Theo Hakola

My essentials for Stereographics © Theo Hakola
Les Essentiels de Theo Hakola ne surprendront pas ceux qui s’intéressent à ce singulier Américain d’origine finlandaise, qui écrit des romans presque toujours traversés par des guerres civiles et qui compose, entre autres, des chansons politiques d’amour et des chansons d’amour politiques, acérées de larsens de guitare aussi tranchants que son humour ou sa perspicacité. Il aurait pu continuer à mener des campagnes électorales mais a fini par leur préférer des tournées musicales et ne sera donc jamais congressman de Spokane, Washington. Néanmoins, étrangement, Theo Hakola ne partage pas ici l’un de ses essentiels, que ses auditeurs et lecteurs attentifs auront pu eux-mêmes constituer au fil de son œuvre : son bestiaire. Son amour pour différents animaux confine en effet à la passion lorsqu’il s’agit de chiens, de chevaux, de truites cutthroat et de loups. Il leur rend hommage, rêve de prendre leur place et les imite parfois. Puisqu’il n’a pas jugé bon de les inclure ici, écoutez ses disques et lisez ses livres ! —  Bénédicte Villain

LES ESSENTIELS DE THEO HAKOLA

Il s’agit d’une guitare – une Fender Jaguar – et trois affiches.

Je suis très attaché aux Fenders – Stratocaster, Telecaster, Mustang… all of them. C’est la chaleur tranchante et le corps dans le SON qui me touchent, qui me pénètrent. Cet attachement fenderien est sans doute pour quelque chose dans mon amour de Hendrix (vu à l’âge de 13 ans – mon premier concert de rock – à Spokane dans l’état de Washington) et du groupe new yorkais Television, deux amours aussi forts que jamais aujourd’hui. (Et sur cette guitare, il y a l’autocollant d’un bar du nord de l’Idaho – THE SNAKE PIT – qui a donné le titre V.O. de mon dernier roman, sorti en traduction française sous le titre “Idaho Babylone” chez Actes Sud en 2016).

Quant aux trois affiches… Je n’étais pas formé pour faire de la musique. J’étais plutôt éduqué pour faire de la politique, formé comme organisateur en 1972 par la campagne de George McGovern (contre Nixon), puis employé à plein temps par la U.S. Committee for a Democratic Spain à New York au milieu des années 70. Depuis le temps, et après tant de déplacements, j’ai perdu beaucoup de choses et même pas mal perdu l’attachement aux choses, mais je suis content d’avoir encore ces trois affiches.

Celle de gauche est une réédition des années 70, par les Industrial Workers of the World (IWW), d’une gravure sur bois de l’époque de la Première Guerre mondiale : “Appelés de tous les pays, unissez-vous ! Vous n’avez rien à perdre sauf vos généraux !” Mon grand-père, lorsqu’il était bucheron dans les années 20, était membre de ce syndicat.

La deuxième affiche – “Pyramid of Capitalist System”, également des IWW – est la reproduction d’une classique qui date de 1911. Et en haut, à gauche, on trouve une petite réclame pour le journal The Industrial Worker – “Foremost Exponenent of Revolutionary Industrial Unionism” – publié à Spokane, ma ville natale, et dont l’abonnement annuel était d’un dollar.

Et pour la troisième… Avant de me mettre à faire de la musique en 1980, ma vie tournait plutôt autour de l’Espagne. À Barcelone, pendant l’été de 1976, j’étais surpris de trouver une affiche citant “l’Internationale” – publiée, je crois, par le Partido del Trabajo – en vente au grand jour dans un kiosque sur las Ramblas. La transition démocratique post-franquiste avançait lentement, mais sûrement, et on n’avait bientôt plus besoin de moi. Par la suite, c’était grâce aux liens humains et politiques que j’avais avec ce pays, qu’on a invité mon premier groupe – Orchestre rouge – a jouer deux soirs au Rock-Ola à Madrid en pleine movida (1982).

Theo Hakola
Janvier 2018

Plus d’informations sur Theo Hakola
theohakola.com

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