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Joe Blaster


LES ESSENTIELS DE JOE BLASTER

Quand on me parle de l’essentiel, je pense d’abord à me promener nu dans la nature, les baloches au vent loin de la bêtise humaine qui me les brise mais je peux m’essayer à l’exercice d’introspection proposé par l’ami Pascal et que j’aurais finalement mit près d’un an à lui remettre…
(J’en suis bien désolé pour mon cher Pascal mais les semaines filent à une vitesse ! L’essentiel d’ailleurs ici, c’est Pascal car sans lui, pas d’essentiels).

Pascal, je l’ai connu grâce à mes camarades de Meaning of Tales, un groupe chouchouté au sein de Violette Records. Bien sûr, je trouvais déjà la personne extrêmement sympathique mais tout a basculé un soir d’hiver aux Vinzelles, un tiers lieu aux abords de Volvic. Pascal y donnait une petite interview en public, retraçant son parcours avant que nous investissions la scène avec MOT et ce soir là, Pascal a créé en moi sans le savoir un essentiel :  Parallel Lines, un morceau de Kings of Convenience.

Je me rappelle, l’interview suivait son cours, Pascal revenait sur sa jeunesse, ses artworks de disques, le label, ses diverses collaborations quand tout à coup, un instant s’est figé dans ma mémoire. J’entends pour la première fois Parallel lines. Immédiatement, quelques notes suffisent à faire résonner en moi tout ce que Pascal venait de raconter. J’ai ressenti avec lui le parcours sinueux et passionné de la vie d’artiste, quoiqu’il en dise c’est un artiste, et j’ai vu en Pascal une douceur sans faille, une âme pure qui a su précieusement conserver en lui cette idée du sensible que les enfants gardent en eux sans en avoir conscience et que les adultes bien souvent abandonnent à l’indifférence… et puis j’avoue, j’ai lâché une larme. Voilà le man m’a fait chialer, moi Joe Blaster, alors que je suis un rocker !

Si j’évoque ce souvenir, c’est justement parce que c’est ça mes essentiels. J’aurais pu faire une liste exhaustive, écrire sur mes premiers disques, ce live d’Oasis qui m’a valu une ‘tite torgnole (parce que l’argent confié par ma mère destiné à acheter des piles a finalement servit à acheter le live mythique de Wembley), j’aurais pu parler de mon enregistreur cassette Tascam 4 pistes, fleuron de la technologie niponne des années 90 et qui a vu se dérouler la bande magnétique de mes premier dessins sonores, de ma telecaster (la plus essentielle des guitares), de l’appareil photo de mon défunt papi ou encore de l’importance primordiale de la peinture, de la littérature et des arts mais on s’en fout ! On s’en fout, parce qu’on est anticapitaliste et le matérialisme, on aime pas, on fait du yoga ! Quelques instruments de musique, des livres, deux trois jolies lampes pour éclairer les ténèbres, un peu de vaisselle, la nourriture qui va dedans, une moto et quelques fringues suffisent pour toute une vie, et puis c’est bien pratique pour les déménagements !

Pour le reste, ce ne sont pas les objets qu’on aime mais les souvenirs qui y sont associés et qui leur donne leur essence, les rendant ainsi essentiels à l’esprit, cette notion vibratoire quasi surnaturelle impalpable que certains appellent « la valeur sentimentale ». L’essentiel peut s’agir d’une odeur, d’un paysage, d’une voix, d’une caresse ou tout autant de choses qui ne tiennent dans aucune boite. Et en parlant de boite, s’il y avait le feu chez moi et que je ne pouvais sauver qu’une seule chose des flammes, j’emporterai cette petite boite en bois posée sur l’accoudoir du fauteuil. Son contenu est trop intime pour être révélé, mais c’est ce qu’elle représente qui nous intéresse. Elle ne contient que peu de choses matérielles mais elle représente mes souvenirs.

Ce sont, j’en suis convaincu, nos souvenirs qui forgent ce que nous sommes. Ce que nous décidons consciemment ou non de garder en mémoire. C’est ce que nous partageons avec les autres qui nous défini. A travers les humains, les paysages, les expériences, les émotions, à travers les animaux aussi… Une légende familiale voudrait qu’à ma naissance, dans une fin d’été ensoleillée, un oiseau s’est posé sur le rebord d’une fenêtre et a chanté. Et j’te le donne en mille, il n’y a pas de son qui plonge mon corps et mon esprit dans un tel sentiment de bien être que celui du chant des oiseaux.

C’est ça l’essentiel, vivre des événements qui se transforment en souvenir, l’amour, les amis, la flânerie, le rire. La maladie, la violence, la souffrance, la mort qui nous ramène quand il le faut à la conscience du temps qui passe et qui rappelle que le pendule se balance et qu’on ferait mieux de se bouger le cul pour réaliser ses projets ! Voilà, du reste je suis convaincu que le sens de la vie c’est l’amour, ça paraît naze dit comme ça mais c’est la seule chose qui compte selon les Beatles et ces mecs se sont fait des couilles en or, mon jeune entrepreneur !

Ah, et n’oublions pas les derniers mots de l’aventurier Christopher McCandless qui à l’agonie, isolé seul au milieu d’une immensité arborée, prit le temps de noter ceci dans son carnet : « Le bonheur ne vaut la peine d’être vécu que s’il est partagé ». Alors vous comprendrez mieux pourquoi j’ai commencé ce texte avec le souvenir de ma rencontre spirituelle avec Pascal. C’est pour vous expliquer que c’est ça mes essentiels à moi, ce qui forme les plus beaux souvenirs : l’amitié.

Ami : du latin amicus, meme sens, dérivé de amare « aimer ».

Joe Blaster
Mai 2024


Plus d’informations à propos de Joe Blaster
instagram.com/joeblaster_strike
instagram.com/puissantblaster

Mes Essentiels pour Stereographics par Joe Blaster
© Joe Blaster / Tous droits réservés / Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Louis Teyssedou

My essentials for Stereographics © Louis Teyssedou

Il y a quelques années, il y aurait eu un paquet de Philip Morris au centre de cette photographie. Aujourd’hui, c’est un paquet de chewing-gums Freedent. Les Freedent sont mes cigarettes 2.0 !

Il y a aussi une bouteille de Saint-Emilion, en lieu et place d’une bouteille de Saint-Estèphe. Je n’aime pas la bière, encore moins le Pastis. J’ai donc choisi un entre-deux élégant.

Et un Polaroid 225. C’est un cadeau de mes amis pour mon anniversaire. L’un de mes meilleurs amis est un super photographe et il est fan de Polaroid. Je dois bien avouer que je n’avais jamais trop fait attention à ce type d’appareil avant…
Et puis, le jour où on t’offre ce genre de bestiole, tout bascule ! Tu fais vraiment de la photographie. Et tu foires aussi beaucoup de clichés…
C’est un appareil magique pour 99% des gens que tu rencontres… “Comment ça… la photographie sort de l’appareil directement ?”, “Mais en fait, il y a combien de pixels sur cet appareil ?”, etc

Après le Polaroid, l’argentique. Mon Canon AE1. J’ai également investi dans un laboratoire photographique.
La photographie argentique est tout mon contraire : il faut être patient, rigoureux et surtout savoir prendre son temps. Mais là encore, la magie opère. Et puis les portraits de gamins en N&B à l’argentique, c’est quand même quelque chose…

Mes Ray-Ban. Mon coté Philippe Manoeuvre sûrement. Il y a aussi un t-shirt Carhartt et une sacoche Barbour Steve McQueen. Je sais, c’est sobre et efficace, mais il faut savoir que je suis viscéralement attaché à ces deux objets. Allez savoir pourquoi… ?!

Deux vinyles : Oasis et les Pale Fountains.
Écouter et surtout aimer “Supersonic” à 14 ans, ça change une vie. Le refrain te fait te sentir invincible !
Puis, de Manchester, je prends le train pour Liverpool… Je viens tardivement à Mick Head. J’ai débuté par Shack et l’album que les frères Head ont sorti via le label de Noel Gallagher. Ça remonte à 2006 je crois ?
J’écoute Shack un peu, il y a les Coral aussi, les tournées anglaises d’Oasis avec ces deux groupes en première partie…
Et puis un jour, tu tombes, un peu par hasard, sur le premier album des Pale Fountains. Un disque que j’ai croisé des dizaines de fois et que je n’avais jamais trop écouté. La première “vraie” écoute sera évidemment la bonne…

Un livre : “Voyage au bout de la nuit”.
Comme dit un ami, l’un des seuls privilèges de parler français, c’est de pouvoir lire Céline en version originale ! Lire « Voyage au bout de la nuit », c’est comme écouter « Forever Changes » de Love ou le premier album du Velvet Underground, cela te donne la clef pour comprendre 50 ans de production littéraire. Quelle claque… Et puis, c’est sans doute le livre le plus drôle que j’ai jamais lu !


Louis Teyssedou
Janvier 2015

Plus d’informations sur Louis Teyssedou :
www.soul-kitchen.fr/author
www.flickr.com/photos/louisteyssedou

My essentials for Stereographics by Louis Teyssedou
© Louis Teyssedou / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author.

Matériel photographique pour la photographie “Essentiels” : Sony Nex 5N / Objectif Canon Fd 24 mm / 2.8