELS DE JEAN-CHARLES DUFEU

Au départ, il y a eu malentendu. J’ai par erreur cru me souvenir que la série s’appelait les Indispensables… avant de réaliser que ça n’avait rien à voir. Les Essentiels. Fichtre. Qu’est-ce qui est essentiel ? Est-ce que l’indispensable est essentiel ? Pas sûr. En relisant les consignes et en y réfléchissant un peu, puis beaucoup, j’ai fini par mettre de côté la discographie de Dylan, le beurre salé et autres choses indispensables de la vie, pour essayer de revenir à ce qui, au fin fond du fond, devait faire partie intégrante de moi, me définir de façon indiscutable. Tout simplement.
Pas facile comme boulot. Merci Pascal.
Mais j’ai finalement trouvé ça…

La page blanche

Aussi loin que remontent mes souvenirs, il y a eu une page blanche dans ma vie. Enfant, elle occupait un petit coin fuyant de mon imagination. Adolescent, elle s’est matérialisée devant moi, je l’ai même en partie recouverte. Depuis, elle ne m’a jamais quitté, comme une présence quotidienne, elle habite l’antichambre de ma conscience, et je serais tenté de dire qu’elle est ce qui m’est le plus essentiel.

La page blanche ce n’est pas le vide, ni le manque, ni l’absence. C’est le jaillissement à venir, le désir de quelque chose, le préliminaire de l’inspiration. C’est la projection de ce que la création pourrait faire de meilleur. C’est une émanation aléatoire, une goutte d’essence, de soi. C’est finalement ce que chacun veut y voir. C’est un substrat de vous-même ; un reflet fidèle de ce qui vous est essentiel.

La page blanche, c’est l’intention pure, c’est le fantasme de l’oeuvre parfaite, c’est la fulgurance d’un art qui n’a pas été corrompu par sa réalisation. C’est la cohabitation d’un passé et d’un futur, la passerelle entre soi et autrui. C’est la confrontation avec l’intime, le révélateur d’une âme, l’émanation d’un idéal enfoui. C’est “un discours aux asticots” aussi futile à la postérité qu’absolument essentiel.

C’est un dessin à concevoir.
Des mots à écrire.
Le début d’un roman.
La fin d’un poème.
Un bout de partition.
Du travail en devenir.
Essentiel donc.

Jean-Charles Dufeu
Juillet 2017

Plus d’informations sur Jean-Charles Dufeu
www.microcultures.fr
www.facebook.com/jeancharles.dufeu

My essentials for Stereographics by Jean-Charles Dufeu
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