Philippe Lavergne

My essentials for Stereographics © Philippe Lavergne
Il est des gens avec lesquels on est lié d’amitié avant même de les avoir rencontrés. Dans les années 80, à quelque huit cents kilomètres de distance et une poignée d’années d’écart, Philippe Lavergne et moi vivions – différemment – les mêmes passions : le ballon rond, The Jam puis The Style Council, le modernisme, la littérature anglo-saxonne (Colin McInnes, forcément), la pop indé (versant ligne claire, en particulier), un attachement viscéral à nos racines et sans doute d’autres choses que j’ai depuis oubliées. Aujourd’hui, subjectif jusqu’au bout de son médiator, toujours fidèle à ses principes et ses amis, les mêmes passions chevillées au cœur, ce Catalan expatrié par amour puis par défaut oublie un instant sa pudeur et lève le voile sur ces objets qui l’accompagnent au quotidien. Fouet et guitare, odeurs et saveurs, photos jaunies et ordi dernier cri, livres, disques, chansons et carton(s) sont quelques-uns des ingrédients essentiels d’une vie qui a pris plus d’une fois l’allure d’une éPOPée. — Christophe Basterra

LES ESSENTIELS DE PHILIPPE LAVERGNE

Rickenbacker 330 Jetglo : ma première “vraie” guitare. Un rêve depuis que je passais des heures à dévorer du regard les pochettes des Jam et des Chords.
A mes côtés depuis 1985 mais je la redécouvre en quelque sorte aujourd’hui, comme une ancienne fiancée perdue de vue un long moment et que l’on rencontre à nouveau. Et, agréable surprise, elle est toujours aussi belle.

MacBookPro : sans ordinateur, pas de connexion avec la France, les amis, la famille, l’actualité. Ma fenêtre vers l’extérieur, ma vie américaine étant plutôt confinée. C’est aussi ma TV, mes archives, etc. Un outil devenu indispensable.

Fouet : outil de travail. Aucun rapport avec le métier que j’exerçais en France mais ma famille a toujours eu le goût pour les bonnes choses donc quand il fallu me lancer sur le marché du travail américain, cette solution s’est imposée d’elle-même. Bilan provisoire : la restauration est une profession de névrosés.

CDs : j’ai toujours besoin d’un support physique pour la musique que j’aime. Mais je ne fais pas partie des fêtichistes du vinyle, même si c’est un bel objet, surtout le 25 cm. L’instant où l’on insère l’objet dans le lecteur a toujours quelque chose de magique ou de sacré. J’ai laissé mes vinyles chez mon ami Jérôme Mestre et j’espère qu’il pourra leur donner une deuxième vie. Ici, une très petite sélection de mes groupes chéris : Orange Juice (indispensable intégrale) et The Jam (mes deux LPs favoris). Cette semaine, mes groupes préférés sont Light Fantastic et Ablebody, des Californiens.

Tableau : mon regretté père était peintre à ses heures (et graphiste de profession). Ma région natale, le Roussillon, était sa principale source d’inspiration. J’y pense souvent. Quand je m’y rendais en train, j’avais des frissons au moment de passer les Corbières, cette quasi frontière naturelle entre l’Aude et le Roussillon.

Echarpe du PSG : Paris la ville a toujours exercé une fascination pour le Perpignanais que j’étais. Mes parents s’y sont rencontrés et mariés, mais je n’y suis allé que quatre fois (dont une fois pour voir le premier concert français du Style Council au Palace) avant de m’y installer pour de bon, en 1989. J’ai mis du temps à aimer le foot, qui ne me l’a jamais rendu, et c’est le PSG que j’ai choisi après que feue ma mère nous ait acheté le maillot Le Coq Sportif/RTL chez Just Fontaine à Toulouse. Me rendre au Parc est l’une des choses qui me manquent de ma vie française (l’excitation en sortant du métro, les frissons en se rapprochant du stade). Mais aussi les barquettes au marron, les quenelles, le boudin blanc, le confit de canard, les pommes dauphine et les merguez.

Album photo : mes frères et moi le lendemain de Noël. Je dois avoir 7 ans sur celle-ci. Un signe que j’allais finir aux USA : je porte une panoplie de cow-boy. Ils ont été essentiels à l’acquisition de ma culture musicale. Sans eux, pas de disques importés d’Angleterre, pas de NME, pas de Bernard Lenoir. Je leur dois beaucoup. La famille a toujours été quelque chose d’important pour moi. Être loin d’eux et des amis est difficile à vivre. Nous ne sommes pas vraiment bavards mais la musique et le foot ont toujours été comme un langage entre nous.

Livres : depuis quelque temps je lis essentiellement des biographies de groupes, mais aussi des auteurs tels que Colin MacInnes, Alan Sillitoe, Arto Paasilinna, Tim O’Brien ou Nick Flynn. Je suis plutôt obsédé par les Smiths en ce moment. Cela devrait se ressentir dans mon projet d’album avec le fameux Jarvis Platini.

Carton : j’ai déménagé 22 fois dans mon existence, donc les cartons ont une importance majeure. Ma maison en est encore remplie, au cas où je doive encore bouger. J’aimerais me fixer quelque part mais il est important d’être réactif.

Philippe Lavergne
Octobre 2016

 


Plus d’informations sur Philippe Lavergne
www.facebook.com/philippe.lavergne
countryclub.bandcamp.com

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