Nick Halliwell

AU DÉBUT

Quels sont tes premiers souvenirs musicaux et/ou graphiques ? La première pochette dont tu te souviens et le premier morceau qui t’a vraiment touché ?
Nick Mes parents ne possédaient que deux LPs pop :  Help! et Rubber Soul. J’adorais ABBA – et je les adore encore. Les albums ABBA (celui avec SOS et Mamma Mia) et Arrival étaient probablement les premiers disques que j’ai achetés moi-même, sur cassette, en 1975/1976.
D’ailleurs, lorsque j’ai travaillé sur Once More From The Top (l’album de The Granite Shore – Ndr), je me suis rendu compte à quel point je suis influencé par ABBA, surtout par cette période-là et des morceaux tels que SOS, Knowing Me, Knowing You. Ce sont des chansons écrites en sections – KMKY en comporte une demi-douzaine dans les 90 premières secondes. Il est clair que ces disques-là m’ont touché lorsque j’avais 11-12 ans et je les écoute encore.

Y a t’il des événements où des personnes qui ont influencé ton parcours ?
Nick Forcément oui… Il y a des disques qui ont matériellement influencé ma vie. L’exemple le plus clair est The Revolutionary Spirit de The Wild Swans. Je l’ai acheté en 1982, il est sorti plus ou moins en même temps qu’un disque que j’avais fait. Je l’adorais. Il n’y a pas eu de suite jusqu’à la sortie de l’EP Peel Session en 1986. Des années plus tard, j’ai rencontré les auteurs et ils sont devenus de bons amis. J’ai commencé Occultation en 2008 parce que je voulais publier deux disques : English Electric Lightning de The Wild Swans et Tomorrow morning, 3 a.m. de The Granite Shore. Nous les avons enregistrés ensemble, avec les mêmes musiciens et j’ai joué de la guitare sèche sur la chanson The Coldest Winter For A Hundred Years de The Wild Swans.
Même scénario pour The Distractions. J’avais acheté leurs disques en 1978-80 et j’ai intégré le groupe en 2010. Ce groupe est une véritable famille. Occultation m’a donné l’opportunité de travailler avec pas mal de gens que j’admire énormément, comme les Wild Swans et les Distractions. Je suis très fier que la première personne qui m’a demandé de produire un album soit Martin Bramah. L’influence de The Fall (à leurs débuts, surtout en 1978) est énorme sur toute ma génération de musiciens. C’était un groupe vraiment indépendant, qui faisait les choses de leur propre manière.

Les 3 premières références du label Ocultation Recordings
Les 3 premières références du label Ocultation Recordings

Selon toi, les cultures visuelles et musicales actuelles sont-elles toujours un facteur d’identification pour les adolescents, comme ont pu l’être le mouvement punk ou la house par exemple ?
Nick Je ne connais pas beaucoup d’adolescents mais… non, il est clair que ce n’est plus la même chose, ce qui est normal, les choses ne sont jamais les mêmes. L’adolescence de la génération de nos parents n’avait rien à voir avec la nôtre. Pendant une période assez courte, même pas 50 ans, la musique qu’on aimait était identitaire. On ne parlait pas d’aimer la musique mod, hippie, punk, etc. on était mod, hippie ou punk. C’était tribal.

“Pendant une période assez courte, même pas 50 ans, la musique qu’on aimait était identitaire. On ne parlait pas d’aimer la musique mod, hippy, punk, etc. on était mod, hippie ou punk. C’était tribal”.

GRAPHISME ET MUSIQUE

Certains mouvements musicaux ont accordés une place essentielle à l’image et au graphisme. Es-tu sensible à cet aspect “visuel” de la musique ?
Nick Hmm… Y suis-je sensible ? Oui et non. En fait, je ne suis pas du tout une personne visuelle. Ma vue est assez mauvaise. Un ophtalmologiste m’a dit : “vous n’avez pas de vision tridimensionnelle…” et je me suis rendu compte que, en effet je vois le monde à plat, ce qui explique pas mal de choses… Le monde, pour moi, est une pochette d’album !
Je n’ai jamais appris à conduire, car je ne comprenais jamais comment les gens voyaient les choses qui arrivaient de côté, quand moi je ne les voyais pas. Mon sens premier est l’ouïe, pas la vue et je suis donc beaucoup plus sensible aux mots et aux sons. Par contre, même si je n’ai pas tendance à considérer les choses d’un point de vue visuel, c’est pour moi une composante essentielle. C’est-à-dire que pour moi cela fait partie d’un tout, je ne considère pas le visuel de manière isolée. L’art dépend du contexte. Il ne suffit pas d’une série de notes musicales, ni même de les jouer sur tels ou tels instruments. Pour apprécier cela d’un point de vue artistique, il nous faut un ensemble de repères et surtout un narratif.

“L’art dépend du contexte. Il ne suffit pas d’une série de notes musicales, ni même de les jouer sur tels ou tels instruments. Pour apprécier cela d’un point de vue artistique, il nous faut un ensemble de repères et surtout un narratif”


En tant que songwriter et musicien, quelle importance et quel rôle accordes-tu à une pochette ?

NickUn des problèmes avec la dématérialisation des arts en général est justement cette perte de certaines valeurs. Une fois, quelqu’un m’a écrit en disant “je viens d’acheter un de tes CDs, mais la pochette est très fine, j’ai peur qu’elle ne se casse. Pourquoi n’as tu pas mis cela dans une boîte en plastique comme tout le monde ?” J’ai répondu “Justement. Il faut le traiter avec du respect et prendre soin de l’objet”.
Il y a cette perte de contexte dont j’ai déjà parlé. Avec un disque vinyle, le public a plusieurs sources pour nourrir son imagination : il y a la musique, bien sûr, mais aussi des images à une échelle raisonnable, ce qui permet une certaine subtilité, on peut y ajouter des textes… Avec un CD, on peut le faire aussi, mais jusqu’à un certain point…
Une fois qu’on dématérialise les arts, on perd ce contexte… et certains arts en souffrent plus que d’autres. Le roman, peut-être, en souffre un peu moins, dans son format numérique, car il est possible d’y ajouter du contexte autrement. En fait, ce n’est pas étonnant que les séries TV deviennent plus compliquées – à la manière des romans du 19ème siècle – quand les autres arts sont de moins en moins complexes.
Nous ne luttons donc pas forcément contre la dématérialisation en soi, mais contre cette idée que le public ne tolère pas de choses complexes. Qu’il n’a envie que de choses simples, qu’il préfère la soi-disante “convivialité” du MP3, à la complexité et l’aspect physique d’un album vinyle.
Par contre, en terme logistiques, le “retour” du vinyle nous cause des grands problèmes de timing. En 2008, lorsque j’ai commencé le label, on pouvait terminer un disque au mois de janvier et 6 semaines plus tard on avait les disques dans les mains. Aujourd’hui, avec le vinyle, il nous faut presque 6 mois.

“Avec un vinyle, le public a plusieurs sources pour nourrir son imagination : il y a la musique, bien sûr, mais aussi des images à une échelle raisonnable, ce qui permet une certaine subtilité, on peut y ajouter des textes…”

ARTWORK

La pochette doit-elle être une véritable réflexion sur la mise en images de la musique où une démarche purement artistique ?
Nick La pochette d’un disque n’a qu’un seul devoir : être la pochette de ce disque et d’aucun autre. Comme je l’ai dis précédemment, nous ne dissocions pas les questions musicales, techniques, esthétiques, pratiques, cela fait partie d’une même démarche générale.
Cette démarche varie un peu d’un disque à autre ; il y a des disques où l’on cherche une image qui reflète assez littéralement le disque – par exemple, The End of the Pier de The Distractions. Cela a été le plus rapide de tous : Steve (Perrin) m’a dit le titre, sur le coup, j’ai trouvé une image de Blackpool Pier en lui disant “quelque chose un peu comme ça, non ?” et il a répondu “ça y est, on a la pochette”. Cinq minutes maximum.
Avec d’autres disques, c’est moins littéral. Pour Once More From The Top de The Granite Shore, j’avais une idée depuis des mois, mais au dernier moment, nous n’avons pas pu la réaliser. Alors, Jim (Donnelly) m’a envoyé des photos et dès que j’ai vu celle de l’arche avec la neige, je me suis dit “tiens, c’est cela…”. Cette image est un peu floue, mais quand même très exacte, et j’ai pensé qu’elle irait parfaitement avec la musique. Ce n’est pas littéral mais c’est exact.

“La pochette d’un disque n’a qu’un seul devoir : être la pochette de ce disque et d’aucun autre”.

Quelles sont tes attentes vis à vis de la personne (artiste, graphiste, photographe, etc..) avec laquelle tu collabores sur une pochette ?
Nick Dans la plupart des cas, les concepts pour nos pochettes sont des collaborations entre moi et l’artiste (en supposant que je ne sois pas l’artiste moi-même) plutôt qu’avec un graphiste.
Parfois, l’artiste a des idées bien concrètes sur ce qu’il souhaite. Dans ce cas, je ne fais pas grand-chose, je dis simplement : « OK, il y a certains éléments qui doivent aller sur tous nos disques, mais à part cela tu es libre… ». Ensuite, je trouve des moyens de réaliser cette vision, et de la faire coller avec la vision globale du label.
Notre approche n’est probablement pas classique : nous ne passons pas de commande à un graphiste. En fait, le travail du graphiste chez nous, est surtout de mettre en forme et de réaliser l’idée. Lorsqu’on travaille avec un peintre ou un photographe, on puise en règle générale dans son œuvre existante. On n’a pas vraiment le budget pour faire des choses sur-mesure.

ARTWORK OCCULTATION RECORDINGS
Occultation Recordings — LP Artworks

Certains labels indépendants, comme 4AD ou Factory Records, ont eu des signatures visuelles très fortes avec des graphistes “stars”. Un label doit-il avoir un univers visuel et graphique qui lui est propre ?
Nick Oui, à mon avis. Certains labels ont une identité propre, d’autres ne sont que le cumul de leurs disques/artistes. Ce sont surtout les labels indépendants qui ont une identité graphique.
Dès le début, cela faisait partie de ma stratégie pour Occultation. Si tu regardes les disques que nous avons sortis, chaque artiste a son univers visuel à lui, mais ils font tous partie de l’univers global du label. Des peintures de Ged (Quinn) figurent sur les disques de The Wild Swans. Beaucoup de nos autres pochettes utilisent des photographies de Jim (Donnelly). Les disques de The Distractions sont tous en noir et blanc. On essaie toujours de garder une cohérence pour chaque artiste.

HALL OF FAME

Selon toi, quels sont le ou les éléments (photographies, typographies, message…) qui font une bonne pochette?
Nick L’important c’est que ça “colle” avec le disque. Par exemple, tous les albums ne demandent pas une pochette double (gatefold sleeve). Nous en faisons même assez rarement, en fait. En général, chez Occultation, nous préférons une pochette simple, avec une pochette intérieure imprimée.
J’aime bien quand les disques d’un artiste ont quelque chose de familial… C’est assez rare, en fait, mais c’est quelque chose que nous essayons de faire. Lorsque nous commençons à travailler avec un artiste, je lui demande de choisir une typographie et de s’y tenir.

LE TOP 5 (DES PLUS BELLES POCHETTES)

Il m’est très difficile de dissocier la pochette, du disque, car cela forme un ensemble. En fait, il me serait plus facile de faire une liste d’albums que j’adore, mais qui ont des pochettes affreuses. Mais essayons, un peu au hasard…

Zior Zior (Nepentha, 1971).
L’album est un peu décevant, mais la pochette est géniale. J’adore le format vertical – je pourrais facilement ne choisir que cela. J’ai un original de ce disque introuvable. En fait, il s’agit d’un des rares cas, où j’adore une pochette qui ne colle pas vraiment au contenu.

Quatermass Quatermass (Harvest, 1970).
A mon avis, c’est la meilleure pochette réalisée par le collectif de graphistes Hipgnosis. Et, cette fois-ci, le disque est à la hauteur de la pochette.

Emmylou Harris Wrecking Ball (Grapevine, 1995)
Sans doute, mon album préféré. J’adore les pochettes en noir et blanc (ou, dans ce cas, presque en noir et blanc) et j’adore aussi le fait, qu’Emmylou s’était teint les cheveux en gris. C’est le seul de mes choix qui provient de l’époque CD et une des rares pochettes CD qui fonctionne bien selon moi. J’ai aussi la version vinyle de ce disque, qui est introuvable et la pochette est encore plus belle.

Shirley and Dolly Collins Love, Death and the Lady (Harvest, 1970)
Encore une pochette au format vertical… La typographie est parfaite, la photo des soeurs Collins est sobre, les détails décoratifs sont superbes…

Isaac Hayes Black Moses (Enterprise, 1971).
Il faisait attention à ses pochettes, M. Hayes… Il y a aussi l’album “live” avec les fenêtres… J’aime le titre de cet album, la forme en croix… et c’est encore une pochette au format vertical !

TOP5_OCCULTATION RECORDINGS_1


Nick Halliwell
Janvier 2016

Plus d’informations sur Nick Halliwell :
www.occultation.co.uk
www.facebook.com/OccultationRecordings
www.facebook.com/nhalliwell

Éric Auv

My essentials for Stereographics © Eric Auv

LES ESSENTIELS D’ÉRIC AUV

Si je pouvais résumer ma vie, ça tournerait autour de la photographie, de la musique, de la nourriture et des pandas.

La photographie
Débutons par là, j’ai commencé à m’intéresser et à faire un peu de photo quand j’ai découvert l’existence d’un labo photo argentique au sein de ma fac de Pharmacie à Paris 5. J’ai commencé à faire quelques photos de concerts, à les développer et les tirer moi-même ! Faute de temps et de place, je ne fais plus de tirage, mais j’aimerai en refaire un jour !
Ce que j’aime, c’est les vieilles mécaniques…j’aime les vieux appareils, les polaroids, les chambres, les toy-cameras ! Sur la photo, deux appareils que j’adore : le Polaroid SX-70, tellement beau et chouette appareil, et une Graflex Crown Graphic, dont je me sers pour faire du 4X5, pratique pour utiliser une chambre à main-levée grâce à son télémètre ! J’aime aussi mon Pentax 67, mon Polaroid 180, mon Yashica mat 124…
Je pourrai en parler longtemps, je dis souvent que photographe est l’un des plus beaux métiers au monde. J’aimerai aussi me lancer prochainement dans le tirage au collodion… J’admire Diane Arbus, Mary Ellen Mark, Elliot Erwitt, Steve McCurry, Vivian Meier, Gilles Caron, Martin Parr…. Je mets en ligne quelques photos analogiques sur mon site et des photos numériques sur mon Tumblr.

La musique
Beaucoup de choses à dire aussi, on va aller à l’essentiel. Guitariste à la base, mon ami et “frère” Sylvain B. m’a demandé de jouer de la batterie dans son projet ALGO. Je n’ai jamais pris de cours de batterie. J’ai plus ou moins “appris” en regardant Dave Grohl et John Bonham, puis plus tard Jim White et Neil Morgan. Je suis très fier de notre EP, the Misunderstanding. ALGO, c’est comme une 2ème famille pour moi, mais je ne sais pas si ils le savent, hahaha !!!
J’écoute énormément de musique, quelques vinyles pour résumer rapidement ! Nevermind de Nirvana, la base pour moi, Lift your skinny fists like antennas to heaven de Godspeed You! Black Emperor, disque qui m’a poussé à explorer beaucoup d’autres styles musicaux. Mon album préféré de 2015, Divers de la fée Joanna Newsom et enfin Fold Your Hands Child, You Walk Like a Peasant de Belle and Sebastian, impeccable disque de pop.
Ce dernier disque me permet de parler de mes origines sino-khmers. Je me suis “récemment” intéressé à la culture musicale de mon pays des années 70. Mélange de musique traditionnelle cambodgienne et de musique “occidentale” qui était captée à l’époque sur les ondes radio du Vietnam. Cela donne un mélange très authentique, mis en valeur dans cette très belle compilation Dengue Fever presents: Electric Cambodia, regroupant des artistes que mes parents écoutent encore: Sinn Sisamouth, Ros SereySothear, Pan Ron…. Et de ce fait, je me suis mis à lire tout ce que je pouvais sur cette tragique période des Khmers Rouges qui a décimée toute une génération. Je lis actuellement le livre de François Ponchaud Cambodge Année Zéro, missionaire français qui a été l’un des premiers à témoigner de l’horreur…

La nourriture
On me dis souvent que je suis chiant quand j’ai faim! C’est vrai ! J’adore manger (avec des baguettes) et faire à manger. Là encore, c’est très inspiré de l’Asie du Sud-Est et des saveurs de ma mère qui est une excellente cuisinière, la meilleure du monde même ! Je suis gourmand, et j’aime bien accompagner un repas avec du bon vin, avec une préférence pour les Bourgognes et les Vins du Languedoc-Roussillon. J’adore aussi la bière haha…

Pour le reste, le jean noir Cheap Monday et les Chelsea Boots constituent la base de mes tenues, j’ai au moins 5 jeans comme ça identiques (!!!) et rien de mieux que ces bottes, aussi vite mises que retirées! Et mon porte-carte, toujours dans la poche droite de mon jean.


Eric Auv
Janvier 2016

Plus d’informations sur Eric Auv :
www.facebook.com/wearealgo
lebonbonacidule.tumblr.com

My essentials for Stereographics by Eric Auv
© Eric Auv / All rights reserved / Reproduction prohibited without permission of the author

Orouni

My essentials for Stereographics © Orouni

LES ESSENTIELS D’OROUNI

Ma guitare classique est à l’origine de mon activité musicale : si ma mère ne me l’avait pas confiée, je n’aurais peut-être jamais composé de chansons. Aujourd’hui, je n’ai pas toujours besoin d’elle pour imaginer des mélodies, mais c’est vers elle que je reviens lorsqu’il s’agit de chercher des précisions mélodiques et harmoniques. Et comme l’instrument est peint (par ma famille et moi), il illustre bien l’interaction qui existe dans mon esprit entre musique et arts visuels.

Pour continuer à explorer le lien entre histoire personnelle et parcours musical, mon synthé (que mes parents m’ont offert lorsqu’ils se sont aperçus que j’étais diplômé du baccalauréat) me suit depuis assez longtemps. On peut l’entendre sur tous mes albums, pour l’instant. Si certains l’apprécient, d’autres méprisent un peu ce modèle, qui n’est pas du tout à la mode. Mais je m’en fiche. Il permet d’enregistrer assez rapidement des démos plutôt poussées, il est donc un excellent complément de mes guitares.

Le deuxième clavier essentiel pour moi est celui de mon ordinateur. En quelques années, de nombreuses actions qui auparavant consistaient à aller dans une salle de cinéma, louer un studio d’enregistrement, écouter de la musique sur une chaîne ou sortir papier à lettre et stylo à plume ont pu être remplacées par une seule : être devant un ordinateur (souvent avec un casque) pour regarder un film, enregistrer de la musique, en écouter et taper des emails. Je vais toujours au cinéma et en studio, mais aujourd’hui, une partie importante de mon activité liée à la musique s’effectue de manière informatique. L’avantage est qu’on gagne en autonomie, mais l’inconvénient est que les situations sont peu variées.
(J’en profite pour indiquer que la touche espace de ce clavier est cassée, et j’ai justement regardé des tutoriels pour la réparer (vive l’autonomie) mais je n’y suis pas parvenu, donc si quelqu’un dispose de cette compétence, qu’il/elle me contacte.)

Quand j’en ai assez de faire de la musique sur mon ordinateur, je sors en prenant mon appareil photo. Je n’ai aucune technique, je pratique en amateur et publie des sélections sur mon compte Flickr. J’aime beaucoup ça, et parfois, je me demande si je ne voyage pas uniquement pour prendre des photos. C’est le sujet de la chanson Kalimbalism. Je ne peux pas m’empêcher de m’approprier une partie de ce que je vois et que j’aime, afin que cela fasse aussi partie de moi et que je puisse éventuellement en faire quelque chose plus tard. Le vinyle de Grand Tour comporte d’ailleurs un livret de douze photos A4, et pendant les mois qui ont précédé la sortie de cet album, j’ai alimenté un blog de correspondances photographiques grâce à des images rapportées de mes voyages. Pour la petite histoire, après m’être fait voler un appareil photo en Afrique du Sud, lorsque j’ai voulu immédiatement en racheter un sur place, il ne restait en magasin que ce modèle rose métallisé (coloris que je n’aurais pas spontanément privilégié). L’agression qui m’a poussé à acquérir cet engin a inspiré les paroles de Firearms.

La compilation African Pearls – Congo 70 – Rumba Rock représente mon amour insatiable de la musique africaine, en particulier du pays sus-cité, Afrique du Sud, Éthiopie, Ghana, Guinée, Mali, Nigéria et Sénégal. Je l’apprécie d’abord en tant qu’auditeur, et ensuite, à l’instar de la photo, j’essaie de m’en inspirer dans ma propre production, de différentes façons.

Enfin, j’ai sélectionné Le Rouge et le Noir de Stendhal (mais cela aurait pu être Anna Karénine de Tolstoï ou Une maison de poupée d’Ibsen) car l’embêtant, quand on compose des chansons, c’est qu’il faut écrire des paroles. Lire permet donc de se frotter à tout cela, dans un premier temps par pur plaisir en tant que simple lecteur (et il faut bien occuper tous ces voyages en train), puis afin de déterminer si on peut en prendre de la graine. J’ai choisi Stendhal ici pour le syndrome auquel il a donné son nom (j’avais d’ailleurs appelé mon blog de récits de voyages ainsi) : certaines personnes commencent à défaillir lorsqu’elles sont exposées à une surcharge de beauté.


Orouni
Janvier 2016

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www.orouni.net
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My Favorite Things (A Découvrir Absolument)